Elections municipales 2026 : parité, liste… Ce que va changer la réforme du scrutin dans les petites communes
Certains élus ont exprimé la difficulté de trouver suffisamment de candidates pour former des listes, mais la mesure est accueillie favorablement par plusieurs associations de maires.
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Chamboulement en vue à l'occasion des municipales de 2026. Le Parlement a définitivement validé une réorganisation des élections municipales dans les communes de moins d'un millier d'habitants, lundi 7 avril, après l'adoption d'une proposition de loi en deuxième lecture à l'Assemblée nationale. Très concrètement, ce vote va étendre le mode de scrutin de liste paritaire à 25 000 petites communes, en remplacement du système actuel de scrutin majoritaire plurinominal à deux tours. Les villages seront donc logés à la même enseigne que l'ensemble des autres communes françaises. Et ce, malgré les difficultés parfois rencontrées au niveau local pour trouver des candidats au poste de conseiller municipal.
Cette mesure a suscité de profondes divisions au Sénat (192 voix pour, 111 contre), avec des désaccords exprimés notamment par des parlementaires républicains, centristes et communistes. Les débats ont été tout aussi houleux à l'Assemblée (206 voix pour, 181 contre). La date d'entrée en vigueur notamment a fait l'objet d'une rude bataille : elle a d'abord été repoussée à 2032, via des amendements identiques de la droite et des communistes, avant que le gouvernement ne demande une nouvelle délibération pour revenir au texte initial.
Cette réforme était défendue par plusieurs associations d'élus depuis des années. L'Association des maires ruraux de France (AMRF) avait organisé, en 2021, un congrès consacré à l'égalité entre les femmes et les hommes au niveau des communes. Les conseils municipaux des petites communes, en effet, ne comptent aujourd'hui que 37,6% de femmes, contre 48,5% dans les communes supérieures à 1 000 habitants, selon un rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, daté de 2022.
Corriger un déséquilibre en défaveur des femmes
"Les femmes ont autant leur place que les hommes dans les conseils municipaux, explique à franceinfo Eric Krezel, maire de Ceffonds (Haute-Marne), référent sur le dossier pour l'AMRF, dont il est également vice-président. Certains collègues nous alertent sur la difficulté de trouver des candidates. C'est une difficulté réelle que je comprends parfaitement", reconnaît toutefois l'élu, avec un travail à venir pour encourager les vocations. "J'ai moi-même essayé de monter une liste paritaire en 2020, mais je n'y suis pas parvenu. Il y avait dix hommes et cinq femmes", poursuit-il, dénonçant tout à la fois le "conservatisme" et de "mauvaises habitudes" liées à l'organisation de la vie locale – notamment entre 18 et 20 heures, quand "les femmes sont hélas davantage mobilisées que les hommes auprès des enfants".
"Je n'ai eu aucun problème pour faire la parité en 2020", affirme quant à elle Fanny Lacroix, maire de Châtel-en-Trièves (Isère), commune de 500 habitants, et vice-présidente de l'AMRF. "Je devrai même veiller à avoir assez d'hommes en 2026." L'élue, qui est favorable à la réforme, évoque "un vivier d'engagement plutôt féminin" dans sa commune, notamment au niveau associatif. Et l'organisation du travail municipal a été adaptée aux contraintes du quotidien. "On sait que les réunions à 18 heures, ce n'est pas possible, avec le rush des devoirs, etc. Donc nos conseils municipaux commencent plutôt à 20h30-21 heures, quand le bisou du soir a été fait." Et le mercredi, l'équipe se réunit au parc, avec les enfants à côté. "Ils sont presque intégrés dans la vie politique du conseil municipal."
La question ne fait pas consensus. Sandrine Gauthier-Pacoud, présidente de l'association des maires du Jura, est "farouchement" opposée à cette mesure, comme d'autres dans son département. Beaucoup de petites communes de moins de 500 habitants étaient défavorables à cette modification du mode du scrutin", déclare l'élue de Mesnois, 170 âmes, après avoir organisé un sondage auprès des élus concernés. "Dans ma commune, par chance, un homme va libérer sa place de conseiller municipal pour la prochaine élection, souligne-t-elle. Mais si une femme vient simplement par esprit républicain, pour compléter la liste, sans en avoir tout à fait l'envie ?"
"Les petites communes ont besoin de compétences, et cela ne se juge pas au sexe."
Sandrine Gauthier-Pacoud, présidente de l'association des maires du Juraà franceinfo
La maire met en avant certains aspects techniques, indispensables au quotidien. "Nous n'avons pas d'équipe technique et nous devons faire appel à l'agriculteur, qui dispose d'un tracteur, ou à celui qui possède un tracteur tondeuse." Ce qui ne l'empêche pas d'anticiper les prochaines élections. "On tenait le bureau de vote, hier [lors de la législative partielle dans le Jura]. On a ciblé quelques femmes, mais il faudra leur parler et les convaincre."
Des projets plus politiques et moins individuels ?
Sandrine Gauthier-Pacoud critique également le passage à un scrutin de liste, qui rend possible cette parité. "Nous avions l'habitude d'une liste ouverte pour 11 conseillers municipaux. Très régulièrement, il y avait 14 ou 15 candidats", explique-t-elle. "Les électeurs peuvent faire un choix en rayant des noms" – une pratique nommée "panachage". La maire de Mesnois estime qu'il sera trop difficile de monter plusieurs listes, dans le nouveau système. "Les électeurs n'auront plus le choix, ce qui va mettre à mal la démocratie."
Le législateur a toutefois prévu des ajustements, en fonction de la population : cinq candidats par liste dans les communes de moins de 100 habitants, neuf dans celles de moins de 500 habitants et treize dans celles de moins d'un millier. La pratique du "panachage", par ailleurs, est régulièrement décrite par certains élus comme une "séance de tir aux pigeons", quand la pratique revient à punir le maire sortant.
"Les élus se sentent insécurisés, car c'est souvent la tête de liste qui est sanctionnée, par revanche personnelle, estime Fanny Lacroix, qui revendique des prises de position militantes et regrette une certaine apathie politique dans la vie locale. Ce n'est pas un très beau message politique, car on vote à l'envers, avec un crayon pour rayer les gens." Ce mode de scrutin, selon elle, favorise le statu quo et les baronnies locales. "Je pense au contraire qu'il faut faire de la politique au niveau local, y compris dans les petites communes", insiste-t-elle. C'est également l'avis d'Eric Krezel : "Une liste égale un projet. Cela permet d'éviter 15 candidatures individuelles, avec autant de projets et de points de vue. Le passage au scrutin de liste, au moins, permet de discuter des projets avant les élections."
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