"Intervilles, c'est notre Ligue des champions" : 63 ans après ses débuts, l'émission reste une "incroyable vitrine" pour les villes participantes
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Sans les célèbres vachettes, l'émission est de retour jeudi soir, sur France 2. Le premier duel oppose Beauvais (Oise) à Coulanges-lès-Nevers (Nièvre).
Jusqu'au bout, la vidéo devait rester secrète. Une poignée d'élus étaient dans la confidence avec Monsieur le maire. Et c'est à peu près tout. "C'est un défi de faire entrer en une minute et trente secondes tous les atouts d'un territoire", souffle Dorothée Rulence, la directrice adjointe chargée de l'événementiel à la mairie de Beauvais, également dans le coup. "Mais je crois qu'on a réussi à le faire. J'espère en tout cas que les téléspectateurs auront envie de venir chez nous par la suite."
Après douze ans d'absence, le jeu "Intervilles" fait son grand retour à la télévision. Et avec lui, les fameux clips promotionnels des villes participantes, diffusés pendant l'émission, entre deux épreuves. La préfecture de l'Oise, qui ouvre le bal de cette nouvelle saison, jeudi 3 juillet, sur France 2, a donc dû peser, soupeser, sou-soupeser chaque image de son mini-film pour montrer la ville sous son meilleur jour : "Dynamique, attractive, où il fait bon vivre". Bref, "une ville qui n'est pas seulement un aéroport".
C'est ainsi : soixante-trois ans après sa création, l'émission culte imaginée par le général de Gaulle lui-même reste "une incroyable vitrine". "Le temps d'une soirée, vous allez toucher plusieurs millions de personnes, qui pourraient avoir envie de faire du tourisme dans votre région, voire de s'y installer pour travailler", assure-t-on dans l'entourage du maire de Beauvais. "Alors, quand la production nous a sollicités pour ressusciter 'Intervilles', on ne s'est pas posé de question : c'était un grand oui !" Et voilà 145 000 euros (sur un budget annuel de 100 millions) "bien investis", défend-on dans les couloirs de la mairie.
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Coulanges-lès-Nevers, qui se dressera sur sa route jeudi soir, n'a pas hésité non plus. "En termes d'exposition, c'est extra", savoure déjà Johan Boulet, le responsable événementiel de cette commune de 4 000 habitants dans la Nièvre. "Franchement, qui savait nous placer sur une carte jusque-là ? Pas grand monde. Et après l'émission, qui pourra le faire ? Beaucoup plus. 'Intervilles', ça va au-delà d'une épreuve sportive. Cela permet à des régions comme la nôtre d'exister, au moins le temps d'une soirée. Le seul fait de participer, c'est comme avoir notre étoile de la Ligue des champions sur notre maillot." Les 27 000 euros de budget spécialement alloués ne pèseront pas si lourd puisqu'une large part est prise en charge par des partenaires privés, selon les informations de franceinfo.
"Le Saint-Amand d''Intervilles' ?"
Beauvais, Dax, Port-Barcarès, Mont-de-Marsan, Le Cannet, Vannes... Voilà des villes qui fleurent bon la vachette (désormais absente), l'ambiance fête de village, Guy Lux et Shanana, le célèbre hymne de l'émission. Dans les années 1980 et 1990, elle enchaînait les cartons d'audience, rassemblant huit, parfois neuf millions de téléspectateurs devant leur écran.
Des années plus tard, une anecdote fait d'ailleurs toujours sourire Philippe Crombez. "Un jour, en vacances à l'autre bout de la France, je sympathise avec un habitant du coin. Quand je lui ai annoncé que je venais de Saint-Amand-les-Eaux, il m'a dit : 'Saint-Amand, Saint-Amand, Saint-Amand... Le Saint-Amand d''Intervilles' ?'", raconte, amusé, le responsable du milieu associatif à la mairie de la cité du Nord. "On a une sublime tour abbatiale, on a de sublimes thermes... Mais non, c'est à 'Intervilles' que ce monsieur a tout de suite pensé ! Il me disait qu'il nous voyait souvent à la télé l'été."
"Souvent" ? Euphémisme... Saint-Amand-les-Eaux peut se targuer d'avoir un palmarès long comme une queue de vachette. Sept participations, dont la toute première en 1962, puis 1990, 1995, 2004, 2005, 2008 et 2013. La ville a survécu à Guy Lux, Simone Garnier, Léon Zitrone, Claude Savarit, Jean-Pierre Foucault, Fabrice, Nathalie Simon, Olivier Chiabodo, et maintenant Nagui, entre autres animateurs vedettes.
"J'avais 7 ans en 1962, lors de la toute première édition. Je me revois encore devant ma télé en noir et blanc à regarder la tour de Saint-Amand."
Philippe Crombez, responsable du milieu associatif à la mairie de Saint-Amand-les-Eauxà franceinfo
Pour sa huitième participation, le 17 juillet, contre le voisin de Wallers-Arenberg, Saint-Amand part avec l'étiquette de champion sortant. Le bouclier est d'ailleurs exposé dans l'Historial de la ville, juste à côté des dernières pièces de l'industrie textile qui a longtemps fait les beaux jours économiques de la région. "C'est assez fou, notre collection 'Intervilles' fait beaucoup réagir les visiteurs", s'exclame Françoise Ricco, la documentaliste du musée. "Ils s'arrêtent devant les photos, et ça leur rappelle des souvenirs. Ils s'assoient, discutent entre eux, c'est un sujet de conversation qui crée des liens, quelle que soit la région dont vous êtes originaire."
C'est tout ? Pas tout à fait. L'émission a même droit à son avenue, 500 mètres de chaussée coincés entre la rue du 18-Juin-1940 et la rue de Nivelle. Une soif ? Une faim ? Le bar "L'Interville" vous accueille pile sur la grand-place. La légende veut que le café ait été rebaptisé ainsi parce que les présentateurs y passaient beaucoup de temps.
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De toute évidence, mieux vaut aimer "Intervilles" si vous aspirez à devenir maire de Saint-Amand-les-Eaux. Georges Donnez, alias "Jojo", édile de 1953 à 1995, y a même participé comme candidat. Son successeur, le communiste Alain Bocquet, aura reçu l'émission à trois reprises pendant ses trente ans de mandat. Et le 17 juillet, c'est un certain Fabien Roussel qui prendra place en tribunes. "Mon agenda est déjà bloqué ce soir-là", confirme le numéro un du PCF, et désormais maire de la cité du Nord. "Ma place est évidemment dans les gradins. J'ai même participé aux sélections des candidats qui vont défendre nos couleurs. 'Intervilles', ce sont nos JO à nous, c'est sérieux."
Jeudi soir, son homologue de Beauvais, Franck Pia, prendra lui aussi place dans les tribunes. Possible, d'ailleurs, qu'il prenne la parole, en direct, devant les caméras. "On ne va pas se cacher, 'Intervilles' à la maison, ce n'est que du positif, glisse-t-on dans son entourage. Sans forcément s'en servir comme un argument politique, ça reste bon pour son image auprès de la population. Et s'il y a une victoire au bout, c'est encore mieux." Indice en bas de votre écran : les municipales approchent, l'intéressé est candidat à sa réélection.
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