Les océans contribuent-ils à la lutte contre le réchauffement climatique ? OnVousRépond Climat

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Article rédigé par Frédéric Vion
France Télévisions

Les océans jouent un rôle de modérateur des saisons : les régions littorales restent ainsi plus fraîches que les autres en été, et plus douces en hiver. Ce phénomène de limitation des excès joue-t-il également avec le réchauffement climatique ?

Vous l'avez sans doute remarqué : en plein été, les températures restent raisonnables à Brest ou Cherbourg, tandis que les Strasbourgeois ou les Lyonnais sont accablés de chaleur. De même, chaque été les Madrilènes quittent le centre de l'Espagne pour bénéficier d'une météo généralement moins brûlante sur les côtes, de la Corogne à Valence ou Barcelone. Et à l'inverse, en hiver, la côte bretonne ignore les gelées, alors que les températures sont négatives à Mulhouse ou Nancy.

Les liquides modèrent les excès de température

En effet, la masse liquide des mers tempère les excès, de chaud comme de froid. Il s'agit d'un phénomène physique : les liquides ont davantage d'inertie que les solides, autrement dit il est plus long de réchauffer (ou de refroidir) une flaque d'eau plutôt que le sol qui se trouve autour. Les liquides changent aussi moins facilement de température que l'air : si vous mettez une casserole vide sur le feu, elle se réchauffe en quelques secondes, tandis que si elle est pleine d'eau il faudra plusieurs minutes.

Les océans ont absorbé plus de 90% de l'excès de chaleur dû à nos émissions de gaz à effet de serre.

Angélique Melet, océanographe

Et cet effet modérateur, valable sur le temps court de la météo du jour, l'est aussi sur le long terme, autrement dit sur le climat de la planète. « Les océans sont un véritable régulateur du climat », confirme Angélique Melet, océanographe.

Avec la lenteur due à leur inertie, ils avalent en effet la chaleur excessive de l'atmosphère : la mer étant en contact avec un air de plus en plus chaud, elle monte très progressivement en température, et elle absorbe ainsi une partie des calories de l'air, calories qui se trouvent donc retirées de l'atmosphère. Au total, « les océans ont absorbé plus de 90% de l'excès de chaleur de la planète lié à nos émissions de gaz à effet de serre », précise l'océanographe.

Une capacité d'absorption large, mais pas infinie

De plus, un deuxième phénomène s'ajoute à l'absorption directe de chaleur : les mers avalent aussi certains gaz présents dans l'air : les océans ont ainsi « absorbé 25% de nos émissions de CO2 ». Ce CO2 ne se trouvant plus dans l'atmosphère, il ne contribue plus à l'effet de serre.

Mais les capacités d'engloutissement des mers, bien que larges, ne sont pas infinies : les océans « se sont réchauffés », alerte la scientifique, et à cause du CO2 également « acidifiés ». Et depuis des années déjà, on voit les conséquences sur certaines espèces comme les coraux, qui blanchissent, autrement dit qui meurent...

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