Risques de tsunami dans le Pacifique : "Pour prédire ces séismes, il y a des barrières au niveau de l'échelle, en espace et en temps", explique Nobuaki Fuji, sismologue à l'IPGP

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min - vidéo : 8min
Article rédigé par franceinfo - Édité par l'agence 6Medias
France Télévisions

Invité de "La Matinale", jeudi 31 juillet, le sismologue Nobuaki Fuji revient sur les alertes au tsunami dans le Pacifique, à la suite du séisme de magnitude 8,8 au large de la Russie.

Le séisme au large de la Russie et la menace de tsunami ont ébranlé les territoires du Pacifique, mercredi 30 juillet, causant des alertes et des évacuations du Japon à Hawaï, en passant par les îles Marquises en Polynésie française. Invité sur le plateau de "La Matinale" jeudi 31 juillet, le chercheur et sismologue Nobuaki Fuji, responsable de l'équipe de sismologie à l'Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP), décrypte la situation face à la journaliste Leïla Salhi et Alexandre Hébert, éditorialiste scientifique à France Télévisions.

Ce texte correspond à la retranscription d'une partie de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.

Leïla Salhi : La plupart des alertes ont été levées. La situation est-elle toujours sous haute surveillance ce matin ?

Nobuaki Fuji : Ça fait déjà plus d'un jour et à mon avis, je pense qu'ils ont raison de lever ces alertes.

On note un retour au calme un peu partout.

Je ne peux pas vraiment dire ça à 100 %. À mon avis, quand on regarde le séisme du Chili de 1960 par exemple, qui a touché les côtes japonaises et a fait une centaine de morts, les Japonais ont été touchés 23 heures après le séisme.

On sent bien le délai qu'il peut y avoir. Justement, comment un séisme en Russie peut-il provoquer un tsunami dans le Pacifique ?

Malheureusement, le Pacifique est connecté. D'abord, le séisme est au fond de la mer et se propage avec une vitesse assez énorme de 700 km/h. Et puis, il n'y a pas d'obstacle. Par conséquent, les vagues se propagent jusqu'au bout. Ensuite, il y a un phénomène de diffusion à cause de la topographie et de la bathymétrie, et les nombreuses côtes. On ne peut pas tout prédire dans ces phénomènes-là. Il y a trop de facteurs.

"Lorsqu'on habite le long du Pacifique, on ne peut pas éviter ce genre de catastrophe"

On comprend bien que ce qu'il se passe sur un point de la planète peut avoir des conséquences, même à des milliers de kilomètres de là. Vous parliez aussi du délai qui est important. Est-ce que ce puissant séisme en Russie était prévisible ?

Non. On ne savait pas quand cela allait avoir lieu.

C'est une zone sous surveillance...

C'est vraiment connu. En fait, il y a une petite plaque qui s'appelle la plaque d'Okhotsk, qui est au-dessus de celle des Kouriles. Il y a la plaque du Pacifique qui subducte. Cette subduction, on l'appelle la "ceinture de feu du Pacifique". Et lorsqu'on habite le long du Pacifique, malheureusement, on ne peut pas éviter ce genre de catastrophe.

Alexandre Hébert : Mais alors, qu'est-ce qu'on surveille précisément ? Est-ce que c'est une zone qui est effectivement très surveillée ? Qu'est-ce qu'on observe comme caractéristiques, comme capteurs ?

Nobuaki Fuji : On a beaucoup avancé depuis une centaine d'années en imagerie sismique et d'autres méthodes pour imager l'intérieur de la Terre en détail. On connaît donc, par exemple, la subduction et les plaques. Or, malheureusement, pour prédire des séismes comme celui-ci, il y a quelques barrières au niveau de l'échelle, en espace et en temps.

Leïla Salhi : Quelles autres zones du globe sont surveillées de près et concernées par de potentiels puissants séismes ?

Nobuaki Fuji : Tout le Pacifique, on peut le dire. On n'oublie pas que la catastrophe de 2004... On connaît les zones où l'on pourrait avoir des gros séismes, mais on ne peut pas les prédire.

Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.