Trois Français sur dix prêts à déménager à cause des risques climatiques

Déménager, changer ses habitudes alimentaires, adapter sa consommation… Les Français réfléchissent à adapter leur mode de vie face aux changements climatiques.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
"Le monde de demain est un monde où la mer monte, où il fera plus chaud, plus sec, plus mouillé", selon Jean Viard. Photo d'illustration. (BERTRAND RIOTORD / MAXPPP)
"Le monde de demain est un monde où la mer monte, où il fera plus chaud, plus sec, plus mouillé", selon Jean Viard. Photo d'illustration. (BERTRAND RIOTORD / MAXPPP)

Trois Français sur dix se disent prêts à déménager à cause des risques climatiques dans leur commune, selon les résultats d'un sondage de l'institut Odoxa* réalisé pour ICI, qui paraît mercredi 24 septembre. Ce sondage est le premier volet d'une série de consultations thématiques lancées par Odoxa et ICI afin de mieux connaître les aspirations des Français à quelques mois des élections municipales.

Sur le constat d'abord, l'étude montre que les Français sont majoritairement convaincus de la réalité du dérèglement climatique et de ses conséquences sur notre vie quotidienne : neuf sondés sur dix disent que le changement climatique a des incidences sur leur quotidien.

Odoxa l'assure : l'écrasante majorité des Français n'est pas climatosceptique, "même si les réseaux sociaux offrent aux climatosceptiques une caisse de résonance importante pouvant laisser penser qu'ils pèsent dans la population nationale". Ainsi, 8% seulement des sondés pensent que le dérèglement climatique n'est pas lié aux activités humaines.

Il est trop tard pour agir pour 35% des sondés

Parmi les personnes interrogées, elles sont une infime partie (4%) à estimer que l'impact du changement climatique restera acceptable. En face, 35% des sondés pensent eux qu'il est déjà trop tard pour agir. Une part en hausse de cinq points en trois ans.

Odoxa estime que cette résignation "doit être prise au sérieux : elle fait peser un risque réel de démobilisation chez ceux qui estiment que le combat contre le dérèglement climatique est déjà perdu. Dans les années à venir, il faudra s'appuyer sur les 52% de Français qui pensent qu'il est encore possible d'éviter le pire", dit encore l'institut.

Selon l'enquête, plus d'un quart des Français déclarent qu'ils pourraient, dans les années à venir, déménager dans une commune moins exposée aux risques naturels. Cette part est plus élevée chez les habitants d'Ile-de-France, de Paca et d'Occitanie et d'Auvergne-Rhône-Alpes que chez ceux de Normandie et de Bretagne.

À l'échelle nationale, les moins de 35 ans "sont plus sensibilisés aux questions environnementales et plus mobiles géographiquement", rappelle Odoxa. C'est aussi cette part de la population qui est majoritairement prête à déménager pour cette raison. Ils sont 43% contre 11% pour les plus de 75 ans.

Les canicules et les inondations sont les préoccupations principales

ICI rappelle que selon le ministère de la Transition écologique, les deux tiers des 36 000 communes du pays sont exposées à au moins un risque naturel. La canicule est la première crainte des sondés, avec une moyenne nationale à 67%. L'inquiétude monte de dix points en Paca et en Occitanie, à mettre cet aléa climatique en première position de leurs préoccupations. Alors pour la contrer, les régions vers lesquelles les sondés pensent le plus déménager sont la Bretagne et la Normandie. Les températures y sont plus fraîches l'été et les canicules moins fréquentes.

Mais les inondations représentent le premier risque en France. Elles touchent un Français sur quatre et exposent un emploi sur trois. Selon le sondage d'Odoxa pour ICI, ces inondations inquiètent un Français sur deux. Les habitants des Hauts-de France et de Paca sont les plus soucieux de ce risque-là, avec 57% d'inquiets.

L'enquête d’ICI nous enseigne que les craintes des sondés varient fortement selon leur région. Ainsi, dans l'Ouest, plus de 60% des Bretons, des Normands et des Néo-Aquitains déclarent craindre les tempêtes et les orages. C'est un peu plus que la moyenne nationale à 57%. Dans le Sud et à l'Ouest, ce sont les incendies qui font peur aux habitants. Alors que la moyenne nationale est à 32%, elle monte à 65% pour les sondés en Paca, 54% en Occitanie et 40% en Nouvelle-Aquitaine.

Le sud du pays est davantage sensible aux risques de sécheresse et pénurie d'eau, avec plus de 70% des sondés en Occitanie et en Paca. Enfin l'érosion des côtes inquiète 36% des habitants de Normandie, 35% de Bretagne, 28% en Paca et 21% en Nouvelle-Aquitaine.

Une large majorité considère que leur mairie n'agit pas assez

Concernant la lutte contre le dérèglement climatique, l'enquête montre une certaine défiance vis-à-vis des autorités locales, puisque 77% des Français trouvent que leur maire n'en fait pas assez. Un sondé sur trois considère que leur élu manque de moyens. Pour 44% des personnes interrogées, ce n'est pas la priorité de leur maire. "Les mairies semblent ne pas être à la hauteur des attentes des Français", résume Odoxa. Pour les protéger contre le réchauffement climatique, les sondés ont plus confiance aux associations et aux autres citoyens. Seuls 37% ont espoir dans l'action des mairies. L'État arrive loin derrière avec seulement 15% des sondés qui comptent sur son action pour limiter la crise climatique.

Parmi les pistes envisagées afin de limiter l'impact du dérèglement climatique sur leur quotidien, les sondés évoquent le développement des espaces verts et la limitation des constructions et de la bétonisation. Ils sont 56% à vouloir une meilleure éducation des habitants aux bonnes pratiques écologiques. Dans les pistes citées viennent ensuite dans l'ordre : la rénovation énergétique des bâtiments, la baisse de la consommation énergétique de la commune ou encore l'encouragement aux mobilités durables.

Sur le plan individuel enfin, 68% des sondés affirment qu'ils sont prêts à consommer uniquement des fruits et légumes de saison et locaux, ou qu'ils le font déjà. La même part entend limiter sa consommation d'eau. Mais ils sont moins de la majorité des Français interrogés à être d'accord pour ne pas utiliser la climatisation dans leur logement ou à réduire le nombre de vidéos qu'ils regardent chaque jour sur internet. Ils sont tout de même 18% à envisager de changer leur voiture thermique pour une voiture électrique. Et 17% seraient prêts à renoncer à la viande et à devenir végétariens.


*Méthodologie : Les conclusions sont tirées d'une enquête en ligne prenant la forme d'un questionnaire disponible sur les sites d'ICI.fr entre le 1er et le 15 septembre 2025. 13 164 personnes ont répondu. Une pondération a été appliquée aux résultats afin que la structure de la population des personnes ayant participé à la consultation soit identique à celle de la population française en termes de sexe, âge, d’activité, de catégorie de commune et de région de résidence (les répondants pour la Corse ont été intégrés à l’ensemble Paca+Corse). Cette pondération permet d’assurer la représentativité nationale des opinions présentées dans ce rapport.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.