: Témoignages "J'ai retrouvé ma liberté" : huit Français racontent comment le vélo a changé leur vie quotidienne
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Activité physique, mode de transport économique et écologique... A l'occasion du lancement de l'opération "Mai à vélo", franceinfo donne la parole à des cyclistes amateurs.
Tous en selle ! Sur les pistes cyclables des villes ou le long des routes de campagne, pour les étudiants pressés ou les retraités aventuriers... La population est appelée à pédaler pour la cinquième édition de "Mai à vélo", lancée à partir du jeudi 1er mai en France. L'opération entend inciter à la pratique du vélo, alors que moins de 40% des Français s'y sont convertis, selon les chiffres de 2023 du ministère des Transports.
Entre initiations, ateliers et compétitions, plus de 5 000 événements sont organisés(Nouvelle fenêtre) pendant un mois pour convaincre le plus largement possible. A cette occasion, franceinfo a donné la parole à huit Français qui racontent comment leur bicyclette a changé leur quotidien.
Nelly, employée d'un lycée : "Les gens disaient que c'était impossible ici"
Quand Nelly traverse le village de Chirac-Bellevue sur son vélo, tout le monde la reconnaît. "Les voisins me saluent depuis leur jardin", sourit-elle. A 50 ans, elle fait partie des rares habitants de cette bourgade corrézienne de moins de 300 âmes à ne pas se déplacer en voiture. A son arrivée en 2023, "les gens disaient que c'était impossible ici", se remémore-t-elle. Même pas peur. "Je me suis dit : 'Ça se tente'", explique cette sportive, qui a dû freiner sur la course à pied après une opération du genou.
"A vélo, je suis toute seule avec les chevreuils et les oiseaux. Il a quelque chose d'enfantin, de régressif. C'est ma joie !"
Nellyà franceinfo
Avec son vélo électrique, Nelly a déjà traversé deux hivers sans encombre. "Le plus beau trajet, c'était un jour de neige… A 7 heures du matin, dans le noir, sous la lune, c'était mystique, génial", se souvient-elle. Une fois arrivée au lycée professionnel dans lequel elle travaille, elle peut également compter sur les élèves pour la maintenance de son engin. "Les petits sont extrêmement contents quand ils réparent mon vélo, ça crée un lien entre nous, sourit-elle. Et je me dis que ça va peut-être infuser dans les cerveaux de ces futurs mécaniciens."
Jean-Marc, retraité : "J'ai fait le tour de la France"
Pour Jean-Marc, tout a commencé par un cadeau. Celui de ses enfants pour ses 69 ans : un vélo électrique. S'en est suivi un pari : celui de rejoindre Lyon depuis Perpignan avant la naissance de son petit-fils... "Bon, j'ai perdu à un jour près, mais je suis arrivé au bout !", glisse le retraité de 75 ans, qui n'avait jamais fait sérieusement de vélo avant cette révélation. Mais depuis cinq ans, il passe une partie de son temps sur les routes cyclables de France avec son nouveau camarade de jeu.
"On peut vivre des aventures de grande intensité, même à plus de 70 ans, sans être un sportif aguerri et sans disposer d'équipement de pointe."
Jean-Marcà franceinfo
En 2021, après un an de confinement, "je me suis vengé, j'ai fait le tour de la France à vélo", raconte le septuagénaire. L'année suivante, il a sillonné la Bretagne. "En 2023, j'ai regardé la carte de France de mes voyages, et il me manquait le Nord. Je me suis dit que j'allais aller manger des frites à Dunkerque. C'était un plaisir immense", se rappelle-t-il. Une euphorie qui lui a parfois fait oublier le code la route : "Je me suis fait contrôler à 56 km/h par les gendarmes dans une descente. Le chef s'est mis à éclater de rire et ils m'ont juste demandé si je fumais quelque chose pour aller aussi vite !"
Agathe, étudiante : "C'est un moyen de s'engager et de gagner en confiance en soi"
De sa classe préparatoire à Dijon (Côte-d'Or) à son master à l'université de Grenoble, Agathe a parcouru toutes ses études supérieures sur un vélo. "J'avais des trajets très courts et les transports en commun étaient plus lents que le vélo", explique l'étudiante de 23 ans. La bicyclette s'est imposée comme une évidence, dans ces villes où les aménagements cyclables sont nombreux.
"C'est pour moi un gain de temps et une façon de couper avec la pression des études."
Agatheà franceinfo
Au fil des années, le vélo est devenu plus qu'un moyen de transport. "Comme j'y ai pris un goût, je m'y suis intéressé et j'ai fait un master sur les mobilités", retrace-t-elle. "Aujourd'hui, le vélo fait partie de mon quotidien professionnel et il est au cœur de ma vie personnelle en tant que sport, activité de loisir, façon de voyager et de rencontrer des gens", explique cette passionnée, avant d'ajouter : "C'est également un moyen de s'engager et de gagner en confiance en soi."
Thomas, rééducateur en Ehpad : "Je m'applique mes propres conseils médicaux"
"Un peu d'effort tous les jours." Cette recommandation, maintes fois répétée aux résidents de l'Ehpad dans lequel il travaille, Thomas, 34 ans, a décidé de la faire sienne. Depuis 2018, il parcourt à vélo les sept kilomètres qui séparent sa maison de cet établissement pour personnes âgées, dans l'Eure. "C'est une contrainte supplémentaire, mais j'y vois un intérêt pour ma santé", explique le rééducateur. "J'ai tendance à recommander aux gens de pratiquer des sports sans impact. Avec le vélo, je m'applique mes propres conseils médicaux et je gagne en cohérence", complète-t-il. Et le cycliste de préciser que ses douleurs récurrentes aux genoux ont d'ailleurs disparu.
"Mes 14 km quotidiens entre campagne et ville ont amélioré ma préparation physique et mentale face à un travail contraignant en Ehpad."
Thomasà franceinfo
Le trajet entre son domicile et son travail s'est transformé en bouffée d'oxygène. "Avant, je traversais la ville en voiture, ça me parait complètement aberrant", reconnaît le trentenaire. Même en Normandie, où les épisodes de pluie sont fréquents, il assure "arriver sec au travail". "En réalité, le pire, c'est plutôt le vent." Pas de quoi le freiner pour autant.
Ayoub, ingénieur : "Je pensais que c'était pour les bobos"
Le vélo en banlieue ? Dans sa ville du Val-d'Oise, Ayoub n'y croyait pas trop. "Je n'avais jamais pensé à franchir le pas", reconnaît le jeune trentenaire. Un coup de pouce de son entreprise pour acheter un vélo lui a fait changer d'avis au début de l'année. "Je l'utilise maintenant pour aller au travail et faire des courses. Je n'ai pas trouvé d'inconvénients, que des avantages", se félicite-t-il.
"C'est très pratique pour se déplacer en ville. En voiture, tout est congestionné. En vélo, j'ai moins la flemme de sortir."
Ayoubà franceinfo
Quand il se rend à Paris, Ayoub apprécie aussi les vélos en libre-service, et surtout, les aménagements adaptés aux cyclistes. "Les pistes cyclables, je pensais que c'était pour les bobos, glisse l'ingénieur. Mais maintenant, je comprends vraiment l'utilité de ces infrastructures pour la sécurité." Casque sur la tête, le trentenaire espère désormais que ce type d'infrastructures sera bientôt mis en place dans sa ville et que la banlieue parisienne deviendra aussi accueillante que la capitale pour les cyclistes.
José, éducateur : "J'ai perdu 20 kilos"
Troquer trente minutes de voiture contre 1h40 de vélo pour se rendre au travail ? C'est le choix de José, et il n'a aucune intention de retourner en arrière. "Je dois me lever une heure plus tôt et rentrer plus tard, mais on s'habitue vite. Il y a un réel plaisir", explique cet habitant d'un village de Haute-Garonne. "Quand je quitte le travail en fin de journée, il arrive que je sois stressé. A ce moment-là, je suis impatient de rentrer à vélo pour me vider l'esprit, explique cet éducateur dans un foyer. Il s'abstient toutefois d'enfourcher son vélo lors des mois d'hiver, la nuit noire l'empêchant de rouler en toute sécurité.
"L'effort quotidien me fatigue physiquement et me recharge psychologiquement. Depuis que je fais du vélo tous les jours, je me sens mieux dans mon corps, mais surtout dans ma tête."
Joséà franceinfo
A l'origine de ce changement de vie se trouvent une recommandation médicale et un objectif : faire du sport et maigrir. "Alors, on a vendu une voiture et acheté des vélos électriques avec ma femme", raconte José. Les résultats sont spectaculaires : "J'ai perdu 20 kilos", assure-t-il.
Julia, en situation de handicap : "J'ai retrouvé ma liberté"
Depuis ses 16 ans, Julia ne pouvait plus faire de vélo. La faute à un handicap qui l'empêche de pédaler efficacement avec ses deux jambes. Mais au début de l'année, tout a changé. "J'ai découvert l'existence du pédalier pendulaire", raconte cette habitante de Gradignan (Gironde), près de Bordeaux. A 39 ans, "personne ne m'en avait jamais parlé, alors que je suis suivi par de nombreux professionnels de santé", ajoute-t-elle. Une fois installée sur un vélo électrique, ce dispositif lui permet de rouler sans difficulté. "J'ai retrouvé ma liberté", explique-t-elle, émue.
"J'ai versé une petite larme quand j'ai pu refaire du vélo. Ça a été un véritable tournant dans ma vie quotidienne."
Juliaà franceinfo
Avec ce vélo adapté, Julia a diminué son utilisation de la voiture et des transports en commun, souvent inadaptés à son handicap. "Je pensais que j'allais doubler mon temps de trajet, mais pas du tout", assure la trentenaire. Surtout, "cette pratique a enrichi ma vie familiale", se félicite-t-elle. "Je peux désormais profiter pleinement de sorties en plein air avec ma fille et mon conjoint, des moments précieux que je n’aurais pas vécus sans cette solution adaptée."
Hervé, retraité : "La voiture est une drogue dure, le sevrage n'est pas évident"
Après son divorce, Hervé a traversé une phase dépressive. "Je prenais des médicaments et je ne voulais pas prendre le risque d'avoir un accident en voiture", explique le sexagénaire. Il a décidé alors de vendre son véhicule et se mettre au vélo. Un changement radical et pas forcément aisé. "La voiture, c'est une drogue dure, le sevrage n'est pas évident", assure le retraité.
"Au début, on se pose la question : 'Qu'est-ce que je vais faire sans voiture ?' Mais aujourd'hui, il est hors de question de racheter un véhicule."
Hervéà franceinfo
A 66 ans, Hervé trouve de nombreux bénéfices à ce nouveau mode de transport. "La santé s'améliore", souligne-t-il. Avec son vélo acheté 120 euros d'occasion et ses 10 000 kilomètres au compteur, l'investissement s'avère particulièrement rentable. "Mon budget transport est tout riquiqui", se félicite-t-il, malgré quelques locations de voiture lorsque c'est indispensable. Reste un point noir : les aménagements cyclables autour de sa petite commune de Charente-Maritime. "C'est catastrophique. Rien n'est fait pour nous aider, se lamente le retraité. En 2025, il serait temps que les collectivités s'y mettent !"
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