"Ça les stimule, de voir la souffrance de ces animaux" : sur Telegram, des vidéos de torture de chats se vendent à prix d'or
Certains internautes sont prêts à payer plus de 1 000 dollars pour voir des chats se faire torturer sur internet. Une pratique qui explose ces derniers temps.
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Sur un groupe Telegram en chinois, accessible en quelques clics, des vidéos insoutenables défilent. Un chat frappé à mort avec une barre de fer, ou alors deux hommes qui s'amusent à décapiter des chatons vivants avec un hachoir. Et les réactions pleuvent en dessous de ces images : des smileys "pouce en l'air" et "mort de rire". Ce commerce sordide, qui consiste à filmer et poster des vidéos d'animaux torturés, se développe de plus en plus, notamment en Chine.
Des internautes du monde entier sont prêts à payer des centaines de dollars pour choisir eux-mêmes les sévices infligés, par exemple à des chatons. Pour alerter sur ce phénomène, un collectif de défenseurs des animaux, baptisé Feline Guardians – Les Gardiens des félins, en français – manifeste samedi 30 août à Paris.
"Du pur sadisme"
"Ce sont littéralement des vidéos de torture", se désespère Héliya. "Vous avez des chatons attachés, crucifiés, on leur enlève la peau vivants. On a aussi des vidéos de chatons qui se font mixer et sont donnés à manger à leur mère", énumère la Vendéenne de 32 ans. Elle fait partie des Feline Guardians, un collectif d'activistes chinois, mais aussi anglais ou français, qui traquent les auteurs de ces vidéos.
"On sait que c'est organisé, c'est-à-dire qu'il y a tout un business derrière."
Héliya, membre des Feline Guardiansà franceinfo
Le collectif a compté une augmentation de 500% en six mois du nombre de vidéos postées sur les groupes Télégram qu'il surveille. Cela représente une publication toutes les trois heures environ, les amateurs sont recrutés à partir de simples vidéos de chats sur YouTube.
"J'ai découvert qu'en commentaire, ils se refilent les noms de certains canaux Telegram qui vont être d'abord gratuits, explique Héliya. Puis on les incite ensuite à aller dans des groupes privés, où il va falloir rentrer en faisant soi-même un acte de torture sur animal qui va être filmé."
Certains contenus ne valent pas plus de quelques euros, mais des amateurs sont prêts à payer jusqu'à 1 300 dollars, pour une vidéo personnalisée, selon un consommateur interrogé par la chaîne télévision américaine CNN. "Il y a du pur sadisme, dans le sens où ça les stimule de voir la souffrance de ces animaux. Il est aussi dit que le cri du chat ressemble au cri de la femme pendant un acte sexuel, des choses comme ça", rapporte l'activiste.
Faire évoluer la législation chinoise
Héliya précise que si autant de ces contenus viennent de Chine, c'est parce que leurs auteurs ne risquent rien légalement. "Il n'y a pas de législation anti-cruauté animale en Chine", indique-t-elle. C'est pourquoi Feline Guardians demande à "rendre illégales les pratiques de torture sur les animaux domestiques et non-domestiques".
En attendant que des mesures soient prises, le collectif dénonce publiquement les auteurs de ces vidéos. Il y a quelques jours, une école de commerce en France a refusé un étudiant chinois, après que les Gardiens des félins l'ont dénoncé comme auteur de vidéos de torture de chats. Le collectif a également lancé une pétition en ligne, qui cumule plus de 41 000 signatures, pour demander l'interdiction des actes de cruauté envers les animaux en Chine.
Selon Telegram, le contenu de maltraitance animale mentionné dans l'article "a été banni dès le mois de mai, il y a trois mois, lorsque Telegram en a été informé par CNN. Depuis, nos modérateurs continuent de surveiller activement la plateforme afin de bloquer toute tentative de recréation de ces discussions". "Les contenus qui glorifient la violence, tels que la maltraitance animale, sont strictement interdits par les conditions d’utilisation de Telegram et sont supprimés dès qu’ils sont détectés, poursuit la plateforme. Nos modérateurs, dotés d’outils d’intelligence artificielle avancés, surveillent de manière proactive les espaces publics de la plateforme et traitent également les signalements, ce qui permet de supprimer chaque jour des millions de contenus nuisibles, y compris des contenus liés à la maltraitance animale."
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