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Inflation : "On ne retrouvera pas les prix d'avant-crise", prévient l’OFCE

L'inflation ralentit en octobre, mais elle atteint toujours 4% sur un an, selon les chiffres de l'Insee.

Article rédigé par franceinfo
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Un caddie vide dans un rayon de supermarché. (DENIS CHARLET / AFP)
Un caddie vide dans un rayon de supermarché. (DENIS CHARLET / AFP)

"Les prix ne baissent pas", réagit mardi 31 octobre sur franceinfo Éric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l’Observatoire Français des Conjonctures Économiques de Sciences Po (OFCE). D'après l'Insee, l'inflation ralentit en octobre, mais elle atteint toujours 4% sur un an après 4,9% en septembre. "On ne retrouvera pas les prix d'avant-crise", prévient l'économiste. La croissance se maintient quant à elle au troisième trimestre, avec une augmentation du PIB de 0,1%. L'Insee prévoit une croissance de près de 1% sur un an. "Si vous avez de l’inflation des prix, mais pas des revenus, vous ne pouvez pas avoir de croissance économique", explique Éric Heyer .

Franceinfo : Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire se félicite du ralentissement de l'inflation : "Nous sommes en train de sortir de la crise inflationniste", a-t-il dit. A-t-il raison ?

Éric Heyer : L'inflation diminue en effet. Les deux moteurs de cette sur-inflation, l'énergie et l'alimentation, sont petit à petit en train de se calmer. Il faut tout de même rester vigilant avec les événements au Proche-Orient. Dans l'état actuel du conflit, ça ne devrait pas avoir de répercussions sur les prix du baril. Mais on ne retrouvera jamais les prix d'avant-crise, ça c'est une évidence, ou du moins pas avant la fin 2024. Personne ne remarque une déflation : les prix ne baissent pas. Ce n'est pas grave d'avoir cette marche d'escalier sur les prix, tant qu'il y a la même sur les revenus, sinon il y a une perte de pouvoir d'achat. Or, les salaires ont progressé moins vite que les prix depuis deux ans et demi. Il va falloir que les salaires progressent maintenant plus vite que les prix. C'est tout l'enjeu des trimestres à venir.

Peut-on imaginer une augmentation des salaires dans les mois à venir ?

Il y a des difficultés de recrutement en France en ce moment donc avec ce rapport de force, il devrait y avoir potentiellement une augmentation des salaires. Les marges des entreprises sont à un niveau très élevées en ce moment, comme le montrent les derniers indicateurs économiques de l'Insee. Dans beaucoup de secteurs, les marges sont largement au-dessus du niveau d'avant-crise. Les entreprises pourraient utiliser une partie de ces marges supplémentaires pour augmenter les salaires, sans avoir à augmenter les prix. Ce serait la façon la plus vertueuse de faire.

À 0,1% de croissance au dernier trimestre, peut-on vraiment parler d'une croissance économique ?

C'est une croissance molle, mais c'est tout de même une croissance économique. Mais ce ne sera pas suffisant malheureusement pour créer des emplois. Si vous avez de l’inflation des prix mais pas des revenus, vous ne pouvez pas avoir de croissance économique. Avec le ralentissement de l'activité et avec des destructions d'emploi, ce ralentissement économique va calmer l'inflation. On va réussir à lutter contre l'inflation, mais en provoquant quand même une hausse du chômage.

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