La présidente-directrice générale de Radio France, Sibyle Veil, annonce "une bascule stratégique"

La présidente-directrice générale de Radio France, Sibyle Veil, a réuni lundi matin les salariés de Radio France pour faire un point sur la stratégie du groupe public, dans un contexte financier difficile. Dans une lettre adressée ensuite à l'ensemble des salariés lundi, elle évoque "un moment de bascule" avec une trajectoire budgétaire à la baisse : "Pour 2025, la différence entre ce que nous attendions et ce que nous aurons est de 23,9 millions d'euros". Elle ajoute que "cette tendance aux fortes économies risque de se poursuivre dans les prochaines années". Elle pointe en parallèle "le recul lent de l'écoute linéaire de la radio" ainsi que "l'accélaration de la transition numérique des usages" dans le secteur.

Dans ce contexte-là, elle assure ne pas mener "une politique de rabot général" pour ne pas être dans "une dynamique de repli", mais assume des "des choix francs" pour maintenir un "audiovisuel public fort". Il s'agit de trouver "un équilibre entre ambition et sobriété", écrit-elle.

Sibyle Veil aborde plusieurs "projets d'avenir", à commencer par un changement de stratégie vis-à-vis de la jeunesse. Les moins de 25 ans écoutent de moins en moins la radio : "En 10 ans, le média radio a perdu deux millions d'auditeurs de moins de 25 ans, avec une forte accélération dans les cinq dernières années. Ils sont aujourd'hui à peine plus de 50% à écouter la radio tous les jours", souligne-t-elle.

A rebours du marché, Radio France a gagné dans les 10 dernières années plus de 400 000 auditeurs de moins de 25 ans. Près de la moitié s'est dirigée vers France Inter, 150 000 vers franceinfo et 120 000 vers France Culture. France Inter se positionne au 3e rang des radios sur les moins de 25 ans. "Les marques radio les plus fortes de Radio France doivent porter directement la stratégie jeunesse de Radio France, en continuant de moderniser leurs formats, leurs incarnations et leur distribution notamment sur les réseaux sociaux", indique Sibyle Veil. Ajoutant que la chaîne jeune du groupe, Mouv' doit elle "se repositionner" sur le numérique. Ainsi, "à compter de la prochaine rentrée radio, Mouv' a vocation à se centrer sur une offre 100% musicale 100% digitale".

Une radio dédiée aux enfants

La PDG souhaite également créer la première radio enfants de service public en France. L'ambition est de "développer l'écoute chez les enfants", pour créer un "réflexe et un goût de l'écoute chez les prochaines générations". "Les équipes de France Inter, en pointe sur les contenus jeunesse depuis 2018, ont été missionnées pour y travailler", développe-t-elle. "La création d'une chaîne - diffusée en DAB+ qui est à la fois l'avenir de la radio et un mode d'écoute sans écran pour les enfants - permettra de mieux exposer la très belle offre de contenus enfants dont nous disposons déjà (près de 4 000 programmes) sans générer de forts surcoûts puisqu'il s'agit de diffuser plus ce que l'on produit déjà". Il faudra pour cela "renégocier des droits de rediffusion et de multidiffusion que nous serons amenés à ouvrir".

"Fip illimitée"

"Les derniers chiffres laissent à penser que près de 20% des nouveaux morceaux arrivant sur les plateformes de streaming sont générés par de l'Intelligence artificielle : de la musique sans créateurs, sans artistes, à laquelle le service public doit constituer une alternative", plaide-t-elle. "Nous avons le projet de concevoir une nouvelle offre globale autour de nos webradios" et donc "nous créerons Fip illimitée !, une nouvelle destination d'écoute de la musique en ligne, 100% gratuite, 100% prescriptrice, 100% humaine."

Elle explique également dans ce courrier, la nécessité de "mettre à jour les modes de diffusion en redéployant le hertzien pour une meilleure couverture de l'information et de développer l'usage du DAB+ par la musique".

Développer l'Agence Radio France

Sibyle Veil rappelle également "les grands axes" du projet stratégique, avec notamment le développement de l'Agence Radio France "au bénéfice de toutes les antennes" et notamment en renforçant "son action en matière de lutte contre la désinformation" et en portant "l'éditorialisation de l'information sur la plateforme Radio France". L'Agence Radio France devra également poursuivre son travail "indispensable de vérification et de certification de l'information", dans un contexte où "les tensions géopolitiques se sont intensifiées" et où elles "propulsent le monde dans une nouvelle ère de guerre informationnelle".

Enfin, la PDG salue les "efforts importants" effectués par les salariés de Radio France ces dernières années.