Après la RATP, la SNCF : les défis qui attendent Jean Castex, proposé pour prendre la tête de la compagnie ferroviaire

Emmanuel Macron a officiellement proposé vendredi la candidature de son ex-Premier ministre pour succéder à Jean-Pierre Farandou au poste de PDG de la SNCF. Jean Castex risque de se confronter à un climat interne tendu.

Article rédigé par Raphaël Ebenstein
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Jean Castex durant le 125ème anniversaire du métro 1 à Paris en le 19 juillet 2025. (BEHROUZ MEHRI / AFP)
Jean Castex durant le 125ème anniversaire du métro 1 à Paris en le 19 juillet 2025. (BEHROUZ MEHRI / AFP)

L'actuel patron de la RATP faisait figure de grand favori pour succéder à Jean-Pierre Farandou. La nomination de Jean Castex à la tête de la SNCF, proposée vendredi 26 septembre par Emmanuel Macron, doit encore être validée par les commissions chargées des transports à l'Assemblée et au Sénat. Mais il sera tout de suite soumis "à l'épreuve du feu", résume la CGT Cheminots, premier syndicat de la SNCF, tant les sujets de crispation semblent nombreux. 

À commencer par le financement du réseau. Il repose trop, selon les syndicats, sur la seule SNCF, à hauteur de 3,5 milliards d'euros par an via un fond de concours. C'est une manière de dénoncer le fait que les concurrents sur les liaisons TGV, Trenitalia et Renfe, ne participent pas, alors qu'il manque au moins un milliard supplémentaire pour éviter sa dégradation à terme, selon les calculs de Jean-Pierre Farandou lui-même.

Les syndicats attendent aussi Jean Castex sur la question de l'emploi. Ils appellent à réhumaniser les gares et les trains et donc à embaucher. Ils entendent également parler salaires, alors que la négociation annuelle obligatoire sur le sujet est justement prévue en décembre.

La concurrence au cœur des préoccupations syndicales

Les syndicats dénoncent tous l'ouverture à la concurrence. Pour l'instant, elle reste marginale sur les liaisons à grande vitesse, seuls l'Italien Trenitalia et l'Espagnol Renfé se sont lancés. Trenitalia ne représentait ainsi en 2023 qu'à peine 1% du nombre total de passagers transportés en TGV. Sa part de marché devrait toutefois mécaniquement s'accroître avec le passage, à partir de décembre, de 9 à 14 liaisons quotidiennes sur la ligne la plus rentable de tout le réseau français, Paris-Lyon. Une menace donc moins relative pour la SNCF.

Mais c'est surtout sur l'offre conventionnée, autrement dit les TER subventionnés par les régions, que l'inquiétude est vive. La SNCF a déjà perdu l'exploitation de la ligne Marseille-Nice en Paca, attribuée à Transdev. Le groupe est aussi en passe de perdre plusieurs lignes autour de Caen, au profit d'une filiale de la RATP dirigée par Jean Castex. Un phénomène amené à s'amplifier au fur et à mesure de la mise en concurrence programmée de ces liaisons régionales. Elle s'accompagnera aussi du transfert des personnels concernés, notamment des conducteurs, et aboutira selon les syndicats à un démantèlement progressif de la SNCF.

Le bilan positif de Jean Castex à la RATP

Jean Castex a connu aussi le processus d'ouverture à la concurrence des lignes de bus à la RATP. La perte d'environ un tiers des lots de lignes de bus ces derniers mois a un peu terni son bilan, jusque-là plutôt flatteur. Jean Castex laissera malgré tout à la RATP l'image d'un homme de dialogue, qui a apaisé les relations sociales, très tendues à son arrivée fin 2022.

À son actif notamment, un accord avec les syndicats sur le temps de travail des chauffeurs de bus, une réduction de l'absentéisme, une augmentation de la régularité des lignes de métro et surtout la réussite des JO de Paris 2024.

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