: Reportage Environnement : le "test du slip", une expérience ludique pour analyser la biodiversité du sol
Chaque printemps, l'opération promue par l'Ademe, l'Agence de la transition écologique, permet de faire le point sur la santé des sols.
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Le "test du slip" ? Derrière l'intitulé trivial, se cache une expérience encouragée par l'Ademe, l'Agence de la transition écologique, au printemps : enterrer des slips en coton dans la terre et observer leur décomposition après une certaine durée. Si le sol possède un écosystème riche, très important dans la captation de CO2 et donc pour la régulation du climat, cela sert également aux agriculteurs pour avoir un aperçu de la fertilité des prairies et les inciter à modifier leurs pratiques de culture.
Dans une exploitation agricole de Quiévrechain, à côté de Valenciennes (Nord), une équipe cherche le bon endroit au milieu des 15 hectares de prairie pour creuser un trou de 30 centimètres de profondeur et planter un slip, en coton bio et blanc. Car le fait que ce soit un slip a son importance, souligne Vivien Ponnou-Delaffon, animateur en agro-écologie au Parc naturel régional Scarpe-Escaut : "On aurait pu prendre un tee-shirt mais avec un slip, les gens vont trouver ça un peu cocasse ou intéressant. Ensuite, le slip c'est quand même une surface qui n'est pas très importante de tissu, donc ça va nous faire faire des trous moins grands."
"Ça veut dire qu'on a une vie biologique active dans le sol."
Jean-Guy Siraux, conseiller en agro-environnnementà franceinfo
Le sous-vêtement va rester sous terre pendant deux mois, à la merci des champignons, des bactéries et des vers de terre. Si tout va bien, il se décomposera. Les photos de l'année dernière en témoignent. Jean-Guy Siraux, conseiller en agro-environnnement à la la société Avenir Conseil Élevage, montre ses slips en lambeaux. "C'est plutôt une bonne nouvelle", commente-t-il Il arrive aussi qu'un slip soit juste un peu noirci et qui a l'air de n'avoir été trop touché. "Ça, c'est un premier élément qui peut nous indiquer peut-être un problème biologique, analyse Jean-Guy Siraux. Et alors là, on va gratter un peu plus loin, vérifier l'éventail chimique pour pouvoir ajuster nos conseils [aux agriculteurs]."
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Plus de fumier, moins d'engrais
Ce test pemet d'apporter de premières informations, sans passer par des analyses en laboratoire. Et, après trois ans à planter des slips, Flavien Lecocq, éleveur de vaches à Quiévrechain, a changé sa manière de fertiliser. "Ce sont des dosages, explique l'agriculteur. On a travaillé avec un peu plus de fumier de bovin et à côté de ça, on diminue un peu la dose d'engrais chimiques. Comme on a apporté beaucoup plus de fumier, ici, on peut voir qu'on a des pâtures qui sont un peu plus régulières au niveau de hauteur d'herbe." Utiliser moins de produits chimiques, cela a du bon pour préserver les zones humides, cruciales car elles sont plus productives que d'autres terres lors des épisodes de sécheresse.
Le "test du slip" est aussi une manière ludique de parler de biodiversité, se félicite Vivien Ponnou-Delaffon du Parc naturel régional Scarpe-Escaut : "Ça fonctionnera sur n'importe quelle prairie. Et un jardin de particuliers, c'est une prairie à petite échelle. Même si c'est du gazon qui a été planté, quand on fait un trou, on regarde, il y a des vers de terre, c'est visuel, on voit l'activité biologique." C'est pourquoi, il encourage chacun dans son jardin à faire son propre test du slip.
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