Les populismes en Europe (1/9) : en Hongrie, Viktor Orban, "Viktator"
À deux mois des élections européennes, franceinfo tente de comprendre la montée des populismes en Europe. En Hongrie, Viktor Orban est l'une des figures les plus emblématiques de ce courant.
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Premier ministre de la Hongrie depuis 2010, "Viktator", comme disent ses opposants, flirte avec la ligne rouge en Europe et souvent la franchit. Mais il parvient à rester membre du Parti populaire européen (PPE), majoritaire au parlement.
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>> CARTE. Hongrie, Italie, Autriche... Où sont les populistes en Europe ?
Viktor Orban est aujourd'hui une figure du populisme, chantre de la "démocratie illibérale", mais il n'en a pas toujours été ainsi. En juin 1989, sur la place des Héros de Budapest, un jeune homme de 26 ans dénonce la dictature communiste. Viktor Orban est à cette époque figure de proue d'une jeunesse éprise de démocratie.
Tout juste 30 ans plus tard, la mue est achevée : le libéral devenu conservateur s'est converti au national-populisme et à "l'illibéralisme", qui respecte, pour la forme, le suffrage populaire, mais au fond, s'assoit sur l'état de droit. "Moi je m'intéresse à ces leaders de pays non occidentaux, qui ne sont pas des libéraux ni des démocrates, mais qui réussissent", a ainsi pu déclarer Viktor Orban.
Avec la propagande médiatique et les institutions indépendantes dans sa poche, il ne peut rien lui arriver.
Aron Demeter, d'Amnesty Internationalà franceinfo
Pas de bourrage d'urnes, mais le démantèlement méthodique de tous les contre-pouvoirs, notamment des ONG, qu'il exècre : "Le message d'Orban est extrêmement simple : 'je vais vous protéger des musulmans', des 'migrants illégaux', comme il les appelle", témoigne Aron Demeter, d'Amnesty International en Hongrie. Contre-pouvoirs dénigrés, médias sous tutelle, oligarchie fidèle, Viktor Orban séduit, sur un triptyque travail/famille/patrie et la promesse de défendre l'identité magyare, soi-disant menacée.
Un tournant : la crise migratoire de 2015
En première ligne sur la route des Balkans, la Hongrie se sent submergée. Viktor Orban construit un mur et refuse les quotas "imposés" par Bruxelles : "Jour après jour, nous voyons que les grands pays occidentaux subissent un grand remplacement. Quartier par quartier, ville par ville, ces pays sont en train de disparaître sous la pression migratoire."
Viktor Orban se voit comme l'homme qui est capable de faire la jonction entre ceux qui sont au PPE et ceux qui ne le sont pas.
Paul Gradvohl, historienà franceinfo
À l'extrême droite de l'échiquier européen, Le Pen, Salvini, Kascynski voient en lui l'un des leurs. Mais le Premier ministre hongrois n'entend pas quitter la droite traditionnelle du PPE. "Il veut faire basculer le Parlement européen, hors de la logique de compromis, autrement dit 'on n'a plus d'adversaires, on n'a que des ennemis et les ennemis, on les détruit'", explique Paul Gradvohl, historien, spécialiste de l'Europe centrale et orientale.
Après une dernière outrance, une de trop, Orban est suspendu, mais pas exclu. L'enfant terrible du PPE est, paraît-il, plus dangereux dehors que dedans. Lui dont l'idée est pourtant de changer l'Union européenne de l'intérieur, certainement pas de la quitter.
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