Libération de Paul Watson : "Une décision forte" de la part des autorités danoises, salue l'un de ses avocats

Le Danemark n'a finalement pas accédé à la demande du Japon d'extrader le militant écologiste qu'il accuse d'être responsable de dommages et blessures à bord d'un navire baleinier nippon en 2010.

Article rédigé par franceinfo
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Le militant écologiste Paul Watson, le 15 janvier 2015. (LOIC VENANCE / AFP)
Le militant écologiste Paul Watson, le 15 janvier 2015. (LOIC VENANCE / AFP)

"Tout s'est joué à un fil!", confie, avec émotion, sur franceinfo, William Bourdon, l'un des avocats de Paul Watson, quelques minutes après la décision du Danemark de libérer le militant écologiste et défenseur des baleines. Le ministère de la Justice a décidé mardi de ne pas extrader Paul Watson. "Une décision forte" de la part des autorités danoises, a salué le défenseur.

"Le ministre de la Justice danois, qui est décisionnaire d'extrader ou de ne pas extrader une personne demandée par un État tiers, en l'occurrence le Japon, a fini par entendre que cette demande japonaise est insensée", a déclaré sur franceinfo son autre avocat, William Julié. L'Américano-canadien de 74 ans avait été arrêté à Nuuk, au Groenland, le 21 juillet après la relance d'une demande émise par le Japon en 2012 via une notice rouge d'Interpol. Les autorités nippones avaient émises un mandat d'arrêt international pour des dommages et blessures lors d'une campagne menée en 2010 par Sea Shepherd contre un navire baleinier japonais.

"On a démontré que les accusations portées par le Japon sont des accusations qui ont été totalement fabriquées."

William Julié, l'avocat français du fondateur de Sea Shepherd

à franceinfo

"Les poursuites étaient motivées politiquement et pas par la commission par Paul Watson d'un crime contre les personnes", a tenu à rappeler son défenseur.

"L'Europe doit rester une terre sanctuaire pour les grands activistes qui, en prenant tous les risques, nous déchirent les yeux sur les dommages portés à l'humanité, aux générations futures, par exemple sur le massacre des baleines", a, par ailleurs, déclaré William Bourdon.

"Le Japon a tenté de faire taire un homme dont le seul crime est d’avoir dénoncé l’illégalité du massacre industriel des baleines, maquillé en recherche scientifique", a commenté, de son côté sur France Bleu, Me François Zimeray, avocat de Paul Watson et ancien ambassadeur au Danemark. ""Paul Watson est enfin libre. Il va pouvoir reprendre ce combat, son action pour le respect de la nature, qui est aussi un combat pour l’humanité et la justice", ajoute l'ancien diplomate qui se dit "très fier d’avoir mené aux côtés de ses proches et en équipe ce combat judiciaire autant que politique".

Le ministre a fait état d'une affaire "extrêmement ancienne"

Le Danemark a fondé son refus d'extradition sur le fait que Paul Watson ne pouvait "effectuer plus de deux périodes de détention pour une même affaire", a commenté Me William Julié. "Le ministre a quand même pris soin d'ajouter à cet argument qu'on va appeler technique, le fait que l'affaire est extrêmement ancienne, qu'elle remonte à plus de 14 ans, que c'est une affaire tout de même mineure eu égard au temps très long déjà passé en détention provisoire", a-t-il ajouté.

"Le Danemark n'a pas voulu humilier le Japon", estime pour sa part William Bourdon : "Très bien, on le prend, on ne va pas gâcher notre joie", lance l'avocat. Pour autant, Paul Watson, n'en a pas tout à fait fini avec la justice. "Le mandat d'arrêt japonais continue de courir", rappelle son avocat, "l'objectif est d'obtenir l'annulation pure et simple de la notice rouge d'Interpol qui accompagne le mandat d'arrêt". 

La détention de Paul Watson, personnalité connue pour ses actions coups de poing, a soulevé un élan de sympathie dans l'opinion publique, notamment en France. La pétition pour sa libération dépassait les 235 000 signatures, tandis que celle pour sa naturalisation française s'approchait des 240 000 signatures. "Je suis sûr que la vague de soutien a pesé. C'est un dossier qui était mondial. Le ministre danois savait qu'une partie de la planète était focalisée sur sa décision à venir", a-t-il expliqué.

Après plus de quatre mois enfermé au Groenland, Paul Watson va pouvoir revenir en France, auprès de sa famille. "Je n'ai pas eu de contact avec lui directement, donc je ne sais pas s'il est en train de préparer ses affaires, s'il est déjà sur le pas de la porte ou déjà de l'autre côté du mur de la prison, du côté des hommes libres", a commenté Me William Julié.

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