Espaces verts, fontaines d'eau... Les solutions des villes sont-elles efficaces pour répondre aux canicules ?

Dans l'après-midi du samedi 16 août à Toulouse (Haute-Garonne), pour traverser la place du Capitole, seul un mince chemin semblait praticable. Le passage est ombragé par un ciel de rubans. Une fois réfugiés sous cette ombrière, les passants sont partagés. "Il fait beaucoup moins chaud qu'à côté, je trouve. Parce qu'il y a de l'air et on est à l'ombre, donc on ne cuit pas", se réjouit une passante. "C'est pratique, il ne faut pas les enlever", renchérit une autre. "C'est un peu ajouré quand même. Les rayons passent quand même. Enfin, j'ai aussi chaud qu'au soleil", rétorque une femme.

Ce système vise à apporter un peu de confort, car le sol emmagasine moins de chaleur. La mairie le réinstalle pour la troisième année consécutive. "Aujourd'hui, on en a déjà 22. Donc chaque année, on déploie de nouvelles ombrières, mais ce n'est pas la solution idéale, ce n'est pas la solution parfaite. Le meilleur allié, c'est l'arbre quand on peut le planter", explique Clément Riquet, conseiller municipal en charge des jardins et des espaces verts à Toulouse.

Verdir les espaces publics reste aujourd'hui la réponse la plus efficace aux températures écrasantes. À Rennes (Ille-et-Vilaine), 200 arbres ont été plantés sur une place il y a deux ans. Une micro-forêt et ici aussi quelques places à l'ombre que l'on se partage volontiers. Ces deux riveraines apprécient ce nouvel îlot de fraîcheur. "On sent tout de suite la différence, bien évidemment. On ne pourrait pas se poser comme ça en plein soleil. Pas nous, à notre âge en plus. Tandis que là, on peut", affirme l'une d'elles.

La végétalisation prend du temps

C'est la contrainte de la végétalisation : il faut être patient avant d'en ressentir les effets. Selon Bertrand Martin, directeur des jardins et de la biodiversité à Rennes, dans une dizaine d'années, presque l'intégralité de la place sera ombragée et fera même office d'espace climatisé. "Les arbres vont chercher de l'eau dans le sol et rafraîchissent l'air par les vapeurs de transpiration. Un chêne représente trois climatiseurs qui fonctionnent à temps plein", explique-t-il.

50 000 euros ont été dépensés pour réaménager l'espace. Exposé plein Sud et à l'abri du vent, il se transformait en fournaise lors des canicules. "Au niveau du sol, on est à peu près à 30-32 degrés. Si je me déplace d'un mètre cinquante en plein soleil, on dépasse les 50 degrés. Sur un mètre cinquante, on a 18 degrés d'écart. C'est autant d'énergie qui va être restituée pendant la nuit et qui va empêcher la ville de se rafraîchir", précise le spécialiste. Grâce aux arbres, la température ambiante peut elle aussi diminuer. À Rennes, il fait 20 degrés ce matin-là dans les rues, contre 18 dans le parc voisin.

Éclaircissement des toits, brumisateurs...

Pour refroidir les villes, d'autres solutions se développent, comme l'éclaircissement des toits ou des sols. Le blanc repousse la chaleur. Certaines métropoles peuvent aussi compter sur leurs fleuves, qui apportent de l'air frais. Mais comment faire lorsque l'eau n'est pas là naturellement ? Selon les urbanistes, une fontaine ou des brumisateurs n'apportent qu'un réconfort ponctuel. "Tout ce qui est brumisateur en ville a finalement une efficacité relative, même si c'est très important en cas de canicule, comme ce que nous vivons actuellement. Mais ce qu'il faut pousser en profondeur, c'est mixer les solutions pour ombrager, les solutions pour réfléchir le rayonnement solaire, les solutions pour végétaliser", détaille Vincent Callebaut, architecte-urbaniste spécialisé dans le rafraîchissement des villes.

En France, au moins cinq millions de personnes vivent dans des quartiers inadaptés aux fortes chaleurs.