: Reportage L'interdiction de la climatisation portes ouvertes fait grincer certains commerçants parisiens : "C'est applicable dès aujourd'hui ?"
La nouvelle mesure, entrée en vigueur à Paris ce lundi, ne passe pas très bien auprès des commerçants. Certains s'inquiètent des conséquences que cela aura sur leur activité, d'autres n'étaient tout simplement pas au courant.
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"Ah donc c'est applicable dès aujourd'hui ?" Clotilde tombe des nues, dans son magasin de destockage du centre de Paris : les portes de son établissement sont grandes ouvertes, alors que la climatisation tourne. Pourtant, il est interdit dans la capitale de climatiser son établissement sans fermer les portes depuis le lundi 25 juillet.
Paris n’est d’ailleurs pas la première ville de France à obliger les commerces climatisés à fermer leurs portes : mi-juillet, Bourg-en-Bresse avait été pionnière en la matière, rejointe ensuite par Lyon et Besançon la semaine dernière. Et cette mesure inspire le gouvernement : cette règle sera très bientôt étendue à l'ensemble du territoire.
"Je suis une très mauvaise élève, poursuit Clotilde. En même temps, c'est lundi matin, je ne suis pas encore très bien réveillée..." En apprenant que des patrouilles de police pourraient théoriquement la verbaliser dès maintenant, sa décision est prise : "Je suis bonne citoyenne écolo, je vais fermer la porte."
Certains commerçants craignent de perdre leur clientèle
Dans la foulée, Clotilde prend son téléphone portable et passe le mot à plusieurs autres commerçants parisiens, passés eux aussi à côté de cette nouvelle règlementation. Ils sont en effet plusieurs, dans le quartier, à avoir gardé les portes ouvertes malgré leur climatisation.
"Pour nous, ça nous fait perdre de la clientèle", s'inquiète Lisa, vendeuse dans une boutique de prêt-à-porter féminin. "On a quand même un chiffre à faire à la journée, donc on doit rester toujours très accueillants ! Parfois, on se met devant la porte pour attirer les clients... Moi, quand je vois que la porte d'une boutique fermée, je n'entre pas, je me dis qu'il y a un problème, ça ne donne pas envie de passer la tête."
La climatisation est vu comme un argument qui attire le client dans la boutique, surtout en période de forte chaleur. Dans son magasin de vêtements, Bernard est du même avis : "Il ne manquait plus que ça, proteste-t-il. Au lieu d'avoir 300 personnes qui rentrent, je n'en aurais plus que 100 ! Qu'est-ce qu'on fait, on fait faillite, on coule ?" Face à lui, Assan et Marcelin, deux agents de police municipale envoyés par la mairie de Paris pour faire de la prévention auprès des commerçants qui tentent de le rassurer : "Comprenez bien : que votre porte soit ouverte ou fermée, rien n'empêchera vos clients de pousser cette porte pour rentrer", plaide Assan. Bernard ne décolère pas : "Vous plaisantez ? C'est une blague ou vous êtes sérieux ?"
"Le jour où vous serez commerçant, vous allez comprendre. Comme la maire de Paris n'a jamais été dans le commerce, elle ne peut pas comprendre. Fermer les portes, ça revient à fermer le magasin, je le vends et c'est fini !"
Bernard, commerçant parisienà franceinfo
Il l'assure : jamais il ne fermera sa porte, quitte à payer une amende de 150 euros, si elle venait à être mise en place.
"Une mesure de bon sens"
Cette crainte de faire fuir une partie de la clientèle, Nicolas Nordman, adjoint à la mairie de Paris la comprend bien. Mais il l'assure : dans le contexte actuel, entre les pénuries d'énergie liées à la guerre en Ukraine et et dérèglement climatique, il fallait agir : "Pour nous, c'est une mesure de bon sens."
Aller rafraîchir l'extérieur en période de canicule, c'est une gabegie énergétique et financière.
Nicolas Nordman, adjoint à la mairie de Paris
De son côté, Assan reste pragmatique : "Je le dis à tous les commerçants : libre à vous de vous soumettre à cet arrêté. Si vous vous y soumettez, tant mieux, vous faites du bien à l'écologie. Si vous ne vous y soumettez pas, on ira taper au portefeuille : plusieurs refus d'obtempérer feront augmenter le PV, et ça ira ainsi jusqu'à la fermeture administrative."
Pour le moment, la mairie de Paris ne verbalise pas les commerçants réfractaires, et les agents municipaux seront surtout envoyés faire de la pédagogie. Mais le bénéfice de fermer sa porte est grand, assure Nicolas Nordman : "On compte à peu près +20% du coût d'énergie lié à l'ouverture des portes et la climatisation qui fonctionne en même temps."
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