Six questions sur l'agriculture urbaine, une idée pour nourrir les villes

Cultiver en ville, est-ce vraiment une solution pour développer l'autonomie alimentaire de ces territoires ? Quelles sont les limites de l'agriculture urbaine ?

Article rédigé par Pauline Vallée
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Cultiver en ville, est-ce vraiment une solution pour développer l'autonomie alimentaire de ces territoires ? Quelles sont les limites de l'agriculture urbaine ? (Laura Geiger et Paulin Viguier)
Cultiver en ville, est-ce vraiment une solution pour développer l'autonomie alimentaire de ces territoires ? Quelles sont les limites de l'agriculture urbaine ? (Laura Geiger et Paulin Viguier)

Cet article a été publié une première fois en 2023 par le média Nowu, spécialisé en écologie.

Qu'est-ce que l'agriculture urbaine ?

L'agriculture urbaine consiste à cultiver des aliments en ville, ou à proximité immédiate d'une zone urbaine. 

Cantonnée aux petits espaces (friche, toit, coin de parc), elle revêt des formes différentes : jardins ouvriers, potagers en rooftop, fermes verticales, hydroponie… La culture en ville concerne surtout la production maraîchère et de certains produits animaux ou d’origine animale (œuf, poisson, miel).

Ce mode de culture urbain se développe à travers le monde, aussi bien dans les pays riches que dans les pays en développement. En 2015, l'Europe comptait 2800 fermes urbaines.

Les avantages de l'agriculture urbaine

Les fermes et jardins urbains protègent la biodiversité. Ils abritent et nourrissent les insectes, oiseaux et petits animaux. La végétation donne ombre et fraîcheur en été.

Garder des zones non bétonnées aide aussi l’eau de pluie à bien s’infiltrer dans les nappes phréatiques, et donc à prévenir les inondations.

Source de revenus pour les foyers, l’agriculture urbaine favorise également le lien social.

L'agriculture urbaine peut-elle nourrir tous les citadins du monde ?

Une étude de 2017 a envisagé différents scénarios pour les villes européennes de Londres, Milan, Berlin et Rotterdam : même en adaptant les modes de production et le régime alimentaire, cultiver localement toute la nourriture nécessaire pour nourrir la population prendrait trop de place. Il faudrait par exemple créer une zone agricole de plus de 42 000 km2 autour de Londres rien que pour nourrir ses habitants intra-muros.

Cette zone pourrait être réduite en adaptant les pratiques. Mais en prenant en compte l'augmentation des populations urbaines (en 2050, 70% de l’humanité vivra en ville), l'agriculture urbaine paraît insuffisante pour assurer à elle seule l’autonomie alimentaire des villes.

Y a-t-il un risque pour santé ?

Manger une courgette qui a poussé au milieu des pots d’échappement, est-ce vraiment recommandé ? Les risques sanitaires ne sont pas les mêmes selon la ville, le pays et la méthode de culture. Les produits cultivés de manière raisonnée, ou en agriculture biologique, contiennent moins de pesticides que ceux issus de l'agriculture intensive.

En 2012, des équipes d'AgroParisTech et de l'INRA ont étudié 10 fermes urbaines de la région parisienne : une ferme du panel incluait des cultures avec des taux en cadmium, plomb, arsenic et nickel supérieurs aux normes européennes. Aucune ne dépassait les recommandations européennes concernant le taux en polluants hydrocarbures.

Même si la prudence reste de mise, il paraît donc possible de manger des produits cultivés dans une très grande ville sans courir de risque pour sa santé.

Agriculture urbaine : ses autres limites

L’agriculture urbaine doit s’adapter au climat local : impossible de cultiver du maïs en zone sèche ou des tomates si la ville ne bénéficie pas d'un minimum d'ensoleillement.

Elle doit également composer avec les ressources disponibles localement. En Tanzanie, l’Agence nationale des eaux urbaines avait calculé que plus d’un tiers de l’eau potable des réseaux urbains avait été gaspillé à cause de fuites ou de prélèvements illégaux destinés à l’agriculture urbaine.

Même si le transport ne représente qu'une faible part de l'empreinte carbone des aliments (6% en moyenne selon la FAO), pour certains produits comme la pomme ou la banane où ce taux est plus élevé, une culture au plus près des consommateurs permet néanmoins d'abaisser l'impact environnemental.

Agriculture urbaine : comment la pratiquer chez soi ?

Il existe plusieurs formations à l'agriculture urbaine, recensée dans l’annuaire de l’Association Française d’Agriculture Urbaine Professionnelle.

Pour ceux qui ne possèdent pas de jardin, le site pretersonjardin.com met en relation propriétaires et jardiniers motivés. Certaines villes offrent aussi la possibilité de cultiver des parcelles de jardins partagés. Ce site recense les associations régionales, qui fournissent ensuite les contacts locaux. Attention, les listes d’attente sont parfois longues…

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