Houle cyclonique : qu'est-ce que ce phénomène attendu sur la côte atlantique, avec des vagues de quatre à cinq mètres de hauteur ?
Ce phénomène, plus courant en hiver, est une conséquence de l'ouragan Erin qui a menacé la côte est des Etats-Unis. Il est aussi renforcé par de forts coefficients de marée.
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Toute la côte atlantique est concernée. Six départements ont été placés, mardi 26 août, en vigilance jaune "vagues-submersion" par Météo-France : les Côtes-d'Armor, le Finistère, la Charente-Maritime, la Gironde, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques. Le drapeau rouge est hissé sur les plages des régions concernées, malgré la fréquentation estivale en cette dernière semaine de vacances scolaires.
A Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), Biscarrosse (Landes), Lacanau (Gironde), la baignade et certaines activités nautiques sont interdites sur plusieurs plages, comme le rapporte ICI. Le littoral fait face à une houle cyclonique, un phénomène météorologique "atypique", selon les mots de Guillaume Le Rasle, porte-parole de la préfecture maritime de l'Atlantique, qui lance un "message de prudence".
Des vagues puissantes qui ont traversé l'océan
L'expression "houle cyclonique" désigne le mouvement des vagues particulièrement fort observé après les vents forts d'un cyclone. Le phénomène observé cette semaine en France trouve son origine dans l'ouragan Erin, qui a longé la côte est des Etats-Unis autour du 20 août et dont les vents ont pu souffler jusqu'à 165 km/h. Les ondes créées par le souffle de la tempête ont traversé l'océan et atteint aujourd'hui les plages françaises. "La houle correspond à des vagues qui ont été générées au loin et qui ont traversé de longues distances avant d'arriver sur les côtes", explique Météo-France.
"L'ex-ouragan Erin est devenu une dépression à nos latitudes, mais ce n'est pas un cyclone qui arrive sur nous", seulement la propagation de la houle créée par la tempête dans l'Atlantique, précise auprès de l'AFP Christelle Robert, prévisionniste de Météo-France. "Ce sont des choses tout à fait courantes en hiver, mais c'est moins courant pour cette période de l'année", note-t-elle.
Le phénomène actuel est en outre exacerbé par "de forts coefficients de marée", c'est-à-dire un niveau des eaux particulièrement haut sur le littoral à cette période, explique Météo-France. "Plus le coefficient est élevé, plus le train de vague peut se propager sans être filtré. Il n'y a pas d'atténuation [sur les côtes]", explique à France 3 Nouvelle-Acquitaine Yann Amice, météorologue et océanographe.
Cette combinaison de facteurs donnera donc cette houle cyclonique, avec des vagues qui pourront atteindre "quatre à cinq mètres de haut sur les rivages atlantiques et d'entrée de Manche", continue Météo-France. Le phénomène pourrait "créer des submersions locales, notamment au moment des pleines mers, soit le matin en Bretagne, le soir en Aquitaine", ajoute l'organisme. "La durée entre deux crêtes de vagues est ici estimée à une vingtaine de secondes, ce qui signifie que les vagues vont être puissantes", prévient Stéven Tual, météorologue indépendant, sur France 3 Pays de la Loire.
Un risque de "se faire surprendre par des grosses vagues"
Le littoral sera confronté à la "une forte houle, un vent modéré, avec probablement du beau temps", contrairement aux tempêtes habituelles, note Guillaume Le Rasle, porte-parole de la préfecture maritime de l'Atlantique. "Les pêcheurs sur les plages, au bord de la mer, là où il y a des rochers, peuvent se faire surprendre par des grosses vagues. Avec cette forte houle, les bateaux à l'entrée des ports risquent de se mettre en travers de la passe", anticipe Fabrice Mosneron Dupin, délégué départemental de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) en Vendée, sur France 3 Pays de la Loire. Dans le Morbihan, les sauveteurs en mer de la SNSM ont d'ailleurs fait état d'une "nuit chaotique" à Belle-Île-en-Mer, où trois voiliers "ont rompu leur mouillage suite à une forte houle" et ont été projetés sur les rochers vers 3 heures dans la nuit de lundi à mardi. "Aucun blessé n'est à déplorer (...) et les dégâts ne sont que matériels", a toutefois précisé la SNSM.
Un autre facteur peut aggraver le danger. "Nous sommes encore en période estivale donc cette combinaison de facteurs fait qu'il y a un risque que les usagers de la mer sous-estiment la situation", a déclaré à l'AFP Guillaume Le Rasle. "C'est la première fois que ce dispositif de vagues de submersion (...) est déployé en été, reconnaît de son côté, à l'AFP, Michel Laborde, adjoint au maire de Biarritz chargé du littoral. Et c'est donc la première fois qu'on est confrontés à autant de monde à gérer, d'autant que les curieux vont vouloir voir le phénomène."
Un phénomène qui peut amplifier les baïnes
Les vagues "vont emmener beaucoup d'eau, ce qui veut dire que les courants de baïne vont être très forts", ajoute Yann Amice, qui fait une mise en garde : "Ce ne sont pas des vagues comme d'habitude." Une alerte maximale aux baïnes, ces courants marins dangereux pour les baigneurs, a d'ailleurs été émise pour la journée de mardi sur tout le littoral du Sud-Ouest. Selon le CRS Pierre Lafeuille, chef du poste de sauvetage de Lacanau centre, "la meilleure chose à faire en arrivant au niveau de la plage, c'est de venir voir le poste de secours, se renseigner si la baignade est ouverte ou pas".
En fonction des jours, les risques seront plus ou moins élevés. En tout cas, plusieurs écoles de surf sur le littoral ont fermé leurs portes dès mardi et au moins jusqu'à vendredi. "Pour aller à l'eau, il faut connaître son niveau de surf, il ne faut pas être bon, il faut être excellent", insiste le chef du poste de sauvetage de Lacanau centre. La préfecture de Gironde appelle quant à elle à la plus grande vigilance. Le numéro d'appel d'urgence gratuit dédié au sauvetage en mer est le 196.
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