Canicule : au travail ou à l'école, les pays européens s'adaptent peu à peu aux fortes chaleurs
Les vagues de chaleur précoces (et tardives) posent en effet de nouveaux défis dans ces pays particulièrement exposés aux canicules.
"Eviter les pièces les plus exposées, éviter les entrées d'air chaud, veiller à l'hydratation des élèves..." La ministre de l'Education nationale, Elisabeth Borne, a de nouveau transmis les consignes aux rectorats, dimanche 29 juin, en vue d'une dernière semaine de classe caniculaire. Sous l'effet du réchauffement climatique, les fortes chaleurs sont de plus en plus nombreuses et intenses, mais elles sont aussi de plus en plus précoces, frappant l'Europe avant les "grandes vacances" d'été.
"Notamment en cas de passage en vigilance rouge, les autorités préfectorales pourront décider, si nécessaire, de la fermeture temporaire de certains établissements scolaires afin de garantir la sécurité des élèves et des personnels", a ajouté le ministère dans un communiqué. Plusieurs maires ont annoncé que les écoles seront fermées jusqu'à mercredi dans leur commune.
Au moins 242 millions d'élèves (de la maternelle au lycée) ont vu leur scolarité perturbée par un ou plusieurs événements climatiques en 2024, selon un rapport de l'Unicef. Si c'est dans les pays du sud-ouest asiatique que les écoliers ont le plus souffert des fermetures d'établissements liées à la chaleur, le document cite toutefois la Grèce ou encore la Croatie parmi les territoires concernés.
Les vagues de chaleur précoces (et tardives) posent en effet de nouveaux défis dans ces pays particulièrement exposés aux canicules. En Grèce, à quelques jours des vacances scolaires, mi-juin, des municipalités n'ont eu d'autres choix cette année-là que de fermer des écoles, contraintes par des températures dépassant déjà les 40°C, rapportait le site du journal Kathimerini.
En Italie, la question de repousser la rentrée des classes au mois d'octobre agite régulièrement le débat public avec d'un côté, des syndicats de professeurs qui estiment que "les cycles d'enseignements doivent s'adapter au climat" et de l'autre, des parents d'élèves qui estiment que les trois mois de vacances en vigueur sont déjà trop longs, a résumé l'agence Ansa l'été dernier.
Au travail, des lois qui se calquent sur la météo
Le monde du travail doit aussi s'adapter. En Grèce, les autorités ont interdit vendredi les activités de plein air aux ouvriers du bâtiment et aux livreurs entre 9 heures et 14 heures, en pleine vague de chaleur. Les salariés qui le peuvent ont par ailleurs pu recourir au télétravail, explique Reuters. La pratique est courante dans les pays européens. Mais partout, le Code du travail évolue lentement, au fil des canicules.
En France, de nouvelles mesures concernant l'adaptation des entreprises à ces conditions de plus en plus fréquentes entrent en vigueur le 1er juillet. "Lorsque l’évaluation des risques identifie un risque d’atteinte à la santé et à la sécurité (...), l’employeur fait évoluer l’organisation du travail avec des mesures visant à adapter les horaires, suspendre les tâches pénibles aux heures les plus chaudes, mieux ajuster les périodes de repos", prévoit le décret. Les postes de travail devront aussi "être aménagés pour amortir les effets des rayonnements solaires et l’accumulation de chaleur" et l'employeur doit s'assurer que les salariés ont accès à de l'eau potable et bien sûr, fraîche.
En Espagne, un texte similaire a été introduit en mai 2023. Dès lors que l'agence météorologique nationale (Aemet) place un territoire en alerte "orange" ou "rouge", les entreprises sont ainsi tenues de prendre des mesures pour adapter les conditions de travail de leurs salariés, notamment lorsqu'ils travaillent à l'extérieur. Dans ce cas, les aménagements doivent prendre en compte la nature de la tâche, mais aussi "des caractéristiques personnelles ou l'état biologique connu du travailleur" (âge, maladie chronique, etc.), précise cette loi. Par ailleurs, en été, "de nombreux salariés concentrent leur activité le matin – de 7 heures à 14 heures ou de 8 heures à 15 heures – pour éviter les heures les plus chaudes", rappelle la correspondante du quotidien Le Monde dans le pays. "Cette organisation, non encadrée par la loi, repose sur des conventions collectives ou des accords d’entreprise."
Mais les lois n'empêchent pas tous les drames : le 21 juin, un homme de 58 est mort après avoir fait un malaise en installant une enseigne lumineuse dans la rue, à Cordoue, en Andalousie, où les températures avaient atteint 42°C, rapporte El Diario. Selon le site du quotidien, la mort de deux autres hommes – un ouvrier qui s'est effondré dans une usine qui n'était ni climatisée, ni ventilée, ainsi qu'un travailleur sans papiers employé dans une ferme – pourrait aussi être due aux fortes chaleurs.
Vous ou un de vos proches souffrez face à la chaleur ? Le numéro vert canicule "pour se protéger et protéger son entourage" est disponible au 0 800 06 66 66 (appel gratuit entre 9 heures et 19 heures). Ces conseils sont aussi disponibles sur le site du ministère.
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