Pourquoi, lorsqu'il y a des incendies de forêt sur le littoral, ne les éteint-on pas avec l'eau de la mer ? OnVousRépond Climat

Les statistiques sont formelles : les surfaces brûlées par les incendies de forêt augmentent d'année en année, comme le comptabilise l'EFFIS (European Forest Fire Information System, organisme dépendant de l'Union Européenne). 

En France, même si des départements de la moitié nord ne sont plus à l'abri, la région traditionnellement la plus touchée est le midi méditerranéen. Ces sinistres n'étant pas très éloignés de la grande bleue, pourquoi n'utilise-t-on pas l'eau de mer pour les éteindre ?

On peut utiliser l'eau de mer, et d'ailleurs on le fait !

Jean-Baptiste Filippi, Université de Corse

« On peut utiliser l'eau de mer, et d'ailleurs on le fait ! », confirme Jean-Baptiste Filippi, chercheur en physique des incendies au CNRS et à l'Université de Corse. « C'est ce qu'on fait avec les Canadair, qui écopent jusqu'à six mille litres d'eau par largage, ce qui est déjà une quantité énorme ».

« Néanmoins, » poursuit le chercheur, « si on voulait fabriquer tout un réseau de lutte contre l'incendie, » par exemple des tuyaux comme ceux qui alimentent les bornes à incendie que l'on voit sur les trottoirs des villes et des villages, « il faudrait fabriquer un réseau qui résiste à l'eau de mer ». Et c'est ça le problème...

L'eau de mer est très corrosive

« En effet, l'eau de mer est très corrosive » : il suffit de voir avec quelle rapidité le métal présent sur les bateaux ou les bâtiments du littoral est attaqué par la rouille et le sel. « Donc ça impliquerait des contraintes opérationnelles très importantes » : en clair, cela coûterait extrêmement cher, surtout s'il fallait installer ce réseau de distribution d'eau dans tous les massifs forestiers de France, sur des milliers de kilomètres de chemins et sentiers...

« Deuxième chose, l'eau de mer stérilise la végétation » : si vous arrosiez vos plantes vertes avec de l'eau salée, elles mourraient très rapidement. Certes, des plantes dites halophytes, c'est-à-dire adaptées au sel, peuvent supporter cette salinité, mais elles sont peu nombreuses, et il n'est pas question de reconstituer ainsi tout un massif forestier.

Donc au-delà des largages actuels par Canadair, un usage à plus grande échelle d'eau de mer ne serait pas souhaitable, car il faut penser à l'avenir des zones brûlées, où il s'agit de favoriser la repousse...

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