Corbières : des cendres à l’espoir, la vie reprend après le feu
Dans les Corbières (Aude), les flammes ont dévasté 17 000 hectares, détruisant vignes, forêts et faune. Entre désolation et lente renaissance, habitants et parc naturel tentent de préserver ce qui reste et de reconstruire un paysage où la vie, fragile mais tenace, reprend peu à peu ses droits.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.
Quand on parle des Corbières (Aude), on voit les vignes. Elles peignent les paysages depuis des générations. Et cet été, elles ont freiné les flammes tant qu'elles ont pu.
Olivier Verdale, vigneron au Château de Saint-Eutrope, aime se dire que ses pare-feu ont peut-être sauvé son village. Ça le console un peu :"On avait des paysages qui étaient magnifiques. Actuellement, on baisse les yeux pour ne pas voir ce paysage de désolation. C'est du noir, c'est le deuil. On dirait que le village est en deuil."
Les flammes ont consumé 1 700 hectares de raisin, un crève-cœur pour Emilie Verdale, vigneronne au Château de Saint-Eutrope :"Les feuilles se sont recroquevillées sur elles-mêmes. Je n'ai même pas eu à mettre un coup de sécateur tellement le raisin est venu tout seul. Il s'est complètement desséché."
Il n'y aura pas de vendange cette année, et il faudra arracher de façon certain. Combien d'hectares ? Il faudra attendre de voir ce qui repartira au printemps. Vu d'en haut, ce n'est que du noir à perte de vue dans un périmètre de 90 km.
La nature touchée en profondeur
Bien sûr, le premier réflexe serait de tout tronçonner, tous les bras morts, effacer les traces du feu. Mais cela reviendrait trop cher et ne serait surtout pas souhaitable. L'urgence, c'est le lit des rivières, pour éviter l'inondation, car un arbre mort est un arbre fragile.
Alaric Canal, bûcheron et membre du syndicat de la Berre et du Rieu, explique :"Le fait qu'il est quand même pas mal brûlé sur sa quasi-totalité. S'il y a de fortes pluies, il y a la possibilité qu'il vienne se mettre en travers et après obstruer l'écoulement de l'eau." Sur les sols décapés, le ruissellement des pluies gagnerait trop vite le village.
Sur 17 000 hectares parcourus, combien d'arbres et combien d'animaux sont morts ? Trois femmes travaillent pour le parc naturel des Corbières. Aujourd'hui, leur univers est dévasté dans les airs, sur les sols et sous la terre. La chaleur était telle que peu d'ossements ont été retrouvés : sangliers, blaireaux, chevreuils ou renards. Les oiseaux, insectes et reptiles, eux, ont littéralement fondu.
Une lente renaissance
On ne retrouvera peut-être jamais ici exactement la même végétation qu'avant. Le parc naturel aimerait réintroduire des vergers et des pâturages, avec des chèvres.
Clothilde Duhayon, directrice du parc naturel régional Corbières-Fenouillèdes, précise :"Le pastoralisme, c'est une bonne manière de réinstaller de l'agriculture, réinstaller de la vie sur le territoire, maintenir ce territoire ouvert le plus possible et puis assurer aussi, notamment autour des villages, une ceinture verte ou une zone protégée, un pare-feu."
Le feu était tellement étendu, le climat si sec, que la biodiversité mettra du temps à se reconstituer. Mais aujourd'hui, chaque papillon, chaque criquet est vu avec émerveillement, signe que la vie reprend tout doucement dans les Corbières.
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