Quand vieillir rime avec changement et adaptation

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Article rédigé par France 2 - R. Legendre-Trousset, A. François-Poncet, T. Guéry, B. Bervas. Édité par l'agence 6Medias
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A 95 ans, Monette quitte sa maison pour un Ehpad à quelques kilomètres de chez elle. Avec l’aide de sa belle-fille, elle entame une nouvelle vie entre démarches administratives, souvenirs et découvertes, tout en préservant les liens familiaux et le quotidien qu’elle a toujours construit.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Simone Odegaard ne part pas en voyage. À 95 ans, Monette, comme elle aime qu'on l'appelle, s'apprête, avec l'aide de sa belle-fille, à entrer en maison de retraite. À trois kilomètres de chez elle. "Je suis presque contente, si vous voulez. Pour moi, c'est une chance. Si j'étais partie loin, là, ça aurait été plus difficile", confie-t-elle.

Une décision pour elle… et pour sa belle-fille

Depuis la mort de son fils unique, il y a quatre ans, c’est sa belle-fille Catherine qui s’occupe d’elle. À plus de 70 ans, Catherine gère toutes les courses et les repas, car sa belle-mère perd la vue et parfois l’équilibre. Ce choix d’entrer en maison de retraite, Monette le fait autant pour elle-même que pour sa belle-fille : "Ce n’est pas son travail. Il faut qu’elle ait sa vie", explique Monette.

Catherine, quant à elle, consacre son énergie au quotidien de Monette depuis la disparition de son mari, un engagement qui l’a privée de sa propre vie pendant plusieurs années.

Le grand départ

Après six mois d’attente, elles apprennent enfin qu’une place s’est libérée à l’Ehpad de Cordes-sur-Ciel, dans le Tarn. Il faut choisir les meubles et les tableaux pour décorer la future chambre, et signer de nombreux documents pour préparer l’avenir. Le consentement du résident est indispensable. Après une courte nuit, il est temps pour Monette de quitter son cher jardin et sa maison, où elle a vécu pendant 18 ans. Juste un au revoir, car Catherine souhaite l’y ramener le plus souvent possible.

À peine arrivée, elle découvre ses meubles et ses tableaux préférés. Pas le temps de s’ennuyer : le personnel vient se présenter, et Monette fait ses premiers pas hésitants dans ce nouvel univers.

Des défis financiers et administratifs

Tandis que les vêtements sont soigneusement étiquetés, Catherine finalise le dossier administratif. Monette n’a pas de patrimoine et touche 1 400 euros de pension, alors que les frais d’hébergement s’élèvent à 2 300 euros par mois. Une demande d’aide sociale auprès du département est nécessaire, et Catherine pourrait avoir à régler une partie des frais."Pour que le département se prononce sur l’aide qu’il va apporter, il faut d’abord qu’il aille voir ce qu’il y a chez les obligés alimentaires. Sachant que désormais, ce sont uniquement les enfants. Donc vous, parce que vous êtes l’épouse de l’enfant", explique une membre de l’établissement. Une obligation alimentaire difficile à entendre pour certaines familles.

Des parcours différents, mais la même réalité

Pour Catherine et Monette, une nouvelle vie commence. L’une sans l’autre, mais avec des visites régulières et beaucoup de soins. D’autres familles, en revanche, n’ont pas de temps pour se préparer. En Haute-Vienne, Guy a dû placer sa belle-mère en Ehpad après une mauvaise chute. En quelques heures, elle a dû quitter sa maison, laissant tout derrière elle. Les démarches administratives et les conséquences émotionnelles se sont révélées particulièrement lourdes.

Plusieurs mois de recherche et cinq établissements sollicités avant d’obtenir une place à Cussac, le premier choix de la famille. La proximité, la qualité de prise en charge et le financement ont été déterminants. La belle-mère de Guy y est installée depuis quinze jours et dispose d’économies et d’une assurance-vie pour financer son séjour, soulageant ainsi son gendre de 71 ans. "Je me dis que les gens qui ont 70 ans, qui s’occupent encore de leurs parents, quid de l’avenir pour eux ? Parce qu’ils s’usent aussi beaucoup. C’est la première génération qui s’est occupée de ses parents, qui s’est occupée de ses enfants et de ses petits-enfants", explique un membre de l’établissement.

Une nouvelle vie à construire

Dans le Tarn, Monette vit depuis plus d’un mois et demi dans sa maison de retraite. La vie en collectivité lui pèse un peu, mais elle garde le moral. Le département n’a pas encore répondu à sa demande d’aide sociale, mais Catherine passe chaque jour la voir, rassurée par la présence des soignants.

Des animations sont prévues pour aider Monette à se familiariser avec les autres résidents. Quant à Catherine, elle espère pouvoir profiter bientôt de quelques précieux jours de vacances, rassurée que sa belle-mère est entre de bonnes mains.

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