"On s'invite là où on n'est pas invitées" : Camille Etienne et cinq autres militantes écologistes traversent l'Atlantique en voilier pour rallier la COP30 de Belém

L'équipage a embarqué mercredi sur un voilier à Saint-Nazaire pour une quarantaine de jours de navigation en direction du Brésil.

Article rédigé par Camille Adaoust
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'équipage du "Women Wave project" est à bord du bateau "L'esprit d'équipe", près de Saint-Nazaire, le 7 octobre 2025. ((Guillaume Dubois))
L'équipage du "Women Wave project" est à bord du bateau "L'esprit d'équipe", près de Saint-Nazaire, le 7 octobre 2025. ((Guillaume Dubois))

Un équipage 100% féminin a pris la mer, mercredi 8 octobre à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), pour rejoindre la COP30 de Belém, au Brésil, dont le coup d'envoi est prévu le 10 novembre. Le projet, appelé "Women wave" ("la vague des femmes"), embarque six activistes françaises et belges – Camille Etienne, Adélaïde Charlier, Maïté Meeûs, Mariam Touré, Lucie Moraux et Coline Balfroid – et trois skippeuses, soucieuses d'éviter l'avion et son impact climatique.

Après des mois de préparation, le projet a failli tomber à l'eau : "Il y a vingt-quatre heures, on n'avait plus de bateau" à cause d'une avarie, rapportait Camille Etienne, jeudi 2 octobre, à la presse. Après des appels lancés sur les réseaux sociaux, c'est finalement "L'esprit d'équipe" qui transportera l'équipage, "premier bateau français à avoir remporté la [course autour du monde] Whitbread Round the World" en 1986, selon son site. Mais la traversée risque d'être plus rocambolesque que prévu pour les militantes. "Il n'y a pas de pilote automatique, ni de signal GPS par satellite", raconte Camille Etienne, qui se rend à une COP pour la première fois. Peu importe, soutient-elle, "on s'invite là où on n'est pas invités".

"Pas normal de se battre autant pour être présentes"

Toutes se disent alarmées par les reculs environnementaux et le climatoscepticisme qui s'exprime à l'international. Mais face à la forte présence des lobbys lors des sessions de négociations climatiques, elles comptent faire entendre leur voix à Belém. "Cette COP va accorder une place exceptionnelle à la société civile, aux peuples autochtones", saluait Adélaïde Charlier lors de la conférence de presse. "On est très déterminées à prendre le petit espace qu'il nous reste là-bas. Mais, ce n'est pas normal qu'on doive se battre autant pour être présentes", déplorait à ses côtés Mariam Touré, cofondatrice de l'ONG La Jeunesse populaire. Et la militante féministe Maïté Meeûs de compléter : "80% des déplacés climatiques sont des femmes, mais elles ne représentent que 35% des membres des délégations dans les COP", selon les chiffres des Nations unies.

La traversée doit durer une quarantaine de jours et faire escale dans les îles Canaries. Sur le bateau, l'équipage embarque des filtres à eau pour réaliser des prélèvements en ADN environnemental et documenter les espèces rencontrées, en partenariat avec l'université de Montpellier.

Une fois sur place, les militantes intégreront leur délégation nationale respective et auront donc accès aux couloirs de la COP30. "Les Européens ne peuvent pas arriver aux COP et faire les beaux alors qu'ils reviennent sur les politiques environnementales chez eux. On veut dire à nos dirigeants : 'Si vous êtes sérieux dans vos discours à la COP, appliquez-les à la maison", clame Adélaïde Charlier.


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