L'Anses demande aux industriels de "réduire drastiquement l'usage de l'octocrylène dans les produits cosmétiques" pour "protéger l'environnement"
L'Anses demande aux industriels de restreindre l’utilisation de cette molécule dans les produits cosmétiques. Elle est notamment utilisée comme filtre solaire.
/2023/07/07/64a7df4c5fe71_placeholder-36b69ec8.png)
/2025/10/02/creme-solaire-68de01a3039e0311115280.jpg)
L'Anses demande aux industriels de "réduire drastiquement l'usage de l'octocrylène dans les produits cosmétiques" pour "protéger l'environnement", dans un avis publié jeudi 2 octobre et que franceinfo et France Inter ont pu consulter en avant-première. L'octocrylène est une substance très utilisée dans les produits cosmétiques pour ses propriétés de filtre solaire en particulier. Il est aussi utilisé comme agent stabilisant dans les parfums, les crèmes de jour, le maquillage.
Mais après 13 ans d'expertise sur l'impact environnemental de cette substance, l'Agence nationale de sécurité sanitaire recommande donc que sa concentration maximale soit abaissée dans les produits cosmétiques. "Au cours de cette évaluation, on s'est rendu compte que la présence de l'octocrylène dans l'environnement était extrêmement répandu", relate Cécile Michel qui dirige l'unité chargée du dossier à l'Anses. "Et surtout, on a identifié que cette substance chimique induisait des effets toxiques sur un certain nombre d'organismes aquatiques, de la daphnie, une toute petite crevette, jusqu'à des gros poissons, voire des mammifères marins", détaille-t-elle.
Car l'octocrylène contenu dans les crèmes ou le maquillage se retrouve dans l'environnement via les eaux de baignade ou les douches ainsi que le rejet d'eaux usées. L'octocrylène contamine donc les lacs, les rivières et les mers côtières lors des baignades. Cette "contamination environnementale est à l'origine de risques pour la reproduction et la croissance des espèces aquatiques, des organismes vivants dans le sédiment et des organismes du sol", appuie l'Anses.
Des surcoûts "absorbés par les industriels" ?
Chaque année, plus de 1 500 tonnes d'octocrylène sont utilisées dans les produits cosmétiques en Europe. Le dossier de restriction élaboré par l'Anses au nom de la France a été déposé auprès de l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) dans le cadre du règlement Reach. Ce règlement du Parlement européen est entré en vigueur en 2007 "pour protéger la santé humaine et l'environnement des risques présentés par les substances chimiques", peut-on lire sur le site du ministère de la Transition écologique.
Si ce dossier est validé, une entrée en vigueur de cette proposition peut être envisagée fin 2026. L'adoption de la restriction proposée "conduira en pratique à la suppression de la mise sur le marché des produits cosmétiques contenant de l'octocrylène", précise l'avis de l'Anses. L'Agence a en particulier "estimé le coût du changement de formulations pour les fabricants de produits cosmétiques". Pour les produits solaires spécifiquement, elle a évalué "les surcoûts induits de fabrication de ces produits avec des substances alternatives. Ces surcoûts, évalués comme modérés, pourraient être absorbés par les industriels", estime l'Anses.
Utiliser d'autres substances augmenterait le prix de vente des crèmes solaires de 4 à 7%, une hausse limitée, note l'Anses, d'autant qu'elle a questionné les consommateurs de six pays européens, selon un échantillon représentatif de 7 200 consommateurs en partenariat avec Ipsos et la London School of Economics. Ces consommateurs disent être prêts à payer plus cher s'il y a un bénéfice pour l'environnement. Le coût pour les industriels est estimé entre 165 et 350 millions d'euros.
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter