Le réchauffement climatique a-t-il un impact sur les haies ? OnVousRépond Climat

C'est le paysage typique du bocage normand, qu'on retrouve aussi dans bien d'autres campagnes françaises : au milieu des prés et des champs, des haies d'arbustes, voire d'arbres plus grands, s'étirent sur parfois plusieurs centaines de mètres, et séparent ainsi les parcelles. Hélas, celles que vous pouvez encore observer aujourd'hui ne sont que des survivantes : les haies étaient autrefois bien plus nombreuses...

Arrachage et remembrement

Afin de réunir plusieurs propriétés en une seule, et aussi pour faciliter la manœuvre des engins agricoles lourds, elles ont souvent été supprimées à partir des années 1950 : c'est ce qu'on appelle le remembrement. Et le mouvement continue hélas : aujourd'hui, chaque année en France, 23 000 km de haies disparaissent encore, et seulement 3 000 km sont plantés.

Le premier péril pesant sur les haies est donc l'arrachage par l'homme. Malheureusement, le réchauffement climatique y participe aussi : « Évidemment que les végétaux des haies ne supportent pas toujours très bien le changement climatique », confirme Marc-André Selosse, microbiologiste au Muséum d'Histoire naturelle de Paris. « D'ailleurs, tout comme pour nos forêts, il va falloir penser à faire ce qu'on appelle de la migration assistée : aller chercher des espèces qui vivent actuellement dans le climat qu'on aura demain ».

Les haies nous permettent de nous adapter au changement climatique !

Marc-André Selosse, microbiologiste

Autrement dit, il faut que nous plantions dans le sud de la France des végétaux qui croissent actuellement en Espagne, et le nord de la France pourra, de son côté, accueillir des espèces méditerranéennes : et ceci est valable pour les haies comme pour l'ensemble des plantations.

Mais, ajoute Marc-André Selosse : « On peut aussi inverser l'idée et se demander si les haies n'ont pas elles aussi un effet sur le changement climatique. » Or c'est le cas : « au niveau du microclimat, elles empêchent des vents desséchants de souffler sur les cultures », et participent donc à la lutte contre la sécheresse. Les haies font aussi de l'ombre, bienvenue en été. De plus, « avec les racines profondes des arbres, elles fracturent la roche », et rendent les réserves d'eau du sous-sol plus facilement disponibles.

Cent tonnes de carbone au kilomètre

Enfin, une haie « stocke cent tonnes de carbone par kilomètre : c'est un puits de carbone, une petite forêt linéaire ». Si l'on ajoute à cela qu'elles luttent contre l'érosion, et qu'elles servent d'habitat à de nombreux oiseaux et petits mammifères, les haies ont donc toutes les vertus, et méritent amplement d'être conservées, ou même qu'on en plante de nouvelles. Et pas seulement à la campagne : certaines villes, comme Paris, commencent à s'intéresser au sujet...

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