: Reportage "Le mensonge, on connaît" : après des semaines de mobilisation, les agriculteurs désabusés par la dissolution de l'Assemblée nationale
L'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, dimanche 9 juin, remet en cause les promesses obtenues par les agriculteurs après des semaines de mobilisation.
Les agriculteurs ont été au cœur de l'actualité cet hiver, bloquant le pays pour mettre en lumière leur ras-le-bol, dénonçant la concurrence déloyale, leurs faibles revenus et le millefeuille de normes à respecter. Une colère qui a permis aux syndicats agricoles d'arracher des nouvelles aides, des promesses de simplification et un projet de loi d'orientation agricole. Six mois plus tard, la dissolution remet tout en cause. Les syndicats ne donnent pas de consignes de vote, mais dans les exploitations les agriculteurs sont vigilants.
En première ligne cet hiver sur les barrages, Kévin Brouillard prépare désormais la moisson en Essonne. Après six mois de mobilisation, il se dit désabusé par la situation : "On a fait tout ça pour rien. Franchement, je pense que ce n'est pas une élection législative qui va changer grand-chose." Cet exploitant, membre de la Coordination rurale, ne nous confiera pas son vote : "Je vous préviens, ce ne sera pas le gouvernement actuel. Mais après, que ce soit un parti ou l'autre, il faut qu'ils tiennent leur discours parce que le mensonge, on connaît."
Mais d'ici le premier tour, il va décortiquer les programmes, faire surtout attention à certains points dont "la concurrence déloyale." "Avec les mêmes prix on ne peut pas être égaux sur les mêmes marchés, on a des charges patronales excessives et le fioul qu'on paye une fortune..." À quelques kilomètres de là, toujours en Essonne, s'étendent les cultures de Benoit Mazure, membre de la FNSEA. Son vote restera également confidentiel même s'il reconnaît douter de certains partis.
"Si la couleur politique de l'Assemblée est différente, forcément il n'y aura peut-être pas les mêmes arbitrages qui seront faits."
Benoit Mazure, agriculteur membre de la FNSEAà franceinfo
L'exploitant craint également de voir toutes les récentes négociations tomber à l'eau, dont le projet de loi d'orientation pour la souveraineté agricole : "Il y avait quelque chose de très important à mes yeux, c'était de pouvoir définir l'agriculture comme un secteur d'intérêt général majeur. C'est quelque chose qui a énormément d'importance dans tous les contentieux qu'on peut avoir avec des associations."
La menace de ressortir les tracteurs à l'automne
Pour la Confédération paysanne, c'est plus clair. Ce sont les mesures du Nouveau Front populaire qui se démarquent selon Florent Sebban, maraîcher installé lui aussi en Essonne. "Nous, on demande au RN, à Horizon ou à Renaissance de se positionner sur la question des prix planchers et la réponse est non, déplore-t-il. On pense que sans assurer un revenu clair pour les paysannes et les paysans, ce n'est pas possible de leur demander de continuer leur métier, ce n'est pas possible de leur demander de changer leurs pratiques pour qu'elles soient plus en lien avec ce qu'attendent les gens, c’est-à-dire plus environnementale. Il n'y a qu'une seule force politique qui garantit ça."
Tous les syndicats en revanche préviennent : la colère couve toujours chez les agriculteurs, occupés pour le moment dans les champs mais prêts à ressortir les tracteurs si besoin cet automne, qu'importe la couleur du prochain gouvernement.
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