Pétition contre la loi Duplomb : "Nous écoutons les mouvements démocratiques", assure la porte-parole du gouvernement
"Je veux insister sur le fait qu'il y a beaucoup de non-dits dans cette loi, qui n'est pas uniquement la réintroduction d'un néonicotinoïde autorisé par les autorités sanitaires européennes", a affirmé Sophie Primas, invitée des "4V" lundi.
Le vote de la loi Duplomb par l'Assemblée nationale a du mal à passer chez les citoyens comme chez certains politiciens, notamment à gauche. Une pétition pour le retrait de la loi a récolté plus d'un million de signatures en quelques jours. Invitée de Jean-Baptiste Marteau dans les "4V" sur France 2, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, se veut rassurante, affirmant que "beaucoup de précautions sont prises" concernant la réintroduction du néonicotinoïde. La porte-parole du gouvernement a également défendu le budget Bayrou, et la menace de censure qui plane au-dessus du Premier ministre.
Ce texte correspond à la retranscription d'une partie de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.
France Télévisions : Est-ce que le gouvernement peut rester sourd au mouvement de contestation qui vise la loi Duplomb ?
Sophie Primas : Le gouvernement écoute bien sûr les mouvements démocratiques, comme celui qui s'exprime aujourd'hui. Donc, la présidente de l'Assemblée nationale va réunir, à la rentrée probablement, son bureau. Elle décidera quelle suite elle donnera à cette pétition qu'il faut écouter. Peut-être n'avons-nous pas assez expliqué, peut-être n'avons-nous pas assez rassuré. Peut-être n'avons-nous pas expliqué à quel point cette loi est une loi qui a pour objectif de remettre les agriculteurs français dans le même cadre d'exercice de leur profession que leurs collègues européens.
Est-ce qu'il ne faut pas aller plus loin qu'un simple débat à l'Assemblée nationale, et peut-être geler les décrets, suspendre la promulgation de cette loi ?
Ça, ça sera la prérogative du président de la République, puisque c'est bien entendu lui qui va promulguer cette loi. Pour l'instant, nous en sommes à l'étape du Conseil constitutionnel, puisque ce projet a été porté à connaissance du Conseil constitutionnel sur différents points. Puis nous verrons ce que fera le président de la République.
Mais je veux insister sur le fait qu'il y a beaucoup de non-dits dans cette loi, qui n'est pas uniquement la réintroduction d'un néonicotinoïde autorisé par les autorités sanitaires européennes jusqu'en 2033. Mais si nos agriculteurs français ne peuvent pas l'utiliser, ils subiront des éléments de concurrence déloyale vis-à-vis de nos partenaires européens. Je crois qu'il faut regarder tous les éléments. Il ne faut pas non plus affoler les populations. Il y a, autour de la réintroduction de ce produit, beaucoup de précautions qui sont prises, beaucoup de dérogations qui sont évoquées. Il faut regarder ce texte dans son ensemble et, si un débat vient clarifier tout cela, tant mieux.
Cette pétition est lancée par une étudiante de 23 ans. Qu'est-ce que vous auriez envie de lui dire ce matin ? Se trompe-t-elle ?
Non, je ne dis pas qu'elle se trompe. Je dis qu'il faut qu'elle regarde l'ensemble du texte d'abord, parce qu'il n'y a pas que cette réintroduction de néonicotinoïdes. Et je pense qu'il faut qu'elle prenne langue aussi avec le milieu scientifique qui, contrairement à ce qu'on pense, n'est pas uniquement contre. Il y a des voix scientifiques qui expliquent que ce n'est pas bien. Il y a des voix scientifiques qui valident les processus d'homologation, notamment au niveau européen, et qui ne font pas n'importe quoi avec la santé des Européens.
Parlons maintenant du budget maintenant. Les oppositions ne sont pas très enthousiastes devant vos propositions. Est-ce que vous pensez vraiment qu'il existe une microchance d'éviter la censure à l'automne ?
Jamais un budget n'a été présenté si tôt, notamment dans son architecture et ses grandes orientations. Et la raison pour laquelle le Premier ministre a présenté cette architecture de budget très tôt, c'est justement pour permettre le dialogue parlementaire, le dialogue entre tous les Français, entre toutes les autorités, entre toutes les organisations, pour essayer de trouver la voie de passage sur le budget.
Elle est où cette voie de passage ?
Nous sommes dans une situation très difficile budgétairement. Que ce soit notre gouvernement ou d'autres gouvernements, cette situation perdurera, notamment notre surendettement. Nous sommes le pays le plus endetté de l'Union européenne. Il est donc très important que nous reprenions la maîtrise de cette dette.
Concrètement, avec qui allez-vous négocier ? Le PS ? Le RN ?
Nous négocions avec tous les parlementaires qui veulent travailler et qui nous font des propositions qui vont dans le sens, premièrement, de la réduction des dépenses. Deuxièmement, qui veulent plus de travail pour générer plus de croissance. C'est ça qui nous importe aujourd'hui. Nous souhaitons apporter une forme de justice dans l'ensemble de ces dispositions.
Et vous pensez que le PS pourrait ne pas censurer et que vous pouvez négocier avec eux ?
Nous ne nous mettons pas dans cette optique de censure. Bien sûr, nous savons que c'est un budget courageux, qui prend des décisions courageuses. Mais c'est un budget qui n'est pas un budget d'austérité. Et donc, nous pensons que nous pouvons négocier avec tous les parlementaires, et nous écouterons tous les parlementaires. C'est pour ça que nous pensons que le fait de le présenter trois mois avant nous permet d'être critiqués, mais aussi d'obtenir des propositions.
Le gouvernement a également un petit peu énervé les syndicats en jetant cette idée de discuter d'une possible monétisation de la cinquième semaine de congés payés. Est-ce que c'est une éventualité qui est sur la table ?
Ça a été mis dans le débat par la ministre chargée du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet. C'est une idée de liberté. Personne ne sera obligé [d'y recourir] si les discussions vont au bout. L'idée, pour nous, c'est de mettre de l'essence et du carburant dans le moteur de la croissance. Pour les salariés volontaires, qui auraient envie de gagner plus, l'idée serait de monétiser cette cinquième semaine. On ne la fait pas disparaître. J'entends ici et là des frayeurs en disant : "On nous enlève notre cinquième semaine de congés payés." Ce n'est pas du tout ça. C'est une question de liberté, la liberté de travailler ou d'être mieux payé.
Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter