Pourquoi la pollution lumineuse est-elle un problème ?

Biodiversité, finances publiques, santé, sciences... la pollution lumineuse a de nombreux impacts méconnus.

Article rédigé par Esther Meunier
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Pollution lumineuse : pourquoi c'est un problème ? (Paulin Viguier & Laura Geiger)
Pollution lumineuse : pourquoi c'est un problème ? (Paulin Viguier & Laura Geiger)

Cet article a été publié une première fois en 2023 par le média Nowu, spécialisé en écologie.

88% des terres européennes sont polluées par la lumière, et plus de la moitié aux États-Unis d’après l’Atlas mondial de la clarté artificielle qui date de 2016. 

La pollution lumineuse, c’est toute la lumière artificielle que diffusent les humains, avec l’éclairage public, la publicité et les enseignes lumineuses, les usines/stades/monuments avec de gros projecteurs, les bâtiments non éteints… Autant d'éléments qui perturbent le cycle jour nuit. 

Le chercheur Christopher Kyba explique sur le site de l’International Dark Sky Association que "près des villes, les ciels nuageux sont aujourd’hui des centaines, voire des milliers de fois, plus lumineux qu’ils ne l’étaient il y a 200 ans".

Par exemple, plus de la moitié de la population européenne aurait perdu la visibilité à l'œil nu de la Voie Lactée, la galaxie à laquelle appartient la Terre. Et cette pollution a de vraies conséquences au-delà de l'aspect esthétique du ciel. 

La pollution lumineuse est très mauvaise pour la biodiversité

Les animaux qui vivent le jour ont besoin de la nuit pour se reposer correctement. Et ceux qui vivent la nuit ont besoin du noir aussi. L’éclairage de nuit peut par exemple éblouir certaines espèces, empêcher les proies de se cacher et faciliter la chasse pour leurs prédateurs ce qui perturbe la chaîne alimentaire, attirer des animaux dans la mauvaise direction, ou en repousser d’autres qui voient la lumière comme une barrière infranchissable.

Par exemple, la lumière artificielle serait une des causes de l'extinction massive des insectes.

Mais il y a aussi des conséquences sur d'autres animaux. En présence de lumière artificielle, les bébés tortues marines ont tendance à aller vers les terres éclairées plutôt que de se diriger dans l’océan, vers l’horizon éclairé à l’aube. La lumière artificielle perturbe aussi le cycle de reproduction des chauves-souris, des vers luisants ou encore des coraux ainsi que le sens de l'orientation des oiseaux migrateurs et même la photosynthèse des plantes.

La lumière nécessite aussi beaucoup d’énergie

Toutes ces lumières sont alimentées par de grandes quantités d'électricité. Chaque année aux États-Unis, l'éclairage extérieur consomme autant que l'énergie nécessaire pour alimenter tout New York pendant 2 ans, ce qui représente 120 térawattheures

En France, l’Ademe (l’agence de la transition écologique) estimait déjà en 2014 que 30% d’économies d’énergie pourraient être faites sur l’éclairage public.

L'éclairage artificiel et ses conséquences sur la santé, la science, l’économie…

En plus des deux impacts purement écologiques de la pollution lumineuse, celle-ci a aussi des répercussions sur les cycles de sommeil des humains et par ricochet sur leur santé, l’observation du ciel et donc l’astronomie, et même l’économie avec le coût que représente toute cette énergie dépensée (en 2014, l’éclairage public représentait environ 20% du budget énergie des communes en France).

Quelles solutions pour lutter contre la pollution lumineuse ?

À l’échelle de la société, des entreprises, des communes, un certain nombre de choses pourraient être faites, à commencer par le fait de respecter la loi qui indique qu'en France, les vitrines, façades, monuments, jardins doivent s’éteindre à 1h du matin au plus tard ou 1h après la fin de l’activité.

Il serait aussi judicieux d'utiliser le plus possible des éclairages à détection de mouvements ou avec chronomètre, pour qu’ils ne servent que quand c’est nécessaire. Il existe également des éclairages "dirigés" pour que la lumière ne soit pas perdue dans le ciel, mais orientée précisément sur ce qui doit être éclairé. Enfin, il faudrait changer les éclairages à lumière blanche pour des éclairages à lumières chaudes car la lumière blanche accentue la luminosité naturelle du ciel.

A l'échelle individuelle, les pistes de solution sont sensiblement les mêmes : n’installer que les lampes nécessaires, choisir des éclairages dirigés, avec détecteur de mouvement ou chronomètres, choisir des intensités d’éclairages assez basses quand c’est possible, préférer la lumière « chaude »... et selon les associations comme l'ANPCEN, faire connaître le sujet autour de soi.

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