"On trouve des stratagèmes" : des salariés du privé se mobilisent avec difficulté contre la réforme des retraites
Dans certains secteurs, il est très mal vu de faire grève. Des salariés trouvent des contournements pour montrer leur désapprobation.
/2023/07/07/64a7df4c5fe71_placeholder-36b69ec8.png)
/2020/01/15/phpS4mJZr.jpg)
"On trouve des stratagèmes pour faire grève. Il y en a qui vont manifester sur leur pause déjeuner, ils rentrent travailler dans la foulée", témoigne celui que nous appellerons Célestin. Polytechnicien, cadre dans la finance, il fait partie du collectif Les Infiltrés, qui rassemble environ 300 cadres supérieurs et hauts-fonctionnaires. La semaine dernière, ce groupe a publié une tribune dans la presse, "Nous, cadres sup, aux côtés des grévistes", contre la réforme des retraites.
Si le mouvement de grève touche pour l'instant essentiellement des secteurs du public ou des entreprises publiques, des salariés du privé se mobilisent aussi, mais parfois avec difficulté. Célestin était dans la rue dès le 5 décembre contre la réforme, mais il a dû faire preuve d'imagination. "Quand il y a grève à l'école, il faut garder les enfants, ça c'est pratique, explique Célestin. Il y en a un des deux du couple qui garde les enfants et l'autre qui va manifester. Le cas le plus usuel, c'est de poser une journée de RTT, ce que moi j'ai fait, par exemple. On pose une RTT dans un simulacre de droit de grève qu'on ne peut pas avoir."
On va être vu comme un dangereux extrémiste, un hurluberlu, un fou furieux, quelqu'un qui remet en cause le système.
Célestinà franceinfo
Célestin n'informe pas son patron, parce que dans son entreprise, faire grève est mal vu. "On se met forcément en marge de l'entreprise", explique-t-il. Selon lui, cet ostracisme amène souvent à des pressions : "Cela peut aller d'un peu de condescendance à un peu de sarcasme, voire un peu de harcèlement."
"Les gens ont véritablement peur, à terme, d'être licenciés, assure le cadre. Ils ne seront pas licenciés, bien évidemment, au motif qu'ils ont fait grève, mais c'est facile de trouver des motifs de licenciement, il ne faut pas se voiler la face."
"Logique individualiste"
Mais si les salariés du privé ont beaucoup de mal à se mettre en grève pour rejoindre les cortèges, c'est aussi parce que, selon Célestin, ces entreprises manquent d'esprit collectif. "Les gens sont dans une logique individualiste, par souci de se protéger eux-mêmes."
On est dans des environnements qui sont extrêmement peu syndiqués, donc les gens sont peu protégés, assez isolés.
Célestinà franceinfo
"Pour qu'un mouvement prenne de l'ampleur, il faudrait qu'on y aille en masse, estime Célestin. On est dans les cortèges, mais on ne peut pas le faire officiellement. Véritablement, la pression est extrêmement importante. En tous cas, dans le milieu privé dans lequel je suis, ça ne se fait pas comme ça en claquant des doigts." En attendant, toutes les fois où il ne peut pas aller manifester, Célestin donne sa journée de salaire à une caisse de grève.
À regarder
-
Nouvelle-Calédonie : 50 détenus attaquent l'État en justice
-
La langue des signes est-elle en train de mourir ?
-
Ils crient tous ensemble (et c'est ok)
-
Obligée de payer une pension à sa mère maltraitante
-
Maison Blanche : Donald Trump s'offre une salle de bal
-
Musée du Louvre : de nouvelles images du cambriolage
-
Traverser ou scroller, il faut choisir
-
Manuel Valls ne veut pas vivre avec des regrets
-
Nicolas Sarkozy : protégé par des policiers en prison
-
Piétons zombies : les dangers du téléphone
-
Tempête "Benjamin" : des annulations de trains en cascade
-
Femme séquestrée : enfermée 5 ans dans un garage
-
Vaccin anti-Covid et cancer, le retour des antivax
-
A 14 ans, il a créé son propre pays
-
Ils piratent Pronote et finissent en prison
-
Aéroports régionaux : argent public pour jets privés
-
Bali : des inondations liées au surtourisme
-
Cambriolage au Louvre : une nacelle au cœur de l'enquête
-
Alpinisme : exploit français dans l'Himalaya
-
Un objet percute un Boeing 737 et blesse un pilote
-
Cambriolage au Louvre : où en est l'enquête ?
-
Jean-Yves Le Drian défend l'image de la France
-
Chine : 16 000 drones dans le ciel, un nouveau record du monde
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
-
Emmanuel Macron sème la confusion sur la réforme des retraites
-
Tornade meurtrière : scènes d'apocalypse dans le Val-d'Oise
-
Nicolas Sarkozy : premier jour en prison
-
La lutte sans relâche contre les chauffards
-
L'OMS alerte sur la résistances aux antibiotiques
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter