Vidéo SNCF : des cadres mobilisés pour faire rouler les trains pendant les grèves

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Article rédigé par L'Oeil du 20 heures - Isabelle Sabourault
France Télévisions

Comment faire rouler ses trains quand les contrôleurs sont en grève ? La SNCF a une botte secrète : les VAO, ou volontaires accompagnateurs occasionnels. Une brigade très discrète, composée de cadres, et payés à prix d’or pour rendre les grèves presque invisibles.

A la sortie des bureaux, impossible de savoir qui à la SNCF fait partie de cette brigade, même entre collègues le sujet est tabou. Pourtant, ils seraient plusieurs centaines de volontaires accompagnateurs occasionnels (VAO). Un dispositif discret, mais redoutablement efficace. En cas de conflit social, ils peuvent monter à bord des TGV pour remplacer les contrôleurs grévistes.

Le 9 mai, en pleine grève, 60% des contrôleurs étaient en arrêt de travail. Pourtant, neuf TGV sur dix ont circulé normalement, grâce à la mobilisation des VAO. Ils travaillent plutôt dans les bureaux, certains sont cadres dans le marketing ou la finance. Pour avoir le droit d'enfiler le costume le temps d'une grève, ils ont suivi une formation, durant sept jours afin d'être capables de gérer la sécurité d'un TGV et remplacer les contrôleurs formés eux en quatre mois.

Des rémunérations très attractives

Interrogé sous couvert d'anonymat, l'un d'eux assure que "les VAO n'agissent pas contre les grévistes, mais pour les clients". "Ce n'est pas une question d'argent, c'est un engagement. Quand on s'investit en tant que VAO, je peux vous assurer que la motivation première, ce n'est pas une motivation pécuniaire en quoi que ce soit", poursuit-il.

Selon des documents internes à la SNCF, les VAO perçoivent des primes allant de 30 à 50 euros de l'heure, contre environ 5 euros pour les contrôleurs de métier. A cela s'ajoutent parfois des primes exceptionnelles pouvant atteindre 400 euros par mission.

Une coquette somme qui fait bondir les contrôleurs, bien moins payés. Deux d'entre eux nous font la démonstration avec un Paris Nice aller-retour un dimanche et lundi férié. "Pour 15 heures de service, un VAO peut toucher 750 euros. Un contrôleur, seulement 75 euros. C'est dix fois plus", s'indigne un syndicaliste Sud Rail.

Une pratique légale, selon la SNCF

Contactée, la direction de la SNCF rappelle que le recours aux VAO est parfaitement légal, tant qu'il ne s'agit pas de personnel extérieur. "Le remplacement des salariés grévistes est encadré par le Code du travail", explique-t-elle.

"Il n’est pas interdit à l’employeur de réorganiser son activité avec ses propres salariés."

SNCF Voyageurs

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Face à cette stratégie, le syndicat Sud Rail prévoit d'adapter sa riposte : désormais, les préavis de grève seront déposés au dernier moment, cinq jours seulement avant la date de la grève, pour éviter que la direction ait le temps d'organiser son bataillon de remplaçants.

Parmi nos sources : des documents internes à la SNCF, le Code du travail.

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