: Reportage Au cœur de la centrale hydroélectrique de la Mer de Glace, rattrapée par le réchauffement climatique
EDF a engagé une course contre la montre avec le réchauffement climatique qui contraint l'énergéticien français à trouver un nouveau point de captage pour sa centrale hydroélectrique située sous la Mer de Glace, à Chamonix (Haute-Savoie).
Construit en même temps que la centrale hydroélectrique, le téléphérique vert d'EDF survole Chamonix (Haute-Savoie), ses skieurs et ses chamois sur les pentes de la Mer de Glace. "Ce n'est pas banal de pouvoir aller au travail en téléphérique", concède Loïc Trehiou, responsable de la centrale. "Les accès se font exclusivement par ce moyen et, éventuellement, par hélicoptère quand c'est nécessaire." La centrale des Alpes, qui produit de l'électricité à partir de l'eau de la Mer de Glace, va pourtant devoir revoir sa copie. EDF, qui la gère, annonce qu'il va falloir modifier l'une de ses installations les plus spectaculaires, située sous l'immense glacier pour exploiter les torrents d'eau qu'il charrie en sous-sol. En effet, le réchauffement climatique accélère le recul du glacier, ce qui perturbe la production.
Loïc Trehiou allume la lampe frontale de son casque. "Pour travailler ici, il ne faut pas être claustrophobe, ne pas avoir le vertige et avoir une plutôt bonne condition physique pour la marche à pied", prévient-il, avant d'ouvrir la porte d’une galerie de deux kilomètres de long, creusée dans la montagne. Au bout de cette galerie, un escalier de fer si vertical qu’il coupe déjà le souffle. "Nous avons 314 marches à monter. On passe à 70 mètres d'altitude, ce qui fait l'équivalent d'un immeuble de 25 étages", détaille-t-il, avant de glisser : "Généralement, on se souvient de la montée."
La montée est effectivement intense. Après un petit temps de repos, on arrive au niveau des trois prises d’eaux qui résument à elles seules la course engagée entre l’exploitant de la centrale et la fonte du glacier. "Il y a dix ans, le glacier et la prise d'eau pour capturer l'eau en-dessous était beaucoup plus bas", se souvient Yves Giraud, le directeur du département hydroélectrique d’EDF, qui s'occupe de tous les barrages et ouvrages actionnés par l'eau.
"Compte tenu du réchauffement climatique, il a fallu creuser une nouvelle galerie d'environ un kilomètre pour aller chercher l'eau plus haut mais celui-ci nous a encore rattrapé. Il va de nouveau falloir aller chercher l'eau différemment."
Yves Giraudà franceinfo
Ces nouveaux travaux vont coûter 3 millions d’euros, à ajouter aux 25 millions qu’il avait fallu consacrer à la recherche de l’actuel point de captage de l’eau.
Ce point de captage, similaire à une cascade, débouche sur une salle souterraine. Des ouvriers y travaillent au renforcement des parois, sur des échafaudages de métal et de planches. Dans les éclats de feu des fers à souder, il faut faire vite : la salle n’est accessible que trois mois par an. Au centre, un bassin recueille l’eau du torrent glaciaire et le plafond de cette salle qui ne ressemble à rien de connu. "C'est la glace du glacier de la Mer de Glace", décrit Loïc Trehiou. "Cela veut dire qu'il y a plusieurs dizaines de mètres de glace au dessus de nous." Mais ce monstre à la peau de pointes de glace transparentes et de creux bleutés va continuer à disparaître à la vitesse de 40 à 50 mètres par an.
Dehors, dans un blanc de neige et de silence, Yves Giraud montre le vallon encaissé dans lequel débouche un tunnel recouvert de verglas. "Il y a 15 ans, là où nous sommes, il y avait 40 mètres de glace au dessus de nous. Vous voyez que ces 40 mètres ont disparu, explique-t-il. Le front du glacier s'est lui même reculé de plusieurs centaines de mètres. Nous avons sous nos yeux l'impact du changement climatique."
Si le réchauffement climatique se poursuit sur les mêmes rythmes, les générations futures ne verront plus de la Mer de Glace qu’un lac et un torrent de montagne. La centrale électrique sera peut-être toujours là mais elle captera l’eau au débouché du torrent, à l’air libre, comme de nombreuses autres. Les huit kilomètres de galeries creusées au cœur du massif du mont Blanc, ne raconteront alors plus qu’une vieille histoire.
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