Conférence des Nations unies sur l'océan : trois chiffres sur la pollution plastique en mer, contre laquelle 95 pays veulent un accord "ambitieux"

Mardi, lors du sommet à Nice, ces Etats ont lancé un appel avant la reprise des négociations sur un traité international contre ce fléau, qui avaient échoué en 2024.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Une bouteille en plastique près de l'île croate de Vis, dans la mer Adriatique, le 4 octobre 2024. (FRANCO BANFI / BIOSPHOTO / AFP)
Une bouteille en plastique près de l'île croate de Vis, dans la mer Adriatique, le 4 octobre 2024. (FRANCO BANFI / BIOSPHOTO / AFP)

Un peu plus qu'une bouteille à la mer... Dans une déclaration commune, 95 pays ont appelé à conclure un traité "ambitieux" pour lutter contre la pollution plastique des milieux marins, mardi 10 juin, profitant des regards braqués sur le large à l'occasion de la troisième Conférence des Nations unies sur l'océan à Nice. De nouvelles négociations entre 170 pays sont prévues en août, après l'échec de premiers pourparlers en décembre en Corée du Sud. "Nous demandons l'adoption d'un objectif mondial visant à réduire la production et la consommation de polymères plastiques primaires à des niveaux durables", écrivent les signataires. Pour se représenter l'ampleur du problème, franceinfo revient sur la situation en trois chiffres. 

1 Les plastiques représentent 85% des déchets marins

"A l'échelle mondiale, on estime aujourd’hui que la quantité de plastique dans les océans est comprise entre 75 à 199 millions de tonnes", affirme le ministère de la Transition écologique français. Cela représente environ "85% des déchets marins". Les déchets marins non-plastiques, c'est-à-dire les 15% restants, sont du papier et du bois et "constituent une menace moindre pour l'environnement que les déchets plastique", remarque le gouvernement. Cette statistique mondiale est comparable avec la proportion constatée sur les plages françaises, où les produits en plastiques représentent 87% des déchets retrouvés en 2024.

S'ils sont sur la plage, les déchets plastiques ne sont pas forcément visibles. D'après une étude scientifique internationale publiée le 6 juin, 91% des débris plastiques sont enfouis dans le sable. C'est ce qui a été constaté sur les plages d'Hawaï, avec des pics de concentration entre 60 et 90 cm de profondeur, des chercheurs de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), de l'université Hawaii Pacific et de l'ONG The Ocean Cleanup. Cela rejoint des études similaires menées aux Açores, au Brésil et en Russie. Mais les déchets plastiques ne finissent pas que sur les plages : 95% de ceux flottants à la surface de l'eau finissent dans les fonds marins.

2Un déchet sur deux dans les océans est un objet plastique à usage unique

La pollution des océans par les plastiques est en grande partie liée à des objets peu durables. Ainsi, 49% de tous les déchets en mer sont des plastiques à usage unique, selon une estimation du cabinet de conseil Eunomia reprise par la Commission européenne. Celle-ci avance que, dans l'UE, 70% des déchets marins sont attribuables à dix catégories bien précises de produits jetables en plastique, en particulier les bouteilles et leurs bouchons, les mégots de cigarettes, les objets sanitaires (coton-tiges, lingettes, couches-culottes...), les paquets de chips et emballages de bonbons ou encore les sacs plastiques.

Le problème des plastiques à usage unique est dans le viseur des autorités depuis longtemps. Le recensement de ces déchets par la Commission visait à défendre une directive européenne finalement entrée en vigueur en juillet 2021. Elle interdit la commercialisation de plusieurs de ces objets en plastique à usage unique, pour lesquels il existe des alternatives, notamment les couverts et assiettes, les pailles et les gobelets, ou encore les cotons-tiges. Mais elle n'est pas pleinement appliquée.

3 Environ 80% des plastiques présents dans les océans viennent de 1 000 fleuves

Le plus souvent, les déchets plastiques que l'on trouve dans les mers et les océans n'y ont pas été directement déversés. Environ 80% proviennent des rivières et des fleuves, selon l'estimation la plus communément acceptée, reprise notamment par le CNRS en 2021. "Un millier de fleuves sont responsables de 80% des apports en plastique", a récemment expliqué à TF1 Richard Sempéré, chercheur au CNRS et directeur de l'Institut des sciences de l'océan, livrant des précisions sur des études publiées en 2021. Le géologue Romain Tramoy en a fait la démonstration en 2023 à France Télévisions sur les bords de la Seine. Ce spécialiste des sédiments relevait que le fleuve charriait également vers la mer des microplastiques, c'est-à-dire des fragments de moins de 5 mm de large.

Quid des 20% restants ? Selon le site gouvernemental dédié à la mer et au littoral, ils proviennent des "activités de pêche" (c'est-à-dire des cordages, des filets ou encore des casiers), "des navires marchands et de croisière, des ferries, des bateaux de plaisance, des navires militaires, des plateformes de forage..."

Pour résoudre la pollution plastique des océans, il s'avère crucial d'agir sur terre. Si de larges progrès doivent encore être réalisés pour le traitement des déchets plastiques, leur collecte et leur recyclage, nombre de scientifiques estiment nécessaire de réduire la consommation et la production de plastiques. C'est d'ailleurs ce que défend la France et les pays qui forment la Coalition de la haute ambition. Mais cette diminution s'apparente à une mission presque impossible, tant la tendance est inverse : selon les projections de l'OCDE, la quantité de plastique utilisée dans le monde devrait quasiment tripler entre 2019 et 2060.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.