: Cartes Vagues de chaleur à l'est, inondations à l'ouest... Le climat a divisé l'Europe en deux en 2024, dévoile le bilan de Copernicus
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L'année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée en Europe, rappelle l'observatoire dans son dernier bilan. Cependant, les variables climatiques ont touché le continent de diverses manières.
"L'Europe vient de vivre son année la plus chaude." Mardi 15 avril, le rapport sur l'état du climat européen en 2024 de l'observatoire Copernicus rappelle une nouvelle fois que le réchauffement climatique ne cesse de s'aggraver. "Depuis les années 1980, l'Europe se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale, ce qui en fait le continent qui se réchauffe le plus rapidement sur Terre", souligne le document, fruit du travail d'environ 100 scientifiques. Ce réchauffement accéléré a accentué la fréquence et l'intensité des événements extrêmes.
En 2024, l'Europe a été affectée d'une manière particulière. "Un contraste entre l'Europe de l'Est et de l'Ouest est l'élément clé de l'histoire du climat de 2024", a décrit Samantha Burgess, directrice adjointe du Copernicus Climate Change Service (C3S), lors d'une conférence de presse. Cette séparation en deux a pu être observée et mesurée en prenant en compte "la température, les précipitations, l'humidité du sol, le débit des rivières, l'ensoleillement, la couverture nuageuse".
Treize jours de vague de chaleur dans le sud-est de l'Europe
L'Est de l'Europe a connu des "températures supérieures à la moyenne ou des records de chaleur", visibles en rouge foncé sur la carte ci-dessous. Une large zone du Sud-Est du continent, allant de la Croatie à la Bulgarie, a même enregistré sa plus longue vague de chaleur : 13 jours consécutifs en juillet. A l'inverse, "les températures en Europe occidentale ont varié davantage, certains mois avec des conditions moyennes ou plus fraîches que la moyenne", note Copernicus.
Plus au nord, même constat. Dans l'est de l'Arctique européen, les températures ont été "nettement supérieures à la moyenne, atteignant souvent des niveaux record", décrit le rapport. L'archipel norvégien du Svalbard a subi son été le plus chaud. Cette chaleur a ainsi fait fondre les glaciers de façon inédite en Scandinavie. Dans l'ouest, Copernicus a en revanche observé des températures "proches ou inférieures à la moyenne", avec l'été le plus froid depuis 1992 pour Reykjavik, en Islande.
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Cette "frontière météorologique" entre l'est et l'ouest est aussi bien marquée quand on s'intéresse aux précipitations. Comme les Français l'ont ressenti, l'année 2024 a été particulièrement pluvieuse pour une partie du continent. "L'une des dix plus humides pour l'Europe occidentale depuis 1950", précise le rapport. Avec pour conséquence de nombreuses crues. "Le pourcentage du réseau fluvial qui a été inondé au cours de l'année est le cinquième plus important depuis trente-deux ans et le plus important depuis 2013", établit Copernicus, qui rappelle les inondations de la région de Valence, en Espagne, qui ont fait 232 morts en octobre.
Là encore, le tableau est bien différent dans l'est, qui a connu une année sèche. Les débits des cours d'eau y ont été "inférieurs à la moyenne pendant une grande partie de l'année, atteignant un niveau record en novembre". Dans le sud-est plus particulièrement, l'été a été le plus sec depuis douze ans.
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Copernicus s'attarde encore sur l'ensoleillement. Alors que l'ouest a été particulièrement sous les nuages, "l'Europe orientale a connu un nombre d'heures d'ensoleillement supérieur à la moyenne". Dans cette dernière région, la production d'énergie solaire a ainsi pu être plus importante qu'à l'ordinaire, note Copernicus.
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Comment expliquer ce contraste ? Par la circulation atmosphérique, avancent les experts. Au-dessus de l'Europe de l'Est, les "systèmes de haute pression", c'est-à-dire un "poids de l'air" plus important, ont été fréquents, explique Samantha Burgess. Le phénomène a entraîné "une diminution des nuages et des précipitations" et a attiré de ce côté-là du continent "l'air chaud et souvent sec en provenance de la Méditerranée ou de l'Afrique du Nord". L'ouest a été davantage "sous l'influence de systèmes de basse pression, souvent porteurs de tempêtes atlantiques", entraînant "des conditions humides, nuageuses et relativement fraîches".
Si une telle différence n'est pas inédite pour le continent européen, "les données des 20 dernières années montrent cependant qu'un contraste Est-Ouest tel que celui marqué en 2024 est relativement inhabituel", a noté Carlo Buontempo, directeur du service consacré au changement climatique de Copernicus. Les climatologues sont plus habitués à une séparation entre le nord et le sud du continent.
D'après les projections, le changement climatique devrait accentuer à l'avenir un contraste Nord-Sud en Europe, avec un assèchement accru dans le Sud et des conditions plus humides dans le Nord.
Carlo Buentempo, climatologue et directeur du C3Slors d'une conférence de presse
Des phénomènes extrêmes accentués, dont les conséquences se font sentir pour les Européens, qu'ils soient touchés par les crues ou les sécheresses. "Chaque fraction de degré est importante, en termes de risques pour nos économies, de perturbations pour notre société, de dommages pour nos écosystèmes et de menaces pour nos enfants et petits-enfants, a alerté Celeste Saulo, secrétaire générale de l'Organisation météorologique mondiale, lors de la conférence de presse. L'adaptation au climat n'est pas une option pour l'avenir, c'est une nécessité bien réelle. Aujourd'hui, pas demain."
Depuis le XIXe siècle, la température moyenne de la Terre s'est réchauffée de 1,1°C. Les scientifiques ont établi avec certitude que cette hausse est due aux activités humaines, consommatrices d'énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). Ce réchauffement, inédit par sa rapidité, menace l'avenir de nos sociétés et la biodiversité. Mais des solutions – énergies renouvelables, sobriété, diminution de la consommation de viande – existent. Découvrez nos réponses à vos questions sur la crise climatique.
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