Que répondre à ceux qui prétendent que le réchauffement climatique n'est pas dû aux activités humaines ? OnVousRépond Climat

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Article rédigé par Frédéric Vion
France Télévisions

Peut-être avez-vous déjà entendu ce discours : certains ne nient pas le réchauffement climatique, mais prétendent qu'il n'est pas dû à l'homme et qu'il s'agirait d'une variabilité naturelle du climat. Voici pourquoi ils ont tort, nous dit notre climatologue Valérie Masson-Delmotte.

Il y a plusieurs sortes de climatosceptiques. D'un côté, ceux qui prétendent, contre toute vraisemblance, que le réchauffement climatique n'existe pas. Alors qu'il suffit de regarder la hausse continue des thermomètres dans le monde entier depuis plusieurs décennies.

D'autres vont un peu moins loin : ils acceptent l'idée que la planète se réchauffe... mais affirment que l'on n'y peut rien, car il s'agirait de cycles naturels, sans lien avec les activités humaines. Ils s'appuient souvent sur ce qu'on appelle « l'optimum médiéval » : une période du Moyen-Âge où il aurait fait plutôt chaud. Puisque l'industrie n'avait pas encore, à cette époque, commencé à émettre du CO2, cela prouverait la véracité de leurs thèses.

L'optimum médiéval : un faux problème

Cette douceur médiévale est notamment décrite par l'historien Emmanuel Leroy-Ladurie. Mais d'une part, cet historien reconnaissait lui-même l'origine humaine du réchauffement actuel. Et d'autre part, les recherches les plus récentes montrent que ce réchauffement autour de l'an mil fut en réalité bien plus limité qu'on le pensait...

Qu'importe pour les climatosceptiques, qui ne veulent pas en démordre. Pourtant, pas moins de 97 % des scientifiques du monde sont d'accord sur l'origine humaine du réchauffement climatique actuel.

Nous sommes ici en plein dans la question des « sciences de l'attribution », explique la climatologue Valérie Masson-Delmotte. Il s'agit de la science « qui permet de comprendre les causes d'un phénomène complexe observé. Sur la hausse par exemple du CO2 dans l'atmosphère, on peut montrer par un ensemble d'éléments factuels que cette hausse ne s'explique que par les activités humaines ».

Charbon, gaz et pétrole

Depuis le XIXe siècle en effet, l'industrie et les transports brûlent d'énormes quantités de charbon, de gaz et de pétrole, ce qui émet du CO2 dans l'atmosphère. Or le CO2 a la propriété de retenir la chaleur. Et l'on sait par exemple qu'en 1850, il y avait environ 280 ppm (parties par million) de CO2 dans l'air... un chiffre passé à 420 ppm aujourd'hui, soit une augmentation de moitié !

« La méthode qui permet de définir le poids de facteurs naturels ou le rôle de l'activité humaine, » poursuit Valérie Masson-Delmotte, a été posée « par le chercheur allemand Klaus Hasselmann, prix Nobel de physique 2021 ». Et « les résultats sont très clairs : aucun facteur naturel n'explique l'accumulation de chaleur dans le système climatique depuis la période pré-industrielle ».

L'intégralité du réchauffement est attribuable aux conséquences des activités humaines.

Valérie Masson-Delmotte, climatologue, coprésidente du groupe 1 du sixième rapport du Giec

Selon les climatosceptiques, 97 % des chercheurs du monde entier se tromperaient donc, voire mentiraient volontairement ? Le problème de l'émission du CO2 dans l'atmosphère est pourtant simple à comprendre... mais peut-être que le nier permet tout simplement de se déculpabiliser.

Valérie Masson-Delmotte est plus claire : « nier » l'origine humaine du réchauffement, conclut-elle, c'est tout simplement « nier les faits scientifiques ».

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