Enquête : des enchères en ligne sans commissaire-priseur ? Que vaut la promesse Catawiki
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Et si pour trouver des trésors, vous n’aviez plus besoin de vous déplacer ? C’est la promesse de l’entreprise néerlandaise Catawiki, un site de vente aux enchères. Ici, pas de commissaire priseur, pas de coup de marteau, tout se fait en ligne. Vous pouvez y trouver tout type d’objet authentifié sur photo par leurs experts. En France, 500 000 ventes ont eu lieu l’année dernière mais toutes ne seraient pas une bonne affaire.
À Marseille, cet homme voulait compléter sa collection. “Ca ne tient pas bien, d’ailleurs ça se détache !" nous montre ce collectionneur, tout en détachant la poignée, mal fixée, d'une des cannes qu'il s'est offert. En septembre 2023, il remporte deux enchères pour deux cannes authentifiées comme datant de la fin du XIXe siècle, pour 390 euros. Mais à la réception de son achat, c’est la douche froide.
Une contrefaçon grossière
"J’étais stupéfait. On peut être trompé par la contrefaçon mais là c’était tellement grossier ! Il n'y a aucune trace d’usage et je reçois un objet qui aurait sa place dans un bazar chinois à 3 ou 4 euros maximum."
D’après lui, les articles sont complètement neufs, le bois des cannes intact. Tout juste le métal est-il faussement patiné. Mais malgré ses réclamations, Catawiki rejette sa demande de remboursement.
Interrogé sur ce cas, le site reconnaît :
Notre acheteur méritait une meilleure assistance que celle qu'il a reçue initialement. (...) C'est aussi pourquoi nous avons offert un remboursement complet et une compensation à l'acheteur.
Catawiki
Mais les objets de la fin du XIXe ne semblent pas être les seuls concernés.
Un célèbre horloger de luxe va plus loin et a même déclaré à l’autorité de la concurrence :
“A l’état neuf, on trouve des montres contrefaites de manière régulière sur Catawiki. Les prix payés par les consommateurs sont très élevés et peuvent atteindre des dizaines de milliers d’euros.”
Président de Rolex FranceAutorité de la concurrence
Contacté, le site répond avoir une tolérance zéro pour les contrefaçons.
S’agit-il d’erreurs ponctuelles ? Les contrôles sont-ils suffisants sur Catawiki ? Dans sa communication, l’entreprise promet pourtant “une expérience exempte de problèmes” grâce “à des normes de sécurité exemplaires”, “et aux connaissances approfondies” de ses 200 experts.
Les experts justement sont présentés un par un sur le site. Mais à y regarder de plus près, tous n’ont pas une grande expérience dans les domaines qu’ils sont censés maîtriser. Exemple, avec cet expert en archéologie tout simplement "modérateur de plusieurs groupes en ligne" et "collectionneur passionné". Un autre, expert en alcools, a “de grandes connaissance grâce à ses propres recherches” et est...“passionné d’alcool” !
Experts en mode, design et peinture italienne
Au téléphone, d’anciens salariés relatent, d’après eux, une faible exigence quant à leur expérience au moment de leur recrutement. "J’étais en charge de la mode, un peu par hasard. Je vais vous dire très sincèrement, je pense que j'aurais postulé au design, j’aurais été prise aussi. Ils recrutaient vraiment beaucoup à ce moment-là. Puis j'ai réussi à prolonger six mois en passant sur d'autres spécialités qui étaient la peinture italienne et la peinture européenne."
Un autre, nous raconte même que la plateforme aurait bel et bien connaissance de failles dans son système de vérification, selon lui. "Il faut faire du chiffre, il faut remplir les ventes et quitte à faire l’impasse sur deux trois objets. Ce sont des pratiques connues de tout le monde chez Catawiki mais qui sont un peu passées sous silence."
Interrogé, Catawiki affirme:
“Nous avons un processus de sélection rigoureux avant qu'un expert puisse rejoindre notre équipe. (...) Nous refusons 700 000 objets chaque année et à ce jour plus de 15 millions d'objets ont été vendus via Catawiki. Les problèmes sont donc extrêmement rares”
Catawiki
Des enchères sans commissaire-priseur
Alors, quelle différence existe-t-il avec une salle des ventes classiques ? Pour le savoir nous nous rendons dans un haut lieu du marché de l’art, à l’Hôtel Drouot à Paris. Chaque année, plus de 200 000 œuvres y sont vendues, à tous les prix. Et contrairement à Catawiki, ce sont les coups de marteau du commissaire priseur qui rythment les ventes. C’est lui qui a autorité de police pour contrôler leur bon déroulement. Et Ici, on ne se contente pas de photos : chaque objet est authentifié en personne puis présenté au public. D’après le président de Drouot, Alexandre Giquello, ce sont toutes ces règles qui garantissent une meilleure protection de l’acheteur.
"C’est une espèce d’ersatz de ce que peut être la vente publique qui elle, est très cadrée, dénonce Alexandre Giquello. Là vous faites référence à des sites qui sont totalement dérégulés et qui n’ont aucune garantie, rien. C’est la négation de notre métier."
En cas de litige, pour un objet acheté en salle des ventes, vous disposez de 5 ans à compter de la découverte du dommage pour vous faire rembourser. Sur Catawiki, c’est le droit de la consommation classique qui s’applique : 14 jours seulement.
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