"Gilets jaunes" : "Il faut que la violence s'arrête", demande Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris
Les casseurs "instrumentalisent la souffrance" des "gilets jaunes", a estimé sur franceinfo dimanche Emmanuel Grégoire.
Plus de 27 000 "gilets jaunes" se sont retrouvés samedi 20 avril, partout en France, dont 9 000 à Paris, pour une nouvelle journée de manifestations redoutée par les autorités. Si des échauffourées ont eu lieu dans la capitale, les incidents ont été globalement limités, contrairement au 16 mars dernier où les Champs-Élysées ont été saccagés. Mais cela ne suffit pas pour Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris, qui veut que maintenant "la violence s'arrête". Il appelle les "gilets jaunes" de "bonne foi" à ne plus "se rendre les instruments, parfois les complices, de ces exactions. Ça ne sert pas leur combat".
franceinfo : La nouvelle doctrine de maintien de l'ordre du nouveau préfet de police, Didier Lallement, a-t-elle porté ses fruits ?
Emmanuel Grégoire : Le niveau de dégâts est bien moindre que le 16 mars, c'est un motif de réjouissance pour tout le monde. On est en revanche un peu plus dubitatifs sur deux choses : d'une part, le choix du parcours, qui fait qu'il y a eu des incidents dans des zones où il est complexe d'intervenir pour la police, les petites rues autour de l'axe Bastille-République. D'autre part, le fait de continuer à observer des centaines de casseurs masqués, qui se sentent animés d'une impunité quasi-totale, et ce en dépit de l'efficacité des interventions et des interpellations préventives sur les abords des manifestations. Les méthodes ont fonctionné, mais on a encore assisté à une journée chaotique. Hier après-midi, tout un secteur de Paris, et pas des moindres - entre Bastille et République - a été pendant plusieurs heures soumis à rude épreuve, avec des dégâts majeurs sur l'espace public, le mobilier urbain, les commerçants. C'est surtout le sentiment de lassitude des commerçants et des Parisiens que nous voulons relayer. On ne peut pas se satisfaire de la baisse de la violence, il faut que la violence s'arrête.
Certains manifestants ont crié "suicidez-vous" aux forces de l'ordre place de la République, ça vous indigne ?
Évidemment. En démocratie, on défend la police, qui est du côté de l'ordre républicain, du côté de la défense de l'intérêt général. C'est une provocation symbolique mais absolument insupportable, dans le contexte très particulier que connaissent les forces de l'ordre. Ça démontre l'imbécilité et la manipulation dont font preuve ces groupes d'activistes. Ça montre aussi au mouvement des "gilets jaunes", et notamment à ceux qui organisent ces manifestations sur Paris, combien ils se sont retrouvés enfermés, piégés eux-mêmes. Il faut que cela cesse. On doit renouer avec des manifestations qui se passent correctement, l'État doit continuer à agir. C'est au moment des élections qu'on exprime ses convictions politiques, pas en allant brûler des voitures dans la rue. Dans l'histoire, des mouvements de ce type n'ont jamais été bénéfiques au peuple ou aux gens qui souffrent. Parmi les centaines de casseurs qui sont venus, pas un n'écoutera le président ou qui que ce soit, et ils trouveront toute occasion pour revenir casser. C'est autour que ça se joue : que les leaders des "gilets jaunes" acceptent de renouer avec le jeu de la démocratie.
Comment conjuguer la liberté de manifester et le risque d'infiltration et de violences par des groupes minoritaires ?
Il faut d'abord inverser le rapport de force psychologique : quand des individus croient qu'ils peuvent venir casser en quasi-toute impunité, ils viennent. Le jour où ils n'y croiront plus, ils ne viendront plus. Ces groupes d'anarchistes, d'extrémistes de gauche, de droite, ce n'est pas le peuple qui manifeste. Ce sont les gens qui instrumentalisent la souffrance, qui viennent éprouver le pouvoir, par pur amusement pour un certain nombre d'entre eux, par idéologie pour d'autres. Ils se cachent au milieu des autres et profitent de cette situation pour en tirer une sorte d'impunité. Ces déploiements de forces exceptionnels le samedi sont au détriment des missions habituelles. Nous-mêmes à la mairie, des moyens exceptionnels sont mobilisés préventivement et ensuite pour nettoyer. Ce sont des moyens qui détournent les services publics de leurs missions prioritaires. Après 23 samedis [de manifestations, ndlr], il faut dénouer la crise politiquement si on veut qu'elle soit résolue du point de vue de l'ordre public. On a tous un message de responsabilité à envoyer aux "gilets jaunes" de bonne foi : ils ne peuvent plus se rendre les instruments, parfois les complices, de ces exactions. Ça ne sert pas leur combat.
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