Climat : des départements peu touchés par les feux de forêt en France de plus en plus exposés, alerte un expert de l’Inrae

La saison des feux, traditionnellement concentrée sur "une trentaine de jours", pourrait s'étendre à "trois mois en fin de siècle".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un incendie dans une forêt près de la ville de Narbonne (Aude), le 8 juillet 2025. (IDRISS BIGOU-GILLES / AFP)
Un incendie dans une forêt près de la ville de Narbonne (Aude), le 8 juillet 2025. (IDRISS BIGOU-GILLES / AFP)

Avec le réchauffement climatique, "des départements qui connaissaient très peu de feu en verront de plus en plus", a averti jeudi 10 juillet, sur franceinfo François Pimont, ingénieur à l'unité de recherche Écologie des forêts méditerranéennes à l'Inrae.

Selon lui, "le scénario à plus quatre degrés qui est envisagé pour le territoire national en fin de siècle" placerait la France sur "une trajectoire qui nous conduirait à doubler, voire tripler les surfaces incendiées en 2100". Même à l'horizon 2050, "on s'attend à des hausses de 60 à 70%, ce qui est complètement considérable si on envisage les implications pour la sollicitation de la lutte", a-t-il précisé.

"Une grande expansion de la zone à risque sur l'ensemble du territoire national"

L'expert rappelle que "le réchauffement climatique est déjà à l'œuvre depuis deux décennies, avec une augmentation très forte du danger météorologique qui se traduit petit à petit par une augmentation des activités de feu", citant des saisons exceptionnelles comme celle de 2022 et "une grande expansion de la zone à risque sur l'ensemble du territoire national".

La saison des feux, traditionnellement concentrée sur "une trentaine de jours", pourrait s'étendre à "trois mois en fin de siècle". Si le sud et le sud-ouest resteront les plus exposés, "Il y a un effet de tache d'huile et de propagation sur les départements voisins qui va augmenter dans le temps", prévient François Pimont. Des départements comme l'Aveyron, la Lozère, le Tarn, l'Ain, la Haute-Loire ou la Haute-Garonne, aujourd'hui peu touchés, "devraient voir leur activité multipliée par trois". Même constat pour la Corrèze ou le Cher.

"La végétation va être plus sèche et donc les feux vont être aussi plus rapides"

Face à cette évolution, la stratégie actuelle, qui consiste à intervenir rapidement pour éteindre les feux avant qu'ils ne prennent de l'ampleur, sera mise à rude épreuve : "La végétation va être plus sèche et donc les feux vont être aussi plus rapides. On va assister à des départs de feux concomitants avec davantage d'événements qui vont impliquer plusieurs équipes en même temps".

L'ingénieur alerte enfin sur la capacité d'intervention : "Il y a effectivement un risque important que, dès lors qu'on passe d'un ou deux jours par an avec plus de sept feux la même journée à plutôt une dizaine de jours par an en fin de siècle, dans cette configuration, il est probable que dans le dimensionnement actuel, les moyens aient du mal à faire face à l'évolution".

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.