Fin du dispositif Pinel : "C'est une bombe sociale qui nous attend" parce que "cela aura un effet négatif sur la production de logements", craint l'ex-ministre socialiste Sylvia Pinel
Le gouvernement détaille ce lundi son plan face à la crise du logement. La fin du dispositif Pinel a déjà été annoncée pour la fin de l'année prochaine. "Il est à craindre que les Françaises et les Français se détournent de l'investissement immobilier", selon Sylvia Pinel, ancienne ministre du Logement.
"Ces annonces ont été dictées par le ministre de l'Economie qui est en recherche d'économies budgétaires. Mais c'est une bombe sociale qui nous attend", craint lundi 5 juin sur franceinfo Sylvia Pinel, ex-ministre du Logement de François Hollande alors que le dispositif Pinel, qui permet aux propriétaires de logements neufs de bénéficier de réductions d'impôts, sera supprimé par le gouvernement à la fin de l'année prochaine.
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"Cela aura un effet négatif sur la production de logements", ajoute-t-elle. Le gouvernement présente en effet 200 mesures issues du Conseil national de la refondation (CNR) pour faire face à la crise du logement et aux difficultés pour les particuliers à accéder à la propriété. "Depuis six ans, le gouvernement n'a pas considéré que le secteur du logement et de la construction étaient une priorité", fustige Sylvia Pinel.
franceinfo : Le gouvernement se trompe-t-il en supprimant le dispositif qui porte votre nom ?
Sylvia Pinel : Ce n'est pas uniquement un dispositif qui permet d'avoir des réductions d'impôt. Il était corrélé à des plafonds de loyers, des plafonds de ressources et à une tension du marché. Et aujourd'hui, finalement, sans regarder ce que l'on pourrait améliorer, paramétrer d'une autre manière pour que cela soit efficace, on décide purement et simplement de supprimer un dispositif de logement intermédiaire. C'est assez paradoxal quand on entend le ministre du Logement dire qu'il faut du logement intermédiaire. Donc il est à craindre que les Françaises et les Français se détournent de l'investissement immobilier et cela aura mécaniquement un effet négatif sur la production de logements et la crise du logement que nous connaissons et qui va s'accélérer.
Le fait est que les statistiques sont déjà à la baisse. Si on regarde les logements neufs, 25 % de mises en vente en moins au premier trimestre, c'est difficile de toujours aller vers davantage de croissance...
Je pense que depuis maintenant six ans, le gouvernement n'a pas considéré que le secteur du logement et de la construction étaient une priorité et la situation s'est dégradée. En plus, quand on regarde le contexte actuel avec la remontée des taux d'intérêts, avec la question du coût des matières premières, tout ça accumulé crée un contexte extrêmement dangereux et préoccupant pour les Françaises et les Français qui n'arrivent pas à se loger, mais aussi pour tous les acteurs de la filière. Et on connaît les effets d'entraînement sur notre économie en général, du secteur de la construction. On peut penser que finalement, ces annonces ont été dictées par le ministre de l'Economie qui est en recherche d'économies budgétaires et de restrictions sur le budget du logement. Mais c'est une bombe sociale qui nous attend.
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Faire racheter aux promoteurs 50 000 logements non vendus par la Caisse des dépôts et Action logement, ça, ce n'est pas une mesure d'accompagnement suffisante à vos yeux ?
Ce n'est pas suffisant. Parce que quand vous supprimez le dispositif d'investissement Pinel qui permettait aux investisseurs privés, d'investir dans la pierre et de loger des classes moyennes, ce ne sont pas les 50 000 logements qui vont être rachetés qui vont compléter ceux que produisait la promotion immobilière. Le compte n'y est pas. On va manquer de beaucoup de logements pour les Françaises et les Français. C'est une spirale infernale, c'est très dangereux pour l'accès au logement, pour toutes ces personnes qui sont en attente d'un logement, mais aussi pour les ménages qui souhaitaient devenir propriétaires.
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