: Reportage Refroidir l'eau, arrêt d'un réacteur... Comment EDF adapte le fonctionnement des centrales nucléaires pendant les périodes de canicule
Les fortes chaleurs ont des conséquences importantes sur le fonctionnement des centrales nucléaires. En effet, quand la température de l'eau des rivières augmente trop, EDF doit arrêter ou diminuer la puissance de ses réacteurs.
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Une vague de chaleur s'installe sur la France la semaine du 4 août, d'abord sur le sud avant de s’étendre vers le nord et l’est du pays en fin de semaine. Le pic de chaleur est attendu entre mercredi 6 août et samedi 9 août. Vendredi, le mercure doit atteindre 36 degrés à Toulouse et Bordeaux, et 35 à Lyon. Mais les vacanciers ne sont pas les seuls à scruter le thermomètre. C'est aussi le cas d'EDF, avec d'autant plus d'attention que ces vagues de chaleur ont des conséquences pour la production d’électricité, comme lors de l'épisode de canicule du début du mois de juillet.
En effet, les centrales nucléaires puisent dans les fleuves pour refroidir leurs réacteurs. Si l’eau est trop chaude, EDF doit baisser ou couper leur production d’électricité afin de ne pas réchauffer encore les rivières. "Ca n'est pas un problème de fonctionnement des réacteurs, ils peuvent fonctionner avec des températures élevées, explique Etienne Dutheil, directeur de la division production nucléaire d’EDF. Ces limites servent à protéger l'environnement, la faune et la flore."
Arrêter ou diminuer la production des réacteurs
Ainsi, pendant la canicule de fin juin 2025, un réacteur de la centrale de Golfech sur la Garonne a été arrêté une semaine et un autre a moins produit, au Bugey, sur le Rhône. Les équipes de cette centrale se tiennent prêtes à recommencer cette semaine. Mais pourquoi arrêter certains réacteurs et en baisser d'autres ? Cela dépend en fait du fonctionnement de la centrale.
"Dans une centrale en circuit ouvert comme Bugey, la totalité de l'eau est restituée, mais vous avez un réchauffement de quelques degrés, détaille Etienne Dutheil. L'impact thermique dépend de la puissance de la centrale donc on peut le limiter en diminuant la puissance. Golfech au contraire est équipée d'un aéroréfrigérant, ces grandes tours avec un panache de vapeur. Son impact thermique est indépendant de sa puissance donc on est amenés à arrêter totalement la production."
Pour autant, si une nouvelle canicule se produisait cette semaine, les conséquences pour le réseau électrique seraient limitées à l’échelle du parc nucléaire. "En ce moment par exemple, nous avons 41 réacteurs en production et nous exportons entre 9 et 13 gigawatts, rassure Etienne Dutheil. Ca veut dire qu'il y a une dizaine de réacteurs qui fonctionnent juste pour l'exportation, donc on est très loin de manquer d'électricité."
"S'il faut arrêter un ou deux réacteurs pour des raisons de canicule, ça n'aura pas de conséquence sur notre capacité à fournir le pays en électricité."
Etienne Dutheil, directeur de la division production nucléaire d’EDFfranceinfo
Les pertes sont faibles d’après EDF. Depuis le début de l’année, elles représentent 0,1% de la production annuelle du parc nucléaire et 0,3% par an, en moyenne, depuis les années 2000. C'est donc infime du point de vue de la production.
Pour autant, EDF se prépare à adapter ses centrales au changement climatique dont les effets sont déjà là, mesurables dans les rivières aux abords des centrales. "A Bugey, par exemple, durant la canicule de la fin du mois de juin, la température du Rhône en amont de la centrale était montée à 25 degrés. Ce sont des températures qu'on ne rencontrait pas il y a vingt ou trente ans dans nos cours d'eau", relève le directeur de la division production nucléaire d’EDF.
EDF cherche donc à limiter l’impact des centrales, grâce par exemple à des dispositifs pour refroidir l’eau avant de la rejeter dans les rivières. C’est le cas à Civaux, près de Poitiers. "Cette centrale n'a aucun impact thermique sur la Vienne. Donc l'installation d'un dispositif comme celui-là fait partie des pistes que nous regardons très sérieusement pour adapter nos centrales au changement climatique", assure Etienne Dutheil. Ces mesures d’adaptation doivent être mises en place dans les centrales progressivement dans les prochaines années, lors des visites réglementaires pour leurs cinquante ans.
Besoin de conseils face à la chaleur ? Le numéro vert Canicule info service "pour se protéger et protéger son entourage" est disponible au 0 800 06 66 66 (appel gratuit entre 9 heures et 19 heures). Ces conseils sont aussi disponibles sur le site du ministère.
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