Suspension de MaPrimeRénov' : "Tout s'organise pour sortir l'artisanat de ce marché et faire entrer des fraudeurs", dénonce le président de la Capeb
La Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment demande au gouvernement de mettre en place "un nouveau parcours de rénovation" pour "donner sa chance aux artisans et avoir un marché vertueux".
"Tout s'organise pour sortir l'artisanat de ce marché et faire entrer des fraudeurs. C'est inadmissible", dénonce jeudi 5 juin sur franceinfo Jean-Christophe Repon, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). Mercredi Valérie Létard, la ministre chargée du Logement, a confirmé dans un communiqué adressé à franceinfo, la sanctuarisation du budget dédié à MaPrimeRénov', le dispositif qui vise à soutenir les ménages français dans la rénovation énergétique de leur logement.
Valérie Létard confirme également "la fermeture temporaire cet été des dépôts des dossiers pour la rénovation globale individuelle et pour les travaux individuels d’isolation ou de changement de système de chauffage".
Jean-Christophe Repon se dit révolté par une telle décision. "Dans la même semaine, le ministre de l'Économie nous explique qu'il suspend MaPrimeRénov' pour des problématiques de fraudes et de budget consommé et il continue à dire qu'une partie des microentreprises continueront à ne pas collecter la TVA qui permettrait de redresser les finances publiques", dénonce-t-il. "Il y a deux poids deux mesures à chaque fois et l'artisanat vertueux qui essaie de travailler intelligemment en se qualifiant, en menant un combat sur la transition énergétique, lui est disqualifié pour des fraudeurs".
Il assure avoir déjà averti le gouvernement à ce sujet : "En voulant aider des rénovations d'ampleur globale, plus d'argent en une seule fois, vous allez mettre en avant des fraudeurs organisés", dit-il. "On voit bien qu'il y a un emballement du moteur dans les trois premiers mois qui fait que le gouvernement se retrouve confronté à beaucoup de fraudes."
14 000 TPE fermées en 2024
L'État dit avoir relevé 16 000 dossiers suspicieux depuis le début de l'année, soit 12% du total. Jean-Christophe Repon assure que le gouvernement n'écoute pas les artisans et "continue à vouloir prôner des choses qui ne sont pas viables". "Si vous mettez cinq ans à aider des particuliers à rénover leur habitation, les fraudeurs ne seront plus là. Mais si vous mettez directement beaucoup d'argent pour des rénovations d'ampleur, tout le monde s'organise pour venir capter cet argent facile", assure le président de la Capeb. "Vous avez des effets d'aubaine", constate-t-il qui a fait "gonfler la facture d'ampleur". "On eu cette accélération qui n'est pas la réalité du marché. Nous les artisans, nous sommes à -1,5% d'activité sur ce secteur de la transition énergétique. Cela veut dire que ce marché profite à d'autres". Il demande à l'État de mettre en place "un nouveau parcours de rénovation" pour "donner sa chance aux artisans et avoir un marché vertueux."
"Depuis le début de l'année, on s'attendait à un regain d'activité sur ce secteur-là qui n'est pas négligeable, à peu près à 15 milliards d'euros sur l'année, et on va avoir encore un recul", déplore Jean-Christophe Repon. "L'année dernière, l'artisanat du bâtiment, les TPE, ont détruit 28 000 emplois et ont perdu 14 000 entreprises. On risque d'accélérer encore ce processus. Il y a de l'exaspération sur l'ensemble du territoire". La Capeb assure s'organiser pour définir "un mouvement" afin de "réagir fortement et dire notre mécontentement". "Notre but, c'est d'avoir de l'activité", conclut-il.
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