Cela a-t-il encore un sens de parler de normales de saison ? OnVousRépond Climat
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Avec le réchauffement climatique, les températures augmentent année après année dans le monde entier. Par conséquent, cela est-il encore pertinent que d'évoquer des « normales de saison » ? Notre climatologue Christophe Cassou vous répond.
Chaque année, avec le réchauffement climatique, les températures moyennes du monde entier suivent une tendance ascendante. Chaque année, les étés sont plus chauds. Chaque année, les corps sont mis à plus rude épreuve que par le passé. Par conséquent, puisque cette hausse est continue, cela a-t-il encore un sens de parler des normales saisonnières de température ?
« Les normales [...] sont calculées sur des périodes de trente ans. »
Christophe Cassou, climatologue
« Les normales de saison sont calculées sur des périodes de trente ans, » explique Christophe Cassou, climatologue directeur de recherche au CNRS et membre du GIEC. Mais attention, la référence trentenaire choisie n'est pas forcément la même selon les organismes de météo : certains décident de comparer les températures actuelles à la moyenne de la période 1971-2000, d'autres préfèrent se baser sur les années 1991 à 2020.
Évidemment, la moyenne de température pour une ville sur la première de ces périodes sera inférieure à celle de la seconde, puisque le réchauffement climatique est passé par là. Mais la différence n'est ''que'' d'environ un degré : significatif pour les scientifiques et pour les comparaisons dans le temps, mais peu sensible au jour le jour pour un corps humain... sauf en cas de canicule, où chaque degré compte.
Sur quelle ville et par rapport à quand ?
Une fois cette ère de base choisie, poursuit Christophe Cassou, « on prend l'ensemble des observations » qui nous intéressent, par exemple les températures d'une ville, « pour calculer une moyenne » sur ces trente années de référence.
On pourra ainsi en conclure que, par exemple, sur la ville de Lille un 26 août, la normale saisonnière de l'après-midi est de 22° en moyenne sur la période 1971-2000. Ou que, sur la France entière, la température du 15 août 2025 dépassa de 5,98° les normales de la période 1991-2020. Ces informations sont importantes : elles nous permettent de mesurer la vitesse du réchauffement, et le caractère anormal d'une température sur telle ville ou tel pays en un jour donné.
Un concept qui évolue
Mais à chaque fois, il faut bien avoir en tête que les normales tendent à devenir de moins en moins... normales ! « Le concept de normales de saison », rappelle Christophe Cassou, « a été introduit dans les années 1930 », une époque où l'on pensait « que le climat était stable ». Or on sait aujourd'hui qu'il n'en est rien. « La pertinence de ce concept » doit donc être questionnée, estime le climatologue.
Autrement dit : lorsque nous entendons que les températures d'une journée sont de tant au-dessus des normales, il faut avoir à l'esprit que dans dix, vingt ou cinquante ans, ces normales ne seront plus les mêmes...
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