Résistance, droit de vote des femmes... Quand l'IA du gouvernement réécrit l'histoire

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Article rédigé par L'Oeil du 20 heures - oeil du 20H
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Et si, grâce à un simple smartphone et l’intelligence artificielle, il était possible de réécrire l'Histoire à notre convenance ? Le gouvernement lui-même s'est laissé séduire, ce qui inquiète les historiens.

Le gouvernement a publié sur ses réseaux, le 27 mai dernier, une vidéo générée par intelligence artificielle à l'occasion de la Journée nationale de la Résistance. Elle met en scène une résistante parisienne fictive. Mais la réaction a été immédiate sur les réseaux sociaux : "Affligeant", "C'est de la falsification de l'histoire. C'est un scandale", "C'est hypermoche et insultant pour ceux qui ont été résistants", peut-on lire dans les commentaires.

Pour mieux comprendre ce qui pose problème, nous avons demandé à un historien de décrypter certaines incohérences, notamment dans une scène censée représenter la libération de Paris. Fabrice Grenard, historien spécialiste de la Résistance, a notamment noté qu'un casque allemand s'est glissé dans les scènes de liesse alors qu'évidemment les Allemands n'étaient pas vraiment à la fête ce jour-là. Autre problème : un drapeau japonais flotte à une fenêtre alors que le Japon fait partie des forces de l'axe, aux côtés de l'Allemagne nazie. Face à la polémique, la vidéo a rapidement été retirée des réseaux sociaux.

Mais du côté de Matignon, on assume le recours à l'IA. "Ce n'est pas illogique d'avoir recours à l'intelligence artificielle. La vidéo a été suspendue. Une fois retravaillée avec les historiens de la Fondation de la Résistance, elle sera remise en ligne", nous a confirmé l'entourage du Premier ministre.

Une autre vidéo controversée

Mais sur les comptes officiels, une autre production IA est toujours visible. Intitulée "POV : tu es une femme le 29 avril 1945 et tu vas voter pour la première fois", c'est une vidéo commémorative du droit de vote des femmes. On y voit notamment des unes de journaux, générées par l'IA, célébrant cet événement historique. Mais est-ce bien fidèle à la réalité de l'époque ? Pour le vérifier, nous nous sommes rendus dans une librairie spécialisée en presse ancienne.

Jacques Kuzma, propriétaire de La Galcante, nous a ouvert ses archives. À la une, le 29 avril, il est surtout question de la fin de la guerre, du front ou d'Hitler, mais pas du vote des femmes. Parmi une dizaine de journaux d'époque, un seul article évoque ce sujet. On y trouve aussi une photo d'une électrice, accompagnée d'une légende pour le moins… sexiste : "Celui-ci n'est pas mal". Comme si les femmes ne choisissaient leurs candidats que sur des critères physiques.

Pendant ce temps, un historien a mené l'enquête dans les archives officielles. Pour William Blanc, cette relecture édulcorée passe sous silence le long et difficile combat des femmes pour obtenir ce droit. Un choix d'autant plus surprenant que des images d'archives authentiques existent bel et bien. Interpellé sur cette vidéo toujours en ligne, le gouvernement n'a, cette fois, pas souhaité répondre.

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