Reportage "De la boue mêlée aux cendres" : à l'Estaque, à Marseille, les habitants constatent les dégâts au lendemain des intempéries

Le quartier, situé à l'extrémité nord de la cité phocéenne, déjà meurtri par un incendie en juillet dernier, s’est réveillé dans la boue.

Article rédigé par Mathilde Vinceneux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les habitants du quartier de l'Estaque, à Marseille, ont subi de nombreux dégâts et notamment une coulée de boue, à cause des intempéries du 21 septembre 2025. (FRANCK PENNANT / MAXPPP)
Les habitants du quartier de l'Estaque, à Marseille, ont subi de nombreux dégâts et notamment une coulée de boue, à cause des intempéries du 21 septembre 2025. (FRANCK PENNANT / MAXPPP)

Des rues inondées, des routes et des autoroutes coupées et des milliers de foyers privés d'électricité après les intempéries qui ont touché le sud-est de la France. Des pluies diluviennes, dimanche 21 septembre, ont provoqué des inondations, notamment à Toulon, à Avignon ou encore à Marseille. Lundi, les habitants constatent les dégâts, comme à l'Estaque, à l'extrémité nord de Marseille. Le quartier, déjà meurtri par un gros incendie en juillet dernier, s'est réveillé dans la boue.

Un torrent d'eau boueuse a ruisselé des collines et dévalé les rues de l'Estaque. Un torrent noir de cendres, parce que la végétation, carbonisée en juillet, n'a rien pu empêcher. "Les dégâts partout, les maisons inondées, de la boue mêlée aux cendres, décrit Annie, une habitante. Suite aux incendies de cet été, il y a plus de végétation qui retient donc c'est affreux. Moi, ça va mais hier soir, c'était l'apocalypse. Et l'eau, la boue et les cendres…"

"Et là, ce qu'on craint énormément, ce sont les chutes de pierres puisqu'on est en falaise."

Nicole, habitante de l'Estaque

à franceinfo

De la boue noire de cendre, il y en a partout dans le jardin de Nicole. Elle habite un vallon où plusieurs maisons ont brûlé en juillet. Et elle redoutait ces ruissellements à l'automne : "Ça a coulé en cascade sur la falaise du haut. Toutes les cendres sont venues sur le devant de la maison et sont rentrées. C'est noir, noir, noir et ça a coulé. On avait un lac devant la maison. Depuis l'incendie du 8 juillet, il n'a pas plu ou très peu. On s'est dit que le jour où il va vraiment pleuvoir sous forme d'averses, effectivement, ça va ruisseler. Voilà, on n'en finit plus", se désole Nicole.

Rideaux baissés

Armés de pelles, les riverains nettoient, "c'est le courage et l'huile de coude pour tout déblayer", dit l'un d'eux. Certains tentent aussi de faire démarrer les voitures piégées dans la boue. Patrick et Catherine ont vu l'eau envahir leur garage et leur salon. "Ça a forcé la porte et tout était complètement submergé. Ça a duré un quart d'heure, expliquent-ils. Les voitures ont bougé, il y a 50 centimètres de boue partout." Sur le chemin du lycée, Titouan tente d'éviter de s'enfoncer. Mais des plaques de bitume se décrochent et la route s'est fissurée par endroits, "juste avant les deux dos-d'âne, elle s'est soulevée", précise-t-il.

Un peu plus bas dans le village, la pharmacie est plongée dans le noir. "Coupure d'électricité ce matin, quand on est arrivés à 8h30, raconte Faty. Donc on ne peut pas ouvrir le rideau, on ne peut pas allumer les ordinateurs, on ne peut rien faire. Dans le frigo, il y a les vaccins, toutes les piqûres, toutes les injections. Il est coupé, il est monté à 20 degrés, donc on ne peut pas garder tous les produits." Il va falloir jeter de la marchandise, confirme Nawel, la boulangère. Tous les commerces du quartier de l'Estaque ont le rideau baissé.

A l'Estaque, à Marseille, les habitants constatent les dégâts au lendemain des intempéries. Reportage de Mathilde Vinceneux

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