Conseil européen sur le climat : le Réseau action climat dénonce "une vague de dérégulation environnementale" ces derniers mois
Plus de 2 000 scientifiques ont ainsi écrit lundi une lettre ouverte pour alerter sur le manque d'ambition de l'Europe pour lutter contre le dérèglement climatique et sur les reculs qui se multiplient ces derniers temps.
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Le Conseil européen se réunit jeudi 23 octobre à Bruxelles pour fixer des objectifs intermédiaires avant d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Le Réseau action climat appelle sur France Inter à "tenir bon" sur les objectifs climatiques, alors qu'il a constaté "une vague de dérégulation environnementale" ces derniers mois, à deux semaines et demie de la COP30 qui s'ouvrira au Brésil le 10 novembre.
"C'est un peu le Conseil européen de la dernière chance aujourd'hui parce que ça fait plusieurs mois que les 27 dirigeants européens patinent à se mettre d'accord sur ces objectifs climatiques qui sont essentiels pour tenir l'accord de Paris, pour tenir la neutralité climatique en 2050", déplore sur France Inter Caroline François-Marsal, responsable de politiques européennes au Réseau Action Climat.
"C'est complètement incohérent"
Le Pacte vert, le Green Deal, ne cesse d'être rogné, regrette-t-elle. "Depuis les élections européennes, on a une vague de dérégulation environnementale qui est entreprise par la Commission européenne et qui est demandée aussi par plusieurs pays. On l'a vu avec par exemple la directive sur le devoir de vigilance des entreprises qui était censée pousser les entreprises à réduire leurs impacts environnementaux, notamment dans leur chaîne de valeur et sur les droits humains", décrit Caroline François-Marsal.
"Là, ce qui risque de se passer pendant ce Conseil européen, c'est que le Green Deal va potentiellement devenir un objet de marchandage entre la Commission et les pays où, pour gagner leur soutien, notamment pour la cible Climat 2040, la Commission pourrait revenir sur certaines briques essentielles de ce Pacte vert", estime-t-elle.
L'Allemagne, par exemple, demande à lever l'interdiction de vente de voitures thermiques en 2035. "C'est complètement incohérent parce qu'on a besoin de toutes ces pièces du Green Deal pour atteindre nos objectifs climatiques. Et on ne peut pas penser déployer ces objectifs sans transformer les secteurs, en particulier le secteur automobile qui est le plus gros émetteur en Europe. Donc il faut absolument que les pays européens tiennent bon sur ces cibles. C'est des caps dont on a besoin pour que les secteurs se transforment", insiste Caroline François-Marsal.
"On a l'impression que le climat est un repoussoir pour la France"
La France aussi bloque sur certains points et "a refusé jusqu'à présent de donner son feu vert pour que l'Europe adopte ces deux cibles 2035 et 2040", les objectifs intermédiaires de réduction de gaz à effet de serre. "Elle a fait traîner les discussions en demandant notamment l'obtention de conditions de mise en œuvre qui ont été pour la plupart obtenues. Aujourd'hui, on attend vraiment un basculement de sa position pour entraîner les autres États bloquants à voter et avoir une majorité qui se dégage en faveur de ces objectifs", demande la responsable de politiques européennes au Réseau Action Climat.
Emmanuel Macron avait pourtant promis que son quinquennat serait écologique. "On a du mal à comprendre, regrette Caroline François-Marsal. On a l'impression que le climat et l'ambition climatique sont devenus un repoussoir pour la France ces derniers mois." À la différence du Danemark, de l'Espagne ou de la Suède, pays moteurs pour le climat en Europe.
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