Chantier des EPR2 : le gendarme du nucléaire demande à EDF de se justifier sur la qualité du béton d'une future digue sur le site de Penly
Premiers travaux, et premier couac sur le chantier normand des EPR2, qui doit accueillir deux réacteurs nucléaires nouvelle génération. L'ASNR réclame des précisions à EDF, selon des informations de Mediapart et Reporterre.
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Un premier couac Alors que l'EPR de Flamanville est en cours de démarrage dans la Manche, avec douze ans de retard, le chantier des EPR2 connaîtra-t-il autant de déboires ? EDF, sous l'impulsion du président Emmanuel Macron, prévoit de construire six de ces réacteurs nucléaires nouvelle génération, version améliorée de l'EPR. Les travaux préparatoires ont commencé pour les deux premiers à Penly, près de Dieppe, en Seine-Maritime.
Et voici un premier grain de sable dans le projet, révélé par les médias en ligne Mediapart et Reporterre. Le gendarme du nucléaire, l'ASNR, demande à EDF de se justifier sur la qualité du béton d'une future digue sur le site normand. Une digue de 15 000 gros blocs en bétons, qui protégera la centrale, car Penly est niché au pied d'une falaise, en bord de Manche. Pour y construire les deux nouveaux réacteurs, EDF prévoit d'agrandir la plateforme existante sur la mer et d'ajouter cette digue.
Le groupe Eiffage a commencé à fabriquer le béton avec des granulats et sa composition retient l'attention de l'Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection, car un échantillon analysé contient moins de silex que prévu au départ. L'ASNR précise que c'est sans impact réel sur le béton en cours de fabrication, mais elle demande des précisions à EDF : comment l'électricien va-t-il gérer les variations de la teneur en silex ? Elle veut prévenir tout risque de dégradation à long terme. Les EPR2 sont prévus pour fournir de l'électricité pendant au moins soixante ans. EDF se veut rassurant. D'après ses contrôles, la qualité du matériau est conforme pour la construction de la digue.
Mise en service prévue vers 2035
Cela fait écho aux nombreux problèmes rencontrés sur le chantier de l'EPR de Flamanville. Ce dernier démarre très progressivement, après dix-sept ans de construction, dont douze de retard et d'innombrables problèmes. Il y avait eu des malfaçons sur le béton, mais à un stade bien plus avancé de la construction. Pour Penly, l'ASNR souligne que ces contrôles du béton montrent qu'EDF surveille "correctement" ses sous-traitants. Et EDF en est aux travaux préparatoires, le premier béton du premier des réacteurs doit être coulé dans deux ans, pour une mise en service vers 2035.
Enfin, si le planning est tenu. Et si la décision d'investissement, c'est-à-dire la décision de lancer vraiment le grand chantier, est prise. Car le plan de construction des EPR2, annoncé par Emmanuel Macron il y a trois ans, doit tirer toutes les leçons de Flamanville, y compris sur l'explosion des coûts.
L'État et EDF doivent trancher en 2026. D'ici là, il leur faut déterminer le mode de financement, c'est justement l'un des sujets au programme d'un Conseil de politique nucléaire, qui est convoqué par le président de la République lundi.
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