Résultats des législatives 2022 : pourquoi les instituts de sondage ont-ils sous-estimé la percée historique du RN ?
"Les projections sont fragiles", reconnaît Mathieu Gallard, directeur d'études pour l'institut Ipsos, alors que le parti d'extrême droite obtient deux à quatre fois plus de sièges que ce que les sondeurs avaient anticipé.
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Une percée inattendue... et historique. Le Rassemblement national est en passe d'obtenir "de loin le groupe le plus nombreux de l'histoire de (sa) famille politique", comme l'a déclaré la présidente du parti, Marine Le Pen, au soir du second tour des élections législatives, dimanche 19 juin.
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Le parti d'extrême droite obtient 89 sièges dans le futur hémicycle de l'Assemblée nationale, selon les résultats définitifs du ministère de l'Intérieur. Un score bien supérieur à celui prévu par les instituts de sondage, qui créditaient le RN de 20 à 50 sièges. Franceinfo a interrogé Mathieu Gallard, directeur d'études pour l'institut Ipsos, pour tenter de comprendre pourquoi les sondeurs se sont trompés.
franceinfo : comment expliquer la différence entre les projections réalisées par les instituts de sondage et les premiers résultats très favorables au Rassemblement national ?
Mathieu Gallard : Il est vrai qu'on annonçait jusqu'à environ 50 sièges pour le Rassemblement national, et ça va être nettement au-dessus. Cela s'explique notamment par le fait que les reports de voix pour les candidats opposés aux candidats RN ont été très mauvais. Les candidats d'extrême droite n'ont pas suscité de crainte des électeurs qui leur étaient opposés. Quand un candidat RN avait un duel avec la Nupes, les électeurs d'Ensemble ! ne sont pas allés voter pour le candidat de la gauche. Et quand un candidat RN faisait face à un candidat d'Ensemble !, les électeurs de la Nupes ne se sont pas non plus déplacés. Il n'y a plus de front républicain, sauf à la marge pour les candidats LR qui étaient face aux candidats RN.
Pourquoi cette fissure du front républicain a-t-elle été difficile à anticiper ?
Le fait que les membres du gouvernement et les candidats LREM s'en soient pris de manière très violente à Jean-Luc Mélenchon et à la Nupes a développé des relations très antagonistes entre ces deux électorats. C'est une tendance qu'on avait vue, mais dont on avait sous-estimé l'ampleur. Pour un électeur de gauche, Ensemble ! est aussi détesté que le RN. Et un électeur d'Ensemble ! ne se sent rien de commun avec un électeur de la Nupes. C'est la preuve de la tripartition de la vie politique, qu'on avait déjà notée lors de l'élection présidentielle, avec trois grands blocs qui sont totalement étanches : RN, Ensemble ! et Nupes.
L'abstention est un peu moins importante qu'en 2017. Or, on sait qu'une forte abstention est traditionnellement néfaste au score du RN. Est-ce un autre élément d'explication pour le score plus élevé que prévu du parti ?
Non, je ne pense pas, car l'abstention est quand même plus élevée qu'au premier tour. Et le RN avait obtenu un bon score dimanche dernier malgré une abstention forte, ce qu'on avait bien anticipé.
Est-ce que cet échec de prévision remet en cause votre méthodologie ?
On ne peut pas encore dire de manière définitive pourquoi on s'est trompés. Il y a peut-être d'autres raisons que le mauvais report de voix dont ont bénéficié les candidats non RN, il faudra qu'on y travaille et ça prendra un peu de temps. Mais je ne pense pas que ça remettra fondamentalement en cause notre méthodologie. Les résultats de ce soir montrent ce qu'on sait déjà : les projections en nombre de sièges sont fragiles car une variation de quelques points dans les reports de vote de certains électorats a de grandes conséquences sur les résultats, puisque énormément de sièges se jouent à un point ou deux. Et en même temps, si on donne des fourchettes en nombre de sièges qui sont trop larges, ça n'intéresse pas grande monde...
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