"Bonnets rouges" : pour Pierre, "les portiques écotaxe, c'est Big Brother"
Francetv info a rencontré Pierre, jeune ingénieur qui s'inquiète d'une potentielle atteinte aux libertés liée au dispositif de l'écotaxe.
Il fait "sa part de devoir civique". Pierre, frêle et discret trentenaire, est ingénieur informatique "autodidacte", prestataire dans un grand groupe français. Parisien et "même franco-italien" d'origine, il a emménagé à Rennes (Ille-et-Vilaine) il y a cinq ans. Suffisant pour se définir comme "Breton de cœur et d'adoption" et s'engager avec les "Bonnets rouges". Il ne porte pas le fameux couvre-chef, "par crainte d'une récupération politique", mais il "soutient à fond le mouvement".
"Génial, enfin la France se réveille"
"Quand j'ai vu ce qu'il se passait à Pont-de-Buis [les premières destructions de portiques écotaxe], je me suis dit : 'C'est génial, enfin la France, en tout cas la Bretagne, se réveille'", raconte le jeune homme, auteur dès le 11 mai d'une note sur ces portiques, publiée sur un site internet confidentiel. "J'ai près de chez moi un grand pont truffé de caméras", écrit-il alors, racontant s'être renseigné auprès de la gendarmerie. "Les portiques enregistrent tout ce qu'ils voient, et ils voient presque tout", ajoute-t-il. "Je crois que c'est un peu Big Brother", confie Pierre en s'appuyant sur l'exemple des "Pays-Bas, qui ont installé des trucs similaires et s'en servent aussi pour surveiller les gens".
A l'époque, il s'interroge aussi sur les liens entre la société Ecomouv', Autostrade, Thales ou encore Benetton. Il s'inquiète d'une potentielle atteinte aux libertés et flirte parfois avec les théories complotistes. En tout cas, en tant qu'ingénieur, il aimerait savoir quel type de données sont captées par les portiques, et ce que les autorités en font. Du coup, il se lance, participe à la manifestation de Quimper le 2 novembre, ainsi qu'au "blocage pacifique" du portique de Montauban-de-Bretagne, à la sortie de Rennes, la semaine suivante. "On a joué au palet breton devant la ligne de CRS, c'est dire si c'était bonne ambiance", rapporte-t-il, photo à l'appui.
"On nous impose de nouvelles taxes sournoisement"
Toujours calme, bien droit dans son pull noir zippé jusqu'au menton, Pierre, qui ne vote pas, se veut "libre penseur" et croit diagnostiquer une "société à bout de souffle dans tous les secteurs". Dans l'ordre de ses revendications : la suppression de l'écotaxe en préalable de toute autre chose. Puis une "enquête approfondie sur le contrat" passé entre l'Etat et Ecomouv'. Et enfin l'arrêt du "matraquage fiscal".
En cours de rendez-vous, il consulte sur son iPhone la petite fiche qu'il s'est concoctée, un rien angoissé d'oublier ce qu'il voulait dire, "pour une fois" que quelqu'un l'écoute. "On nous impose de nouvelles taxes sournoisement en utilisant de nobles causes comme l'écologie et la santé", lit Pierre, qui regrette "qu'on ne fasse rien sur le fond dans ces domaines-là" et "en a après tous les partis politiques confondus".
"Pas contre" une autonomie de la Bretagne
Il poursuit sa lecture : "On est revenus au temps de la dîme et de la gabelle, un Etat devenu une machine à voler l'argent des citoyens, pour le redistribuer aux grandes entreprises, via les appels d'offres, les subventions ou les allègements de charges." Cela ne le dérangerait pas de payer tous ces impôts "s'ils étaient bien utilisés". Mais là, c'est "l'ultralibéralisme" qui suit les desiderata de la "finance internationale".
Enfin, il n'est "pas contre une autonomie de la Bretagne, telle qu'en parlent beaucoup de Bretons", dont certains régionalistes avec qui il discute beaucoup sur les différents réseaux qu'il fréquente. Dans l'absolu, lui qui se sent considéré comme un "électeur" davantage que comme un "citoyen actif" préférerait une "vraie concertation nationale sur une modification de l'Etat, qui ne fonctionne plus et doit mieux impliquer le citoyen".
"Sans le mouvement des "Bonnets rouges" qui vous amène à moi, il n'y a aucun moyen de se faire écouter, ça ne marche que dans un sens", déplore Pierre, qui sera à la manifestation du 30 novembre organisée par le collectif de Christian Troadec. Il espère que le mouvement breton n'est que le début "d'une mobilisation citoyenne, pacifique et déterminée".
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