Vidéo Droits de succession : "Il faut sortir des mythes sur l'héritage et établir un impôt sur les grandes successions"

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min - vidéo : 1min
Article rédigé par Ludovic Pauchant
Radio France

Alors que d’ici 10 ans, 9 000 milliards d’euros de patrimoine seront transmis, le sénateur socialiste de l’Oise, Alexandre Ouizille propose, dans une note coécrite avec deux hauts fonctionnaires, d'instaurer un impôt sur les grandes successions pour lutter contre l'amplification des inégalités.

"L'impôt sur les successions est l'impôt le plus impopulaire, mais il faut sortir des mythes sur l'héritage et sortir de l'idée qu'on est tous touchés !", explique Alexandre Ouizille, sénateur PS de l'Oise, dans le Talk de franceinfo, mercredi 28 mai.

"Ce n'est pas vrai que tout le monde est concerné [par les "droits de succession", ndlr] : avec les abattements, beaucoup y échappent et la moitié des Français ont moins de 50 000 € de patrimoine...", poursuit-il.

La France risque de devenir une société figée d'héritiers

Lui et deux autres hauts-fonctionnaires, Théo Iberrakene et Boris Julien-Vauzelle, sont l'auteur de Face à la "grande transmission", l’impôt sur les grandes successions, une note publiée par la Fondation Jean-Jaurès, au terme de laquelle ils préconisent d'instaurer un impôt sur les grandes successions. 

À l'origine de leurs travaux, le constat selon lequel d'ici à dix ans, 9 000 milliards d’euros de patrimoine seront transmis, un phénomène inédit, qu'ils ont nommé la "grande transmission", et qui aura pour effet de renforcer les inégalités et de faire basculer la France dans une société d'héritiers, à l'instar de l'Ancien Régime, où le travail seul ne permettra plus la mobilité sociale.

"Ce que nous disons, c’est que nous sommes aujourd’hui dans un monde dangereux et que nous avons besoin de sécurité collective, indique Alexandre Ouizille. Dans ce cadre, l’héritage n’est pas circonscrit au périmètre de la petite maison du citoyen, que nous ne visons de toute façon pas. Et si les grands patrimoines peuvent permettre de nous faire des sécurités collectives, cela vaut le coup."

Il existe un biais de perception sur la fiscalité des transmissions

La thématique de l'héritage, en France, est un sujet sensible, et imposer davantage certaines successions mobilise un certain nombre d'idées reçues. Avec, en sus, pour certains imaginaires, l'idée que l'Etat vole la récompense du travail d'une vie, y compris chez les moins fortunés, alors même que près de la moitié des Français n'héritera pas, et n'est donc pas concernée par cet impôt qu'elle rejette, majoritairement. 

"Il faut vaincre tous les petits imaginaires, comme l'idée qu'on va prendre la maison de famille de ceux qui y vivent à dix depuis cinq générations ! Ce ne sont pas eux qu’on vise."

Alexandre Ouizille, sénateur PS de l’Oise

à franceinfo

"La somme totale des héritages dans le volume du flux patrimonial qui est taxé, c'est 5 %, note Alexandre Ouizille. Mais lorsque vous demandez aux gens ce qu'ils pensent du taux, ils imaginent que c'est 45 %. Donc oui, il y a un écart considérable entre la perception et la réalité de ce qu'est véritablement cet impôt qui reproduit des inégalités sociales de manière très forte..."

>> Revoir ici l'intégralité de l'émission du Talk : 

Rejoignez-nous dès 17 heures les mercredis et jeudis sur la chaîne Twitch(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre) de franceinfo pour participer au Talk de franceinfo. Deux heures d'échanges, d'éclairages, de débat autour de sujets d'actualité et de société.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.