Rapport sur les essais nucléaires en Polynésie : "Attention à ce que cette rancœur ne se transforme pas en colère", prévient le président de la commission d’enquête

"Si on a été exposé en Polynésie et qu'on souffre d'un cancer, on doit pouvoir percevoir l'indemnité", estime mardi sur franceinfo Didier Le Gac, député EPR du Finistère et président de la commission d'enquête sur la politique française d’expérimentation nucléaire en Polynésie française.

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Didier Le Gac, député EPR (Ensemble pour la République) du Finistère et président de la commission d’enquête relative à la politique française d’expérimentation nucléaire en Polynésie française, le 28 mai 2024 à l'Assemblée nationale. (MIGUEL MEDINA / AFP)
Didier Le Gac, député EPR (Ensemble pour la République) du Finistère et président de la commission d’enquête relative à la politique française d’expérimentation nucléaire en Polynésie française, le 28 mai 2024 à l'Assemblée nationale. (MIGUEL MEDINA / AFP)

"Le maître mot qui revient, c'est le mot défiance : défiance des Polynésiens à l'égard de l'État français, du centre d'expérimentation de Polynésie, à l'égard de la parole française", rapporte mardi 17 juin sur franceinfo Didier Le Gac, député EPR (Ensemble pour la République) du Finistère et président de la commission d’enquête relative à la politique française d’expérimentation nucléaire en Polynésie française, qui a présenté mardi son rapport à l’Assemblée nationale. La commission, qui a mené 48 auditions et deux déplacements (en Polynésie et au Commissariat à l’énergie atomique), met en avant la profonde méfiance de la population polynésienne à l’égard de l’État français. "Attention à ce que cette rancœur ne se transforme pas en colère", prévient le député.

Le rapport de plus de 400 pages rappelle l’ampleur de l’impact humain des essais nucléaires. "Il y a jusqu'à environ 150 000 personnes, à la fois des personnels civils et militaires qui ont travaillé en Polynésie française pendant 30 ans autour de ces essais nucléaires. Beaucoup de vétérans, des militaires sont revenus et ont contracté une maladie qui s'est parfois déclarée plusieurs années après". Mais il pointe également l’absence d’études sanitaires exhaustives.

"Il n'y a jamais eu d'étude épidémiologique de grande ampleur pour justement être capable de dire quelles sont les maladies dont souffrent les Polynésiens."

Didier Le Gac, député EPR du Finistère

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Seuls 40% des dossiers d'indemnisation aboutissent parce que le seuil de radiation auquel les victimes ont été exposées est trop restrictif. "La recommandation principale est de faciliter l'indemnisation, la rendre plus facile, plus simple et donc de supprimer le seuil d'un millisievert (msv) qui est l'unité qui permet de mesurer le taux de radioactivité dans le corps humain. Il faut le supprimer. Il faut faire un peu comme l'amiante", préconise-t-il. "Si on a été exposé en Polynésie et qu'on souffre d'un cancer, on doit pouvoir percevoir l'indemnité", insiste-t-il. 

Contribuer à la réconciliation

Didier Le Gac a également évoqué le contexte historique de l'époque : "C'est une autre époque. Il faut recontextualiser. Ce sont les années 1960. Le secret-défense est très très lourd dans notre pays bien évidemment, on est au début de la dissuasion nucléaire de l'arme nucléaire. La France est le quatrième pays au monde à se doter à l'époque de l'arme nucléaire". 
 
Le député exprime l’espoir que les travaux de la commission puissent contribuer à la réconciliation : "Si cette commission d'enquête peut servir à apporter un certain apaisement par ses éclairages, ses préconisations, nous n'aurons pas failli à notre mission". 

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