Législatives : pour réduire l'abstention, il faut "peut être déjà faire en sorte que le Parlement ait une vraie légitimité"
Vincent Tibérj, politologue au Centre de recherches politiques de Sciences Po, est revenu, lundi pour franceinfo, sur la faible mobilisation des électeurs lors du premier tour des élections législatives.
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Le premier tour des élections législatives a été marqué par un taux d'abstention très important. Plus de 51% des électeurs ont choisi de ne pas se déplacer aux urnes dimanche 11 juin. Il s'agit d'un niveau record pour un premier tour des élections législatives sous la Ve République. Pour Vincent Tibérj, politologue au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), cette faible mobilisation des électeurs n'est guère étonnante. "Ils votent parce qu'il y a de l'enjeu. Ils votent parce qu'ils se sentent concernés, et ils votent quand il y a aussi des campagnes", a-t-il expliqué, lundi 12 juin, sur franceinfo.
franceinfo : Comment expliquez-vous une participation aussi faible pour le premier tour de ces élections législatives ?
Vincent Tibérj : Il y a plusieurs phénomènes. D'abord, il y a une culture du vote qui est en train de changer. Aujourd'hui, les gens ne votent plus de manière automatique, et surtout pas quand on leur dit que c'est un devoir. Ils votent parce qu'il y a de l'enjeu. Ils votent parce qu'ils se sentent concernés, et ils votent quand il y a aussi des campagnes. Il faut bien voir que la campagne des législatives était quand même particulièrement phagocytée lors des trois dernières semaines. On n'en a pas beaucoup entendu parler. Enfin, il y a un effet élection de second ordre désormais. Les gens se mobilisent pour la présidentielle et considèrent qu'après, les législatives ne sont plus si importantes. Ce n'est pas nouveau. On a eu exactement le même type de phénomène au moment de l'élection de François Hollande et Nicolas Sarkozy. Grosso modo, on se retrouve dans une espèce de position hégémonique du parti qui vient d'arriver au pouvoir. C'est lui qui dicte l'agenda. Et donc, on ne débat plus des questions de fond.
Quel bilan doit-on tirer de ce premier tour et de ce faible engouement ?
Je pense que ça pose un vrai problème d'équilibre institutionnel. On a du mal à considérer que le Parlement en France est quelque chose d'important. Comment vous voulez du coup qu'un Emmanuel Macron ou l'exécutif en général considère que ça soit important ? Ils vont avoir 400 députés. Si on veut un équilibre des pouvoirs, si on veut que le Parlement ait un rôle à jouer, il faudrait vraisemblablement faire en sorte que les élections aient lieu au même moment que la présidentielle.
Plus d'un Français sur deux n'a pas voté dimanche. Le nouveau Parlement ne risque-t-il pas de manquer de légitimité ?
Il faut vraiment se poser la question de comment on réussit à faire en sorte que la polarisation sociale et politique française trouve sa voie d'expression au sein des institutions. La solution est, peut-être, de faire en sorte que le Parlement ait une vraie légitimité. Là, pour l'instant, sa légitimité est issue de la présidentielle. Du coup, c'est dur pour un député d'exister en dehors de l'adoubement d'Emmanuel Macron et d'En Marche !. Cela ne permet pas l'expression des choses. Derrière, c'est aussi une forme d'équilibre des pouvoirs. Là, on est dans une espèce d'unanimisme institutionnel. C'est vraiment typiquement français. Cela nous empêche quelque part de vraiment dialoguer.
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