"Les maîtres disent souvent : 'il est gentil" : avec 250 000 morsures de chiens recensées par an, la tension s'installe entre promeneurs et propriétaires

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Un cycliste est attaqué en pleine forêt par un chien. Face aux aboiements, il garde son calme et s'arrête. Une simple frayeur cette fois-ci. Frédéric Livrieri, lui, n'a pas eu cette chance. Il y a un an, sur cette même route, il s'est fait mordre en plein footing : "Je venais du recoin, la personne était ici, avec ses chiens. À moment donné, je vois qu'elle a du mal à les maintenir en laisse. L'un d'eux, un malinois, me fixait au loin. Je me dis, celui-là, je ne le sens pas, je marque l'écart. Et malgré le fait que je marque l'écart, il se jette sur moi et m'attrape à la cuisse", se souvient-il. Il s'en sort avec deux points de suture et trois jours d'arrêt de travail.

"Il m'a fait tomber, il m'a traînée au sol"

Mais les attaques de chiens peuvent parfois être bien plus graves. Ce bras porte encore les stigmates des crocs de l'animal. Cette jambe, elle, a été déchiquetée. Voilà ce qui est arrivé à Christelle Bisbau, factrice, attaquée pendant l'une de ses tournées. "Je suis passée dans le quartier, il m'a sauté dessus. Il s'est accroché à ma jambe. Il a ensuite eu mon poignet, parce que je me suis protégé le cou. Il m'a pris le bras, il m'a fait tomber, il m'a traînée au sol", raconte-t-elle. Depuis cette attaque, elle n'a jamais repris le travail.

Chaque année, près de 250 000 personnes sont mordues par un chien en France, de quoi faire monter la tension entre propriétaires et promeneurs. "Les maîtres disent souvent : 'il est gentil, il est gentil'. Puis en fait, ça knacke quand même. Donc franchement… On n'est pas super rassurés", explique Isabelle Guinebert, randonneuse.

Les propriétaires s'en remettent à l'éducation

Les propriétaires de chiens seraient-ils trop laxistes ? Dans ce parc, ce jour-là, les chiens doivent être tenus en laisse. Pourtant, beaucoup de maîtres les laissent courir librement et assument. Un animal bien éduqué ne présenterait aucun danger selon eux. "Il n'y a que moi qui l'intéresse, en fait. Ça s'appelle l'éducation. C'est un lien, il faut créer un lien avec son chien. C'est sûr que si vous ne le sortez pas ou que vous le sortez une fois par semaine, il ne court jamais, il ne fait que cinq minutes de quartier, vous allez le lâcher à un endroit où il y a du monde, évidemment, il va être infernal, c'est un peu évident", estime une propriétaire de chien.

Face aux critiques, cet autre maître de chien estime que chacun doit être responsable : "Quand on voit qu'il y a un danger pour les personnes, on les rappelle, ils restent avec nous. On n'est pas non plus à les laisser faire n'importe quoi", assure-t-il.

Quelle attitude face à un chien agressif ?

Pour se protéger des attaques et repousser les animaux, on trouve sur Internet des boîtiers à ultrasons appelés "d'Azer" et dans les armureries, des bonbons au poivre. Mais pour éviter d'en arriver là, Florient Delillue, éducateur spécialisé, Les Amicanins à Jaudrais, rappelle les bons réflexes à avoir face à un animal agressif : "Les mains dans les poches, éviter de toiser le chien du regard, éviter de trop parler aussi, rester très calme, essayer de penser à sa respiration, de calmer un peu mon énergie par la respiration, donc respirer par la bouche, et progressivement contourner l'individu et reprendre ma trajectoire, mais dans le calme", détaille-t-il.

En cas de morsure, le propriétaire du chien est responsable et risque jusqu'à 2 ans de prison et 30 000 euros d'amende.